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jeudi 2 avril 2020

Le scandale des masques !







À l’heure où on nous claironne qu’un gigantesque pont aérien est mis en place entre la France et la Chine pour approvisionner en masques, on apprend que jusqu’en 2018 existait, en France, une fort belle usine capable de fabriquer des masques en quantité… industrielle : 200 millions pour l’épidémie de H1N1, en 2009, par exemple. 

C’est même dans cette usine que le désormais fameux masque FFP2 pliable a été mis au point.

Cette usine se trouvait en Bretagne, près de Saint-Brieuc, à Plaintel.
Elle appartenait au groupe américain Honeywell et elle était, paraît-il, rentable. Ironie de l’histoire, elle exportait ses masques au Japon, en Corée, aux États-Unis.
Seulement voilà, l’estimant insuffisamment rentable, les Américains on décidé de la fermer en 2018. La fermer, pas la déménager, puisque les huit machines ont été impitoyablement broyées à la déchetterie voisine.
Honeywell n’en était pas à son « coup d’essai » puisque ce groupe avait déjà fermé son usine de Condé-sur-Noireau (323 salariés licenciés), alors 38 de plus ou de moins…
Pour mémoire, quand Honeywell avait racheté l’usine en 2010, elle comptait 400 salariés.
Une belle histoire d’investissement direct étranger dans ce beau pays de France, si attractif.
L’affaire serait d’une affligeante banalité s’il ne s’agissait pas d’un secteur d’activité aussi stratégique sanitairement parlant.
Ainsi donc, on pallie ce massacre industriel en commandant des masques à la Chine.
C’est Geodis qui s’est vue attribuer ce fort juteux marché de transport aérien : des navettes Shanghai/Paris pendant quatorze semaines à raison de deux voyages par semaine.
Geodis appartient au groupe SNCF.
Mais là aussi, il y a un hic !
La France ne dispose pas des avions-cargos nécessaires pour de tels tonnages.
C’est un problème bien connu dans l’armée française, mais c’est « une autre histoire ».
Alors il est fait appel à l’Antonov 124, le monstre de construction russe habituellement utilisé par l’armée française.
Seules deux entreprises possèdent de tels appareils : une société ukrainienne et une société russe !
Encore un bel exemple d’indépendance nationale.

Le marché de l’affrètement de ces avions est particulièrement opaque et fait l’objet de nombreuses enquêtes impliquant directement l’armée.
Il est difficile d’avoir une idée précise du coût de ce pont aérien, mais des ordres de grandeur.

Un Antonov 124 se loue entre 26.000 et 86.000 euros l’heure de vol.
Si on retient un chiffre bas de 30.000 euros/h, sachant qu’un aller Shanghai/Paris dure environ 10 heures, donc 20 heures pour un A/R, un calcul simple montre que la seule location des appareils coûte 17 millions d’euros, sans parler des autres frais, ni de la marge de Geodis…
Quant au bilan carbone, avec ses 260.000 litres de kérosène et ses quatre monstrueux réacteurs, il vaut mieux ne pas le calculer, inutile de se faire peur.

Rappelons simplement, pour mémoire, qu’un transport aérien est 1.500 fois plus polluant qu’un trajet en train.
Et, au fait, qui était ministre de l’Industrie, en 2018 ?

Un certain Bruno Le Maire, lui qui veut nationaliser tout cela après avoir bradé l’industrie française.

Plus que jamais revient en mémoire la célèbre formule d’Edgar Faure : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent. »

 Patrick Robert

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