Le 11/01/2020
Loin de moi l’envie de prendre part au débat sur « Qui est dans son droit entre les Iraniens et les Américains ».
En matière de politique internationale, chaque État défend ses intérêts, et la morale, le bon droit de chacun passent souvent à la trappe – sauf pour servir de prétexte et camoufler ses réelles motivations.
Je me borne à ce constat : depuis une semaine, tous les médias parlent de Trump comme d’un irresponsable, l’incarnation du Dr Folamour, un gaffeur compulsif et impulsif, bref, quelqu’un qui n’est pas digne de loger à la Maison-Blanche, un danger pour la paix mondiale.
Et que voit-on, au bout d’une semaine :
– que la riposte des Iraniens a été, somme toute, symbolique, de pure forme. On les sent peu tentés par une escalade ;
– que la Russie est gênée aux entournures, et qu’au-delà des discours de circonstance, elle ne semble absolument pas décidée à voler au secours de son principal allié dans la région ;
– que Trump est en train d’avancer ses pions, d’éliminer les dangers potentiels au Proche-Orient, tout en sondant ce que ses adversaires ont réellement dans les tripes ;
– qu’après avoir jaugé le rapport de force, Trump joue un certain apaisement.
Comme, d’ailleurs, Téhéran : la guerre mondiale, ce n’est pas pour maintenant…
Mais c’est l’Iran qui semble se coucher, pas Washington ;
– que Trump montre à ses adversaires qu’il ne se contentera pas d’un statu quo fondé sur la menace de l’escalade : dans ce jeu de poker, il montre que ce n’est pas la peur qui conditionne son action et, ce faisant, il en impose aux ennemis des États-Unis.
Il joue ce qu’on appelle, en géopolitique, le rapport « du fou au fort », mais à contre-emploi.
Il parvient à s’approprier le caractère imprévisible, inattendu et irrationnel qui est d’ordinaire la force principale des mouvements terroristes : il fallait tout de même le faire !
En éliminant Souleimani, Trump se débarrasse d’un poison qui alimente le terrorisme contre Israël.
Il montre aussi qu’il ne reculera pas sur la question du nucléaire iranien.
Bref, il fait avancer les causes défendues par son pays dans la région, qu’on les approuve ou non.
En réalité, si l’on accepte de se détacher des apparences, Trump semble, pour le coup, un stratège patenté.
Sans que personne n’ose le dise, parmi les experts autorisés à s’exprimer.
Et gageons qu’à la prochaine, les mêmes répéteront les sempiternels refrains sur le cas psychiatrique de Trump et sa prétendue incompétence, sur tous les plateaux télé… sans que jamais personne ne leur fasse remarquer qu’ils se trompent à chaque fois.
Olivier Piacentini
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