« On dirait une marche blanche » ! J’ai été frappé par cette remarque d’une étudiante alors que nous regardions par la fenêtre défiler la « manifestation », jeudi dernier, au Havre.
Certes, il y avait beaucoup, beaucoup de monde, mais des gens qui défilaient la tête basse, avec peu de banderoles, peu de slogans, quasiment sans un mot.
Bien sûr, comme à l’accoutumée, les dockers ont mis un peu d’ambiance avec leurs tambours en tête de cortège et les pétards qui résonnaient dans l’avenue, mais on sentait bien que « le cœur n’y était plus ».
Arrivé place de l’Hôtel-de-Ville, le cortège s’est peu à peu éparpillé dans les rues de la ville, sans un discours quelconque, sans rien.
D’habitude, les dockers font un barbecue.
Les manifestations au Havre ont ceci de tout à fait particulier que, la discipline y étant maintenue avec une remarquable efficacité par la CGT, point n’est besoin de forces de l’ordre !
Et seuls quelques motards quasiment en tenue d’apparat ouvrent le cortège.
Il est vrai que si un Black Bloc avait l’idée saugrenue de se pointer, il y a fort à parier qu’il irait vite prendre un bain dans le bassin Vauban…
Une sorte de marche blanche, effectivement, une sorte de « défilé du 14 Juillet » païen qui se répète régulièrement pour attester de la mort de « quelque chose ».
La mort de la République, la mort de l’esprit de lutte, la mort de l’esprit gaulois, la mort de la France.
Et un étonnant contraste entre la réalité des « manifestations » dans cette ville pourtant de tradition syndicaliste forte et les images de violence qu’on nous montre dans les autres villes…
Je suis de plus en plus convaincu que « Macron a réussi son coup » : encore plus fort que « casser le pays », il a réussi à déprimer profondément « son peuple », surtout dans les territoires.
La dépression, chacun le sait, se traduit soit par le repli sur soi et le refuge dans sa bulle soit par la violence.
C’est clairement ce à quoi on assiste.
Dans une récente interview à Valeurs actuelles (qui eût cru le lire un jour dans un tel journal), Michel Onfray fait la même analyse que bon nombre d’observateurs.
Après avoir méprisé le mouvement des gilets jaunes (« ceux qui ne sont rien », « il n’y a qu’à traverser la rue »), Macron a cru pouvoir « calmer la populace » en sortant la valise de billets et les jetant au peuple.
C’est la pire erreur qu’il ait commise, c’est le mépris ultime.
Un mépris encore accentué dans ses vœux d’une violence incroyable derrière une mièvrerie de façade.
Alors, il s’est tourné vers les syndicats.
C’est commode, les syndicats, c’est prévisible et cela peut servir de « bouc émissaire » au mécontentement grandissant.
Un mécontentement dont ni les gouvernants ni les syndicats n’ont que faire, puisqu’ils sont exclusivement préoccupés, comme le dit Michel Onfray, par le maintien de leurs privilèges et leurs prébendes.
Cette réforme des retraites est inutile et impossible telle qu’elle semble s’orienter actuellement.
Les deux vrais et seuls problèmes, chacun le sait, c’est l’emploi des seniors et le chômage.
Le reste, ce n’est que de l’idéologie.
Patrick Robert
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