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samedi 11 janvier 2020

Diversions/Divisions

 
 
L’image contient peut-être : une personne ou plus, terrain de basketball et intérieur

Anne-Sophie Chazaud

Ce qu’il y a de bien, en Macronie, c’est que le spectacle du morcellement de la société où des portions entières de la population sont délibérément dressées les unes contre les autres par le cynisme du pouvoir, ne déçoit jamais, ne s’arrête jamais.

 Nous avions eu la séquence si symptomale et abominable de l’attaque des pompiers par des policiers, qui avait beaucoup marqué les esprits en raison du dévouement et de la popularité des premiers.

 Hier nous avons eu la répression -grotesque- des gendarmes contre les avocats, répression par ailleurs encouragée directement par la haute administration judiciaire et les propos de Nicole Belloubet signifiant aux avocats qu’ils n’étaient pas au Palais dans leur maison (et la Dame s’y connaît bien en maisons, elle qui oublie d’en déclarer toute une ribambelle dans son patrimoine).
Le Syndicat de la Magistrature qui n’avait pas (ou si peu) levé le petit doigt contre la répression délirante à laquelle la justice s’est prêtée de bon coeur contre les gilets jaunes, s’est donc indigné hier de ce que cette répression aux méthodes assez révoltantes s’abatte à présent contre les acteurs du monde judiciaire.
Syndrome toujours comique de l’arroseur arrosé.
Nous les avions prévenus, pourtant, que ce qui est cédé en termes de libertés fondamentales et dont ils avaient la garde contre les uns finit toujours par s’abattre sur ceux qui collaboraient dans l’espoir vain de se tenir à l’abri.
Ils se croyaient à l’abri, sans doute à la faveur d’une illusoire convergence idéologique tournée contre le populo.
Pas de pot, on finit toujours par être le prolo de quelqu’un d’autre.

Le monde judiciaire l’apprend à ses dépens.
Pendant ce temps, circulent des images de plus en plus répugnantes des méthodes de répression particulièrement violente employées cette semaine contre les populations en révolte.
Ces images deviennent insoutenables, infirmière brutalisée au sol, femme projetée par terre gratuitement par un croche-pied vicieux, tir de LBD à bout portant, journalistes agressés, attaques subites d’un cortège pacifique, rien ne manque, tout cela pendant qu’un hebdomadaire macro-complaisant (Le Point en l’occurrence) explique doctement qu’un livreur perclus d’amendes et décédé suite à l’intervention policière dont il a fait l’objet n’avait plus de permis (oui, un livreur à Paris ne passe pas sa vie devant un ordinateur, il prend des amendes et perd des points, surtout quand il a 5 bouches à nourrir, forcément, ça choque le petit-bourgeois bobo), sous entendu bon il est quand même pas blanc-bleu votre homme tué par une répression disproportionnée, il l’a un peu cherché quoi, tout en omettant pieusement de signaler que ledit chauffeur conduisait un 50 cm3 (pour lequel un permis n’est pas requis, mais ça, les petits bourgeois planqués derrière leurs ordis ne peuvent pas le savoir, à peine savent-ils manier une trottinette sans tomber...).
Pendant ce temps, alors que la seule solution pour sortir par le haut de cette crise sociale et politique majeure consisterait à recourir au référendum sur la réforme des retraites qui préoccupe tous nos concitoyens, Emmanuel Macron propose un référendum sur...les questions écologiques, le truc que tout le pays à feu et à sang attendait vraiment de pied ferme, lors d’une Convention citoyenne sur le climat, où comment faire diversion et se draper dans les oripeaux de la démocratie participative, non sans avoir, au passage, dénoncé les méchantes violences et la méchante haine de la rue : on suppose qu’il voulait parler des innombrables violences commises contre les opposants sociaux et politiques ? Non ?
Ah, mince, on aurait pourtant juré.
Jusque quand ces méthodes grossières pourront-elles perdurer ?

Nul ne sait...mais si le spectacle n’était si grave, il en serait franchement comique et peut-être que plus tard, enfin débarrassés de ces inepties et la République restaurée, nous en rirons.

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