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lundi 13 janvier 2020

De plus en plus de déséquilibrés, en France

 


12 janvier 2020
 
Cette semaine, après le sort tragique des usagers des transports et des commerçants privés d’usagers, le problème de l’âge pivot des futurs retraités a été au centre de tous les reportages et enquêtes médiatiques.

Et même si tout le monde s’en fichait (excepté Laurent Berger) et réclamait le retrait pur et simple du projet, les télévisions ont continué de pivoter là-dessus et, comme prévu, au terme d’un suspense d’un mois, le Premier ministre a annoncé, samedi, son retrait et la CFDT sa grande victoire.

Fabula acta est, la comédie est finie, les deux acteurs ont bien joué leurs rôles, suspendus à leurs grosses ficelles médiatiques…
Mais surtout, elles nous ont alerté sur un phénomène qui a tendance à s’amplifier.
La France, du moins celle de nos médias, connaît depuis plusieurs années, et ces derniers jours en particulier, une recrudescence de déséquilibrés, aux antécédents psychiatriques, ces consultations étant remboursées par la Sécurité sociale et les prises en charge par les forces de sécurité.
 
À Villejuif, d’abord, un homme a sorti un couteau et tué ou blessé quatre personnes dans la rue.
Les journalistes des diverses chaînes se sont aussitôt rendus sur les lieux du drame et ils ont mené l’enquête : à quel type de déséquilibré avait-on affaire ?
Quelle était la forme de sa schizophrénie ou de son délire psychotique ?
Divers spécialises de la question étaient invités pour nous l’expliquer, et le Président parlait des violences contre lesquelles il voulait lutter de toutes ses forces…
Mais rapidement, le procureur finissait par évoquer un attentat et le parquet antiterroriste se saisissait de l’affaire.
À peine quarante-huit heures plus tard, à Metz, un nouveau déséquilibré tentait de frapper un passant, toujours avec un couteau, qui est l’arme favorite des nouveaux déséquilibrés.

Mais, cette fois, le parquet antiterroriste se saisissait de l’affaire avant même que les télévisions aient pu faire leur enquête.
Mais à peine était-on revenu à l’équilibre qu’une femme en niqab, en voie de déséquilibre elle aussi, était interpellée à la gare d’Austerlitz avec un couteau caché sous son burkini d’hiver.
Nouvelle enquête, moins approfondie, car déjà les conclusions étaient connues.
Ces différentes enquêtes médiatiques ont permis de dresser un portrait type du nouveau déséquilibré, tel qu’on peut le rencontrer aujourd’hui dans les rues :
– il se sert toujours d’un couteau pour accomplir les actes qui définissent et révèlent son déséquilibre ;
– le danger vient de ce qu’il parvient à marcher droit dans la rue, mais dès lors qu’il aperçoit un passant à sa portée, il perd soudain son équilibre, se déporte sur lui et lui plante un couteau dans le ventre, la poitrine ou la gorge ;
– surpris lui-même et affolé par le résultat inattendu de son déséquilibre, il se met à crier une sorte d’antidote psychologique que son médecin traitant lui a recommandé, et qui se résume à deux mots : « Allah akbar ! »
Hasard du calendrier, ces différents déséquilibres sont arrivés au moment où les télévisions commémoraient la perte d’équilibre qui frappa, il y a cinq ans, le journal Charlie Hebdo et l’Hyper Casher.
À l’époque, tous, le Président Hollande en tête, appelaient à défendre la liberté d’expression, et les fleurs et les bougies répondaient aux « Plus jamais ça ! » et aux « Il y aura un avant et un après… » Et une foule de charlots s’étaient rebaptisés Charlie, cette modification d’une voyelle faisant basculer le nom d’un grand comique du cinéma muet en celui d’un petit comique des télévisions.
Les charlots-Charlie ayant créé, pour la circonstance, un nouvel oxymore que l’on qualifiera de comportemental ou de sociétal, et que l’on pourrait également retrouver à travers l’expression les « Charlie-pas de vague » ou « la douce violence de la haine d’amour ».
Certains mauvais esprits prétendent même que ces oxymores seraient une autre manière de nommer la lâcheté, ou la politique de l’autruche.

Jean-Pierre Pélaez

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