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mercredi 18 décembre 2019

À quand, un mémorial aux entreprises mortes de la grève ?


 
 
 
  17 décembre 2019
 
Avec sa coupe au bol et ses costumes, Bernard Thibault avait trop l’air d’un cadre propre sur lui.
 
La CGT lui a trouvé un successeur moustachu au physique de « travailleur » sur qui planent les odeurs de sueur et de cambouis qui n’existent plus que dans les films mais demeurent indissociables du romantisme ouvrier.
 
Parce que nous en sommes là, à pérorer sur un monde qui n’existe que dans les fantasmes des journalistes du Monde, de BFM TV, de Libé ou de Mediapart, abreuvés aux discours des Laurent Brun et compagnie, des gens qui nous dépeignent un monde de cadences infernales pour les soutiers du rail et, peu s’en faut, les enfants au fond de la mine.
Il ne vous aura pas échappé, en effet, que le temps d’antenne offert aux syndicalistes les plus radicaux est inversement proportionnel à leur représentativité.
C’est bon pour l’Audimat™, sans doute.
Omniprésente, donc, la CGT.
Il serait bon, pourtant, qu’on rappelle le bilan de cette centrale syndicale qui aura par son « jusqu’au-boutisme » entraîné à la ruine des pans entiers de notre économie : chantiers navals, dockers, transports, presse, liaisons maritimes, industrie lourde, etc.
Et quand c’est fini, ça recommence.
Et plus la CGT est en perte de vitesse dans les élections professionnelles, plus elle se radicalise pour satisfaire les militants qui lui restent.
Quoi qu’ils en disent tous, l’intérêt général n’a rien à voir là-dedans.
On ne sache pas, en effet, qu’empêcher la parution des journaux pour conserver les avantages inouïs des syndicalistes du livre ou empêcher les trains de rouler en période de pour « sauver » les barons du rail ait jamais profité à qui que ce soit d’autre.

Dans son édito du Point, Sébastien Le Fol titrait mardi sur « La CGT et le sadisme franco-français ». Reprenant les propos d’Alain Peyrefitte dans son essai Le Mal français (1976 !), il écrit : « Les Français n’ont toujours pas l’esprit contractuel. “Leur agressivité transforme les confrontations en affrontements. On cherche moins à réussir soi-même qu’à faire échouer le partenaire”. Les partisans de la terre brûlée sont ragaillardis par notre Histoire : la révolte l’a presque toujours emporté. Et on n’obtient rien ici sans protester, menacer, brûler… »
Tandis que j’écris ce papier, les manifestants défilent sous mes fenêtres.
Entre sirènes et chants révolutionnaires du bout du monde, les « Macron si tu savais, ta réforme, ta réforme… etc. », les « Macron t’es foutu, le peuple est dans la rue », on entend scander « Macron démission, Macron en prison ! »
Et pourquoi « en prison » ?
Au-delà des joies de la rime simpliste, pour quel motif ?
Comme le disait déjà Peyrefitte, c’est le « vertige du tout ou rien », celui des « mouvements passionnels multipliés par les idées fausses ».
Nous n’irons pas fêter Noël à l’autre bout de la France, c’est un fait acquis.
Une décision sans retour des preneurs d’otages.
Un hôtelier proche de la gare Saint-Lazare le confie au Parisien : « Actuellement, c’est assez violent : tout le monde annule, voyageurs d’affaires comme touristes. Ils craignent de ne pas pouvoir venir en train, ou de ne pas repartir, et de ne pas pouvoir bouger une fois dans Paris. »
Il a perdu 430 nuitées depuis le 2 décembre, bien pire que l’an passé.
Selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), « le taux d’occupation des hôtels à Paris est inférieur de 30 points » à celui de décembre 2018.
C’est pire encore dans la restauration.
Catastrophique dans les commerces qui comptent sur la période des fêtes pour réaliser leur chiffre de l’année.

Alors, à quand, un mémorial aux entreprises et aux individus morts de la grève ?

Marie Delarue

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