Alors que les attentats islamistes se multiplient un peu partout, le journal Le Monde, dans son édition du 29 décembre, ne trouve pas mieux que de dénoncer « la menace en 2020 du terrorisme d’extrême droite ».
Pas un mot sur le Sahel, où les forces françaises sont impliquées, ni sur le Moyen-Orient.
Voilà qui ne renforce pas la réputation de ce quotidien « de référence ».
Ce que souligne Le Monde, c’est « la montée inquiétante du terrorisme d’extrême droite en 2019 [qui] risque fort de se poursuivre, voire de s’accentuer en 2020 ». Depuis que l’État islamique a perdu ses derniers bastions en Syrie et que son chef, Abou Bakr al-Baghdadi, a été éliminé, « une autre forme de terrorisme de masse, lié à l’extrême droite raciste, a commencé de se répandre à l’échelle de la planète ».
Et de citer l’attaque contre deux mosquées de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, la tuerie anti-mexicaine dans la ville d’El Paso et l’attentat contre la synagogue de Halle.
D’où la conclusion : « Les conditions semblent réunies pour que le suprémacisme blanc continue d’inspirer en 2020 d’autres actes terroristes. »
On a compris : ce dont il faut se méfier désormais, c’est le « suprémacisme blanc », qui déploie ses tentacules, d’autant plus dangereux que des forums d’extrême droite exaltent les massacres perpétrés, ne pouvant qu’inspirer de nouvelles vocations.
Quant aux thèses sur le « Grand Remplacement », elles entrent de plus en plus dans le débat public des démocraties occidentales.
On pourrait croire que cet article vise spécialement l’administration Trump qui, par son absence de contrôle sur la vente des armes, par la banalisation du discours contre les musulmans et les immigrants illégaux, nourrirait le terreau de ce suprémacisme.
Mais détrompez-vous !
Dans les dernières lignes – in cauda venenum –, il fait directement allusion à « ce nouveau péril » qui menace la France.
Deux mosquées n’ont-elles pas été attaquées en 2019 ?
Le 27 juin, à Brest, où l’attentat fit deux blessés, tandis que l’auteur des faits se serait suicidé d’une balle dans la tête ; le 28 octobre, à Bayonne, qui fit aussi deux blessés, par un homme de 84 ans, jugé très instable psychologiquement par ses voisins.
Mettre ces actes, aussi condamnables soient-ils, sur le même plan que les tueries qui se produisent régulièrement aux États-Unis relève d’un rapprochement hâtif ou d’une intention maligne.
Les comparer au terrorisme islamiste est un peu fort de café.
Tout se passe comme si le journaliste voulait minimiser le danger islamiste en montrant que le terrorisme existe aussi dans les milieux d’extrême droite et, singulièrement, en France.
Il conclut que « 2020 pourrait ainsi devenir l’année où se confirmerait la mondialisation et la diffusion de cette nouvelle forme de terrorisme ».
Il a beau ajouter que « le pire n’est jamais sûr », il laisse à ses lecteurs le sentiment que la menace terroriste se situe, en France, à l’extrême droite.
C’est une spécificité du Monde, depuis des décennies, de prétendre à l’objectivité de ses analyses alors qu’il fait preuve de partialité.
On ne peut reprocher à un journal son engagement politique, mais au moins ne devrait-il pas chercher à le dissimuler.
Il serait même bénéfique de le lire, à condition de savoir le traduire, pour décrypter les roueries de la bien-pensance.
Philippe Kerlouan
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