Anne-Sophie Chazaud
La réactivation du cas Matzneff pose différentes questions qu’il me paraît utile de traiter séparément dans le raisonnement afin de ne pas se laisser piéger.
Tout d’abord, réaffirmer en effet le principe de la liberté d’expression dans le cas de la création artistique et littéraire.
Et c’est là, déjà, que le bât blesse, puisque les productions de l’individu en question sont principalement des récits centrés sur la narration de son nombril et de ses faits d’armes (en l’occurrence, des actes de pedophilie punis clairement par la loi).
Lorsque Pivot (du célèbre «âge-pivot»?) défend le droit littéraire de séparer l’homme et l’oeuvre, il a raison, sauf que justement l’oeuvre en question est dépourvue de toute métaphorisation et ne fait pas, à ce titre, «littérature».
Aussi creuse que boursouflée comme le nombril du porc qui l’émet, elle ne constitue en rien un fait littéraire.
N’est pas Nabokov qui veut, il y a les écrivains et les écrivants.
Il ne suffit pas de noter sur une feuille la liste de ses crimes et délits pédophiles comme d’autres font leur liste de commissions pour être écrivain et avoir produit une œuvre littéraire.
Encore moins du reste que les discussions sur les plateaux télé qui en entourent la complaisante promotion, où l’on ne parle pas de littérature ou de procédés stylistiques mais de conquêtes-viols d’enfants en badinant et ricanant, comme dans le cas de l’étalage des fantasmes sexuels de l’autre animal politique porcin (intéressante variante aristotélicienne du zoon politikon) de Cohn-Bendit.
Tous ces gens ont pour caractéristique d’appartenir à une caste moralisatrice hors sol, donneuse de leçons en particulier politiques, se sentant intouchable et inaccessible à la loi que doit respecter le brave populo, mais considérant que ces lois et moeurs des braves gens ne la concernent pas.
Leur aspect hors sol politique, qui en fait les grands contempteurs du pseudo-populisme, les affranchit aussi de la loi du commun.
Des porcs en stabulation libre, en quelque sorte.
Qu’ils soient rattrapés par le fruit de leurs crimes et délits, dont ils se sont vantés avec morgue, par le fruit de leur mépris de ce qu’est, dans le fond, la vraie littérature et la création artistique, c’est-à-dire une forme simple, novatrice et puissante au service de «l’humaine condition» que tout homme porte en lui et non pas au service d’un système de domination, pour reprendre Montaigne, est une fort bonne chose.
Car les privilèges dont cette caste s’est crue détentrice ne sont que le reflet de ceux dont elle se croit également titulaire au plan moral et politique.
Il fallait chasser la bête immonde, populiste, nationaliste, souverainiste, le peuple crasseux en gilet jaune qui vote mal et mange avec les doigts.
La sécession des élites depuis des décennies a pris de nombreuses formes.
Les porcs affranchis donneurs de leçons n’en sont qu’une variante.
Bon débarras.
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