Que dire ? Qu’après François Bayrou et les dirigeants de son parti, la semaine dernière, après la mise en examen de Richard Ferrand, après les fiascos Jouanno et Goulard, après les homards de Rugy, et les oublis de Belloubet, la Macronie voit tomber l’un de ses piliers les plus emblématiques.
Sa démission – la bonne – ne devrait plus être qu’une question d’heures.
Enfin, dans toute autre démocratie digne de ce nom, c’est comme ça que cela se passerait… Chiraquien pur jus, vingt ans conseiller général, député en 1986, sénateur, président de l’Assemblée des maires de France – tiens, comme un certain François Baroin -, médiateur de la République, président du Conseil économique et social, il était le doyen du gouvernement Philippe, à bientôt 73 ans.
Car cet ex-RPR avait, très tôt, rallié Emmanuel Macron par la magie des réseaux républicains.
Il fut même le grand sélectionneur des candidats LREM aux législatives, avant de devenir haut-commissaire à la Réforme des retraites, puis haut-commissaire aux Retraites, en septembre dernier. Mais l’homme avait aussi fait un détour par le monde de l’assurance, en 2016 et 2017, d’abord en se rapprochant de l’IGS, puis en devenant administrateur de l’IFPASS.
Cet homme qui a fait toute sa carrière (ou presque) dans la vie politique depuis quarante ans avait une fâcheuse tendance à oublier des règles pourtant claires.
Vendredi soir, on apprenait qu’après l’oubli, dans sa déclaration d’intérêts, d’une fonction bénévole révélée lundi et le cumul – interdit – d’une rémunération de plus de 5.300 € nets par mois avec sa fonction de membre du gouvernement (sommes remboursées mercredi), il avait aussi omis de mentionner un autre mandat d’administrateur, dans une fondation de la SNCF pour le mécénat, cette fois.
Et voilà que Le Monde révèle deux autres omissions, samedi, de fonctions bénévoles. Pas celle du président du club de bridge de Bapaume. Non : président de l’Observatoire régional de la commande publique des Hauts-de-France, « une structure rattachée à la région et à la préfecture qui vise, notamment, à améliorer la visibilité et la transparence des marchés publics dans la région ». Toujours selon Le Monde, « ce poste lui donne un regard sur les investissements locaux »…
Jean-Paul Delevoye était aussi membre du conseil d’orientation de l’Institut de recherche et débat sur la gouvernance (IRG), un think tank qui dépend de l’influente fondation Charles-Léopold-Mayer pour le progrès de l’homme.
Décidément, avec Jean-Paul Delevoye, on en aura découvert, des territoires inconnus de la République et de l’humanisme.
Des territoires pas perdus pour tout le monde…
Jean-Paul Delevoye aura été l’homme de tous les cumuls : fonctions, retraites, rémunérations, public et privé, droite et gauche.
Un gros cumulard d’omissions, aussi.
La chute de Jean-Paul Delevoye, c’est l’effondrement de tous ces « en même temps ».
Dans sa carrière de grand oublieux, en revanche, Jean-Paul Delevoye ne nous a pas oubliés : en tant que ministre de la Fonction publique, il avait institué la décote en 2003 pour les fonctionnaires (pouvant aller jusqu’à une amputation de votre pension de 25 % si vous n’avez pas vos 43 annuités, ce qui est très souvent le cas, dès que vous avez eu l’étrange idée de faire des études entre 18 et 23 ans) et, cette année, le malus (10 %), qui pourra se cumuler à cette décote si vous n’allez pas jusqu’à cet âge pivot de 64 ans !
On attend toujours le simulateur qui nous montrera notre misère.
Mais avec Jean-Paul Delevoye, nous avons, tout en un, à la fois le simulateur et le dissimulateur. Jean-Paul Delevoye est bien l’homme de tous les cumuls.
Les bonus pour lui.
Les malus pour nous.
À l’heure où nous écrivons, sa démission n’a toujours pas été annoncée.
Encore une omission…
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