Devant la montée du #Castanerdémission sur Twitter, hier, et l’appel de plusieurs dirigeants de l’opposition demandant le départ du ministre de l’Intérieur, le Premier ministre Édouard Philippe est sorti de son silence pour déclarer que Christophe Castaner avait toute sa confiance.
Frappé au coin de la bonne langue de bois, c’est le genre de formule qui peut aussi bien présager un maintien scandaleux du ministre qu’un lâchage – qui semble à beaucoup inéluctable – dans quelques jours.
Et c’est ce qu’il faut espérer.
En effet, ce nouvel attentat islamiste a franchi un nouveau degré dans la scandaleuse gestion de l’islamisme par les pouvoirs publics en France.
Les failles qu’il révèle, à l’intérieur même de l’institution policière et dans ses plus hauts postes, sont inouïes et incontestables.
Le député LR Julien Aubert a eu raison de rappeler que le DRH de la préfecture, en 2015, qui avait eu l’information sur la radicalisation de Mickaël Harpon est aujourd’hui directeur de cabinet du préfet et que le directeur de cabinet du préfet de police de Paris, en 2015, n’est autre que… Laurent Nuñez, aujourd’hui secrétaire d’État auprès de Christophe Castaner : toute la hiérarchie de la maison est concernée et on ne saurait tirer les leçons du drame sans changement de têtes.
La défense de M. Castaner, ce dimanche à 13 heures, consistant à se défausser de ses responsabilités n’a convaincu personne et ne fait qu’accroître le malaise dans et hors de la police.
À un moment où toute l’institution policière est secouée par une crise profonde, la politique de l’autruche serait la pire des solutions.
Il y va du rétablissement de la confiance au sein de l’institution et vis-à-vis des Français.
Sinon, la défiance ne fera que croître, et cela ne sera bon ni pour la police ni pour l’État de droit. Dans une situation politique et sociale délicate, où la police a été rudement mise à contribution, voire instrumentalisée, après les 24 heures de cafouillage et d’enfumage où le gouvernement et l’institution ont tenté d’écarter la piste islamiste, une grosse opération vérité s’impose. En interne et vis-à-vis de la population.
Mais les craintes des Français ne seront pour autant pas apaisées par ces changements indispensables. Il faut entendre les questions qu’ils se posent légitimement.
L’affaire Benalla – dans laquelle il n’y a pas eu mort d’homme – a déclenché une commission d’enquête parlementaire.
Et dans cette attaque terroriste qui a fait quatre morts dans les conditions que l’on sait, le Parlement serait tenu de rester tranquillement à sa place pour débattre d’échanges de gamètes au sein de couples trans ?
Là encore, la démocratie n’y gagnerait rien.
Sur le fond du scandale – la présence de ce radicalisé au cœur de l’institution -, on ne peut se contenter des missions d’évaluation décidées par le Premier ministre.
Ce n’est pas à la hauteur de l’affaire.
Et l’on ne sait s’il faut en rire ou se révolter.
Les Français n’attendent plus de l’évaluation : pour eux, elle est faite depuis longtemps, et pour le gouvernement, elle arrive trop tard.
En juin, Christophe Castaner – toujours lui – déclarait que la radicalisation était un phénomène minoritaire et « circonscrit ».
L’évaluation était erronée – ou mensongère.
La preuve par M. Harpon.
Si le gouvernement, après tous ces morts, en est encore au stade de l’évaluation, c’est qu’il est soit incompétent soit dépassé par les événements.
Plus que d’évaluation, les Français veulent de l’action.
Dans ces conditions, le président de la République, garant des institutions et chef des armées, ne peut pas rester à l’écart et participer ainsi à la campagne d’étouffement et de minimisation de cette affaire. Ce serait dangereux et laisser dériver et pourrir une situation déjà dégradée.
Pour la crédibilité de la France, tant à l’intérieur qu’à l’étranger, dans la lutte contre l’islamisme dont il est responsable.
Et même pour son avenir politique immédiat.
Pascal Célérier
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