C’est vrai que c’est dangereux, une usine qui ne manipule et ne produit que des produits dangereux, mais c’est une usine avec tout un tas d’emplois directs et indirects.
Lubrizol, c’est un modèle du genre en termes de qualité de production, de respect des normes les plus draconiennes (ISO 9001, ISO 14001, OHSAS 18001 : qualité, environnement, santé et sécurité).
Lubrizol, c’est une entreprise où les 400 salariés sont heureux, formés, respectés, ou le management est cité en modèle.
J’ai formé un bon nombre de salariés de Lubrizol en alternance et je sais de quoi je parle.
Est-ce la faute de Lubrizol, implantée dans la zone depuis 1954, si cette « bombe potentielle » est quasiment en plein centre de Rouen et si des habitations ont été construites à proximité, alors que c’est une usine Seveso à hauts risques ?
N’est ce pas, plutôt, une question d’aménagement du territoire ?
S’il vous arrive de prendre l’autoroute A13 pour aller en Normandie, je vous invite à sortir à Tourville-la-Rivière et à regagner Rouen par la route qui longe la Seine.
Vous y traverserez un désert industriel avec de gigantesques usines et entrepôts à l’abandon, les squelettes d’un temps révolu : celui de la splendeur industrielle de la Basse Seine.
Il ne reste plus rien de cet âge d’or, enfin presque.
Quelques reconversions en entrepôts logistiques, mais pourquoi ne pas y déménager Lubrizol ?
Des entreprises comme Lubrizol, c’est nécessairement « pain bénit », même si sa localisation géographique actuelle est absurde au regard de son activité.
Pour autant, il n’y a eu aucune victime et les circonstances de l’accident sont pour le moins suspectes, le directeur de l’usine l’a souligné à juste titre.
Connaîtra-t-on, un jour, la vérité sur les causes de cet accident ?
Implantée quai de France, l’usine qui transforme des milliers de tonnes de matières premières chimiques et pétrolières n’est en aucune façon usager du port, privilégiant les transports terrestres pour sa logistique, tant à l’import qu’à l’export.
Les dessertes fluviales via la Seine sont tellement lamentables que Lubrizol n’organise ses « flux in et out » que par camion, certainement pas de gaieté de cœur, tant les contraintes réglementaires du transport de produits dangereux sont strictes (cela s’appelle la réglementation internationale ADR) et tant la circulation automobile à Rouen est effrayante et périlleuse, même si on ne transporte pas de produits dangereux.
Avec le cas Lubrizol, on touche du doigt aux aberrations de la « gestion de l’aménagement du territoire à la française ».
Sources de taxes professionnelles, les communes « se battaient » pour accueillir des usines sur leur territoire, quitte à faire l’impasse sur un certain nombre de considérations.
Ce sont les citoyens et les industriels qui en paient le prix aujourd’hui.
Pour autant, faut-il se réjouir qu’il n’y ait plus d’usines en France ?
Patrick Robert
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