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mardi 27 février 2018

Le Média et la fureur : règlement de comptes à TV Mélenchon

 
 


Le 27/02/2018


La cible favorite de Jean-Luc le furieux étant les journalistes, son mouvement a décidé à l’été 2017 la création d’un nouveau média appelé modestement « Le Média »…
 
 
Le Mélenchon n’est pas modeste, ce n’est pas là son moindre défaut.
Furieux, éructant, du genre cultivé tendance méprisant, il s’était fait chattemite durant la campagne, du temps où il haranguait les foules dans son costume de garde-chasse, mais son naturel est revenu au galop.
On ne se refait pas…
Dans la foulée de cette campagne dont notre caudillo n’a toujours pas digéré le résultat, La France insoumise a cru pouvoir exister comme unique opposant au gouvernement Macron, mais entre rébellion vestimentaire et happening sur le panier de la ménagère, le show s’est essoufflé.
Les grèves massives promises à l’automne devaient tout emporter.
On allait voir ce qu’on allait voir : des millions de gens dans la rue.
Ça a fait pssschiiittttt…
La cible favorite de Jean-Luc le furieux étant les journalistes, son mouvement a décidé, à l’été 2017, la création d’un nouveau média appelé tout aussi modestement « Le Média ».
Ce pure player devait rompre avec les médias corrompus, cette « nouvelle Église » qui a « son dogme », « ses inquisiteurs » et « ses hérétiques », comme les décrivait Sophia Chikirou (chargée de com’ de La France insoumise) lors d’une conférence intitulée « Faut-il “dégager” les médias ? »
Était ainsi porté sur les fonts baptismaux « un grand média audiovisuel alter-système » dont la ligne éditoriale serait « humaniste, progressiste, écologique, féministe » et même « pluraliste ».
À sa tête, un comité de pilotage qui réunit des personnalités très « médiatiques » et politiques, comme le psy de plateau Gérard Miller ou Noël Mamère.
Mais la spécificité du Média se veut aussi économique : il est le fruit d’un financement participatif. Le 10 décembre 2017, lors de la soirée de lancement, Gérard Miller annonce que les « socios » ont versé plus de 1,11 million d’euros pour leur info libertaire et que « les parts du média sont détenues par plus de 9.400 sociétaires ».
Premier mensonge.
En effet, le magazine Capital révélera, peu après, qu’une société a, en fait, été créée sous le nom de Médiascop, dont la seule actionnaire est… Sophia Chikirou.
Cela pour la bonne raison qu’une association ne peut pas être divisée en parts comme une société commerciale.
Les sociétaires se sont donc fait blouser…
Miller a donné comme argument la nécessité de faire vite, assurant que ladite Médiascop devrait évoluer vers une forme coopérative… à condition que Le Média survive – ce qui n’est pas gagné.
Les audiences, en effet, sont de plus en plus maigrelettes.
Déjà, la patronne envisage de recourir à la publicité, mode de financement puant pourtant le capitalisme honni.
Chikirou y met, toutefois, une condition : « On ne veut pas d’argent des grandes puissances industrielles. »
Et puis survient la première grosse crise : on apprend, ce week-end, qu’Aude Rossigneux, la dame qui s’est chargée de vendre le bébé durant des semaines auprès des confrères, vantant au fil des entretiens la « nouveauté » du produit et sa totale rupture avec les pratiques odieuses du monde médiatique, vient de se faire virer.
Une étoile filante, en somme.
Furieuse, elle s’est exprimée dans une longue missive sur le site ElectronLibre, dénonçant dans la gestion du Média « une brutalité qui n’est pas exactement conforme à l’idée que chacun se fait d’un management de gauche. Une brutalité qui serait peut-être un sujet pour Le Média si elle était le fait d’un Bolloré… »

Propos que Miller estime « d’une méchanceté inouïe, c’est infâme », dit-il.
Quant à Sophia Chikirou, elle aurait demandé à sa journaliste vedette de taire leurs dissensions pour ne pas nuire à la réputation du titre.

Du côté des (pseudo)-actionnaires, on dénonce des méthodes qui n’ont rien à envier à celles des médias traditionnels, et surtout une opacité bien éloignée de « la contre-culture citoyenne » qui prétendait être la marque de la TV Mélenchon…

Si « c’est ça, l’avenir en commun », écrit l’un d’eux, « alors, je me retire ! » Noël Mamère dit aussi « réfléchir »… [Ndlr. Il a quitté le navire hier soir]

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