Le 04/06/2016
Marie Delarue
On ne voit guère quel sera le pompier capable de la ranimer.
Vue de l’étranger, la France n’est plus seulement « le pays des grèves » mais carrément le pays des fous.
Le gouvernement a cédé sur tout ou presque : les taxis, les camionneurs, les intermittents du spectacle et Notre-Dame-des-Landes. Il a promis des augmentations aux fonctionnaires, rassuré les enseignants, offert un revenu minimum aux étudiants.
Il a ridiculisé le patron de la SNCF et celui d’EDF lui a claqué la porte au nez.
Il a vidé sa loi Travail de ce qui pouvait encore la rendre utile à l’économie et au retour de l’emploi et, mesure ultime, François Hollande a fait hier la danse du ventre devant les maires de France et diminué de moitié la baisse prévue des dotations de l’État…
Bref, pas un jour ne passe sans que le Président le plus vilipendé de la Ve République ne distribue ses sucettes préélectorales à qui en réclame.
Jovial comme une fleur de pissenlit, Hollande sème à tout vent… et récolte néanmoins la tempête !
Car là est le paradoxe : rien ne fait céder la hargne populaire devant ce gouvernement qui, pourtant, ne cesse de se déballonner, se dégonfler, se déboutonner et, pour finir, se débiner chaque fois devant l’obstacle des réformes. Emmurés dans un scandaleux jusqu’au-boutisme, chaque jour qui passe les grévistes font grève, les manifestants manifestent et les casseurs cassent.
Et comme Hollande porte avec lui la poisse et la pluie, le pays s’enfonce en plus sous les inondations.
Comment comprendre, alors, que des cheminots dont « les négociations ne remettent en cause ni les statuts, ni le régime spécial des retraites, ni leur niveau de salaire, ni leur niveau de carrière », comme l’assure le secrétaire d’État aux Transports Alain Vidalies, continuent égoïstement de pourrir la vie des Français ?
S’il est vrai que « le projet d’accord sur l’organisation du travail [est] encore plus favorable que celui existant » et « le projet de convention collective de bon niveau », comme l’affirme le représentant de la CFDT, que veulent-ils ?
« C’est le gouvernement qui décide. La SNCF est une entreprise publique. Elle n’appartient ni aux syndicats ni à la direction mais aux Français », a tempêté M. Vidalies.
Alors il ferait bien de le dire aux cheminots, parce que ceux qui trinquent, ce sont justement les Français, et pas le gouvernement ni le patron de la SNCF, qui ont d’autres moyens de se déplacer que nos trains hypothétiques.
Il paraît que Manuel Valls fera « très bientôt » des annonces sur « la trajectoire financière de l’entreprise ».
Pas besoin d’être grand clerc : à ce régime-là, elle va dans le mur !
Tout comme Air France, dont les pilotes annoncent encore une grève du 11 au 14 juin, juste pour l’ouverture de l’Euro.
« D’autres plages d’arrêts de travail suivront quelques jours plus tard si nécessaire », préviennent les syndicats.
Pourquoi se gêner, en effet ?
Comment un pays peut-il encore tourner quand une poignée de syndicalistes a le pouvoir d’empêcher la presse de paraître, de couper l’électricité à la moitié d’une ville, de paralyser les transports, sachant qu’ils n’encourent aucune sanction ?
La France est au fond du trou.
Elle s’y noie et l’on ne voit guère quel sera le pompier capable de la ranimer.
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