Le 16/05/2016
Michel Lhomme, politologue
Forcément, avec le 49/3, cela passe mieux. La Ministre socialiste El Khomri a « glissé » dans son texte de loi sur le nouveau code du travail, l’obligation de mettre à disposition dans les entreprises de plus de 50 personnes des salles de prière (cinq fois par jour) pour les musulmans. Vous en aviez entendu parler à la télévision ? Non.
Au-delà de la « flexisécurité à la française », manière détournée de généraliser le paiement au lance-pierres et la future semaine de 72 heures sans pause, le gouvernement a donc souhaité entériner dans la loi les dispositions qui consacreront et légitimeront les revendications communautaires au travail .
Myriam El Khomri est une croisée de l’immigrationnisme.
Formatée à l’idéologie antiraciste, elle n’a d’autre CV professionnel que celui concernant l’intégration et la lutte contre les discriminations.
Binationale franco-marocaine, El Khomri a adhéré au Parti socialiste après le 21 avril 2002 forcément secouée par la paranoïa traumatisante d’un Le Pen au second tour.
Apparatchik du parti, elle est passée par toutes les étapes classiques de l’ascension personnelle à la sauce « sociétaliste ».
Collaboratrice de la mairie du 18e arrondissement de Paris à partir de l’année 2001, Myriam El Khomri finit par être élue au Conseil de Paris en 2008 tout en poursuivant sa progression au sein des instances du parti (elle siège au conseil national à partir de 2008, puis au bureau national à partir de 2012).
Adjointe au maire de Paris, chargée de la protection de l’enfance et de la prévention spécialisée de 2011 à 2014, avant d’être appelée au gouvernement Valls II pour prendre le portefeuille de secrétaire d’État à la Politique de la ville, l’actuel ministre du Travail est un véritable « bébé Delanoë ».
La loi El Khomri n’était donc pas seulement une loi sur le travail mais dans ses marges, elle s’est voulue aussi une loi pour l’intégration : on n’échappe pas à ses obsessions comme à ses passions.
Mais en usant du 49-3, la loi est ainsi devenue le cheval de Troie du communautarisme au forceps.
Les employeurs qui sont déjà confrontés au délicat problème des revendications communautaires en entreprise en seront pour leur grade.
Ils ne savaient pas vraiment comment réagir face aux salariés qui demandent des menus spéciaux à la cantine, ou un aménagement de leur temps de travail pour pouvoir prier pendant leur service.
On leur indique la voie : lécher les babouches.
L’article 6 de la loi El Khomri, reprise in extenso des propositions Badinter sur l’intégration, va leur compliquer encore plus la tâche.
La loi invente en effet un nouveau principe, un nouveau droit pour les salariés: « La liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses, ne peut connaître de restrictions que si elles sont justifiées par l’exercice d’autres libertés et droits fondamentaux ou par les nécessités du bon fonctionnement de l’entreprise et si elles sont proportionnées au but recherché ».
Nous pensions pourtant que la vocation d’un salarié était de travailler et nous sommes donc surpris de découvrir que le nouveau contrat de travail ouvre la liberté de « manifester ses convictions religieuses » dans l’entreprise, assuré qu’à terme la drauche prévoit d’inscrire la charia dans le droit des entreprises.
Valls ne l’a pas fait, Juppé, celui qui voulait hier interdire les processions catholiques au nom de l’égalité religieuse, le fera demain.
Par là, le gouvernement ou disons la haute administration – car qui gouverne réellement la France ? – cherche à évacuer un problème litigieux et qui pourrait être même embarrassant financièrement parlant avec les recours au tribunal administratif auquel il sera lui-même de plus en plus confronté à l’école, dans les hôpitaux et même dans ses commissariats, dans le style des affaires Baby Loup .
De telles affaires disparaîtront en effet carrément des tribunaux parce que les entreprises n’auront plus le droit, fût-ce dans leur règlement intérieur, de s’opposer à la pratique religieuse.
El Khomri entérine donc la barbe, le voile, les prières – et donc les salles de prières-, des menus spéciaux à la cantine, la pratique du ramadan avant que cela ne soit généralisé partout à l’école et ailleurs et qu’enfin, oui enfin, on en finisse avec les jours fériés chrétiens.
On en doutait mais la loi El Khomri est bien une loi d’avant-garde.
Comme le remarque très justement un journaliste du Figaro, il s’agit à présent, dans l’entreprise, non plus de travailler mais de vivre … ses convictions religieuses.
Vivre d’ailleurs ou plutôt survivre par des boulots à mi-temps de misère.
Et dire que les francs-maçons soutiennent en chœur l’avant-gardiste El Khomri !
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