La majorité de la population française étant attachée à l’euro, certains veulent que le Front national modifie son programme.
Certes, le but d’une formation politique est de prendre le pouvoir. « Paris vaut bien une messe », aurait dit Henri IV. Mais la question est autre : l’euro favorise-t-il l’économie française ?
 C’est la raison pour laquelle le FN a organisé un colloque réunissant neuf grands économistes et centré autour de l’euro, le 14 mai dernier.
La mise en place de l’euro, loin d’être la panacée vendue par la propagande, a eu des résultats médiocres.
Avant la grande crise de 2008, la zone euro avait la plus faible croissance du monde : de 2000 à 2008, nous avions 1,8 % par an, contre 2,4 % aux États-Unis, 4 % en Amérique latine, 5 % en Afrique et 7 à 9 % en Asie.
Depuis la crise, la zone euro est la plus touchée avec les catastrophes grecque, espagnole et irlandaise.
L’euro devait être un accélérateur de croissance et un bouclier contre la crise.
Dans les faits, l’euro s’est avéré un frein à la croissance et un accélérateur de crise.

L’économiste Charles Gave l’a bien montré, dans son article paru en février 2013 : « Quand les technocrates tuent la croissance ». « De 1975 à 2000, la croissance en Europe, telle que l’on peut la mesurer en utilisant les indices de la production industrielle, était de 2,5 % par an en moyenne. »
Tous les pays croissaient à peu près au même rythme. « À partir de 2000, une vraie catastrophe semble avoir frappé les économies du Vieux Continent. La croissance s’arrête net. La moyenne passe à une pente de 0 % par an. »
Et l’Europe se scinde en deux.
D’un côté, l’Allemagne et quelques pays du Nord qui continuent leurs croissances et, de l’autre, la France, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, qui perdent entre 10 et 20 % de leur capacité industrielle.
 « Conclusion : les 12 dernières années sont de loin les pires en Europe depuis les années trente, en tout cas pour les pays de l’Europe du Sud. »
 Pourquoi ?
 « En fait, l’euro est une stupidité économique inimaginable : bloquer le taux de change entre des pays qui ont des productivités différentes n’a jamais marché nulle part et a, par contre, toujours amené à des désastres économiques, politiques et sociaux. »

Charles Gave n’est pas isolé.
Derrière Jean-Jacques Rosa et la majorité des économistes libéraux (Gérard Lafay, Jean-Pierre Vesperini, Milton Friedman, Martin Feldstein, Niall Ferguson, Laurence J. Kotlikoff, etc.), beaucoup avaient prévenu des « nuisances à venir d’une monnaie unique appliquée à des économies dissemblables ».
Milton Friedman, pape des monétaristes, considérait l’euro comme un redoutable mirage, parce que les conditions politiques (un État fédéral) n’étaient pas réunies.
Robert Mundell, pourtant présenté comme le père de l’euro, se montrait fort sceptique.
Tout comme Modigliani, Laffer, Dornbusch.

Les peuples, plongés dans la dette, le chômage et la désespérance, devraient exiger la sortie de l’euro.
 Le FN ne doit pas changer sa position.
 Il doit l’expliquer.
 Dans une vraie démocratie, les médias rendraient compte des travaux des économistes non stipendiés.