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mardi 31 mai 2016

Évacuation à Agen : pourquoi mobiliser 500 gendarmes pour déloger 20 zadistes ?

Le 31/05/2016


"Il y avait quatre sites à investir simultanément et on ne savait pas exactement le nombre de zadistes présents", a indiqué le colonel Touak commandant le groupement de gendarmerie de Lot-et-Garonne.  
   "Il y avait quatre sites à investir simultanément et on ne savait pas exactement le nombre de zadistes présents", a indiqué le colonel Touak commandant le groupement de gendarmerie de Lot-et-Garonne. © Suire Thierry

Après l'opération menée ce mardi matin à Sainte-Colombe-en-Bruilhois, plusieurs questions se posent, notamment sur l'importance des moyens engagés
 
 
Ce mardi matin, dès 6 heures, près de 500 gendarmes ont été mobilisés à Sainte-Colombe-en-Bruilhois pour procéder à l'évacuation des zadistes qui, protestant contre le projet de Technopôle Agen-Garonne, occupaient depuis plus d'un an des maisons vouées à la démolition.
  • Pourquoi autant de militaires engagés ?

500 gendarmes pour 20 zadistes, "cela peut paraître disproportionné", convenait le colonel Patrick Touak, qui commande le groupement de gendarmerie du Lot-et-Garonne, ce mardi matin après l'évacuation de la ZAD à Sainte-Colombe-en-Bruilhois.
"Mais il y avait quatre sites à investir simultanément et on ne savait pas exactement le nombre de zadistes présents.
 En 18 mois, nous avons recensé 300 personnes."

Le colonel Touak, entouré d'Hubert Duffour, maire de Sainte-Colombe-en-Bruilhois, et du préfet de Lot-et-Garonne, Patricia Willaert© Photo Thierry Suire
  • Pourquoi avoir procédé à l'évacuation ?

Le préfet de Lot-et-Garonne, Patricia Willaert, a précisé, ce mardi matin, avoir agi "en exécution d'une décision de justice" datant de février.
 "Une fois l'ordonnance d'évacuer prononcée, l'huissier doit demander le concours de la force publique. Ensuite, je devais prendre en compte la trêve hivernale et m'assurer de la disponibilité des escadrons nécessaires à l'opération", expliquait la représentante de l'État.
Et d'ajouter : "Les actions de ces occupants illégaux sur le site, en bordure immédiate de l'autoroute A62, mettaient en danger la sécurité de la population. Ils bloquaient notamment de façon permanente un accès de secours de l'autoroute."
  • Comment les zadistes fonctionnaient ?

Contrairement à Sivens où l'eau, l'électricité et le réseau manquaient, dans les sept maisons et la grange qu'ils occupaient depuis mars 2015, les zadistes de Sainte-Colombe-en-Bruilhois, avaient tout à disposition, grâce, précise le préfet, "à des branchements sauvages".

 L'une des toutes premières mesures ce mardi matin après l'évacuation a donc été de permettre aux agents de Véolia et d'Erdf de couper l'approvisionnement en eau et en électricité.

Les agents d'ERDF sont intervenus.© Photo Thierry Suire
Par ailleurs, dans un hangar, les militaires ont retrouvé des armes par destination ou de défense : boules de pétanque, barres de fer, boucliers, divers projectiles et de quoi préparer des cocktails molotov.
Au milieu de cet étalage, les gendarmes ont également confisqué trois perceuses (??) et un masque blanc d'Anonymous.

Les gendarmes ont fouillé les maisons.© Photo Thierry Suire
  • Où vont aller les zadistes délogés ?

Sur la vingtaine de zadistes présents ce mardi matin, trois ont été interpellés pour des affaires judiciaires en cours.
 Les autres ont eu l'autorisation de rassembler leurs effets personnels avant de quitter les lieux.
La plupart devrait se rendre à quelques kilomètres de là, chez l'agriculteur menacé d'expulsion par le projet de TAG, Joseph Bonotto, sur les terres duquel la ZAD est née le 13 décembre 2013.
Quant à un retour à Sainte-Colombe-en-Bruilhois, le maire, Hubert Duffour, n'y croit pas vraiment : "Il y aura peut-être une tentative, mais n'ayant plus de toit pour les abriter, ce sera difficile."

Les zadistes délogés devraient, pour la plupart, se rendre chez Joseph Bonotto.© Photo Archives Emilie Drouinaud
  • Qu'en pensent les riverains ? 

Beaucoup sont soulagés de voir les zadistes quitter leur commune alors que, depuis plusieurs semaines, la tension était montée d'un cran.
Hubert Duffour, résumait : "Je craignais de plus en plus la réaction de quelques riverains excédés.
Il y a deux mois, il y a eu des tensions extrêmes.
 Étant un natif de la commune et connaissant bien mes agriculteurs, je suis parvenu à calmer l'un d'entre eux qui ne supportait plus que les zadistes traversent sans arrêt sa propriété et ses cultures.
Il était à deux doigts de les chasser à coups de fusil...".

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