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jeudi 7 mai 2015

Roubaix : une famille du Pile raconte son «calvaire» au quotidien et brise l’omerta

Publié le
Vincent DEPECKER






Ils sont venus pour camper dans le hall de la mairie de Roubaix. Pancartes à l’appui, cette famille est venue dénoncer les incivilités, violences, cambriolages dont elle est victime depuis un an. Quatre plaintes et une main courante ont été déposées. Ils veulent, disent-ils, briser l’omerta.

« On n’avait déjà pas grand chose. Alors là, on n’a vraiment plus rien. Ma mère nous a prêté une télé qui a plus de 30 ans. C’est tout ce qu’il reste dans la maison ! ».
 Une pancarte de revendications autour du cou, Philippe Godefroy a les larmes aux yeux.
Le timbre pincé de ceux qui se retiennent de pleurer.
La présence de ses enfants y joue beaucoup.
La pudeur également.
Car rien ne les prédestinait à s’exhiber ainsi dans le hall de la mairie de Roubaix.
Ce que ce couple de Roubaisiens décrit ressemble à un véritable calvaire.
 « Nous avons emménagé rue Desaix, dans le quartier du Pile, début avril 2014, explique ce père de famille.
Les ennuis ont commencé immédiatement ».

 Quelques jours à peine après leur installation, deux pneus de leur AX sont crevés par une main anonyme et noctambule.
Rebelote quelques jours plus tard.
Les quatre pneus, cette fois-ci.
« À peine le temps de les changer qu’ils étaient déjà crevés. Comme je me lève de bonne heure pour aller travailler, j’ai pris la décision de garer ma voiture un peu plus loin dans la rue. Le 29 avril, vers 4h15, en sortant de chez moi, j’ai tout de suite compris ».
 L’odeur caractéristique qui flotte dans l’air ne lui laisse guère de doutes.
 Sa petite Citroën, la seule de la famille, a été incendiée.
Une plainte a été déposée.
 L’enquête est toujours en cours au sein de la sûreté urbaine de Roubaix.

Pneus crevés, voiture incendiée, porte défoncée, deux cambriolages

La suite, c’est une triste litanie d’incivilités, d’insultes ou de moqueries difficiles à expliquer.
 On évoque des soucis avec les locataires précédents mais trouver une explication rationnelle est difficile.
Rue Desaix, on ne se montre pas très prolixe quand il s’agit de répondre à la presse.
« Pourquoi nous ? J’aimerais bien le savoir. Un soir, quelqu’un a donné un violent coup de pied dans ma porte d’entrée. Ça a créé un énorme trou. Ils ont cassé les fenêtres. On se fait insulter. On nous a même jeté des œufs pourris sur notre devanture. Et quand je suis sorti pour voir d’où venait cette odeur, on se foutait de notre gu… ».
Le pire, selon eux, c’est que des incivilités, à Roubaix, on s’en accommode.
 « On vit avec, reconnaît Vanessa, sa compagne. Le pire, c’est pour les enfants. Ils s’inquiètent pour nous. Quand ils partent à l’école, ils se demandent ce qui peut encore nous arriver. Mais ils sont compréhensifs. C’est une force d’avoir des enfants comme ça. On leur a tout volé mais ils ne réclament rien ».

Des scènes de deal où on exhibe des billets de 500 euros

La situation a dérapé une première fois, le 8 mars.
« Nous avons été cambriolés par des individus qui sont entrés par l’arrière de la maison. Ils ont volé une télé et les consoles de jeux des enfants. Dans l’après-midi du 1er mai, nouveau cambriolage. Ils ont défoncé la porte de devant. Là, en notre absence, ils nous ont littéralement pillés. C’est clair, on n’a plus rien. Ils ont été jusqu’à voler les jouets des enfants, notre box internet ou une télécommande qui ne fonctionne plus ».
Philippe n’accuse personne.
 Mais il pointe du doigt, ces attroupements répétés devant son domicile.
 Ces scènes de deal où on exhibe des billets de 500 euros.
 « Alors que je bosse pour 1200 euros par mois, comment faire comprendre la valeur travail à mes enfants ? »


Pour le commissariat de Roubaix, si la rue Desaix est dans le collimateur « comme d’autres rues de Roubaix », impossible néanmoins de relier ces vols par effraction à certains « jeunes » du quartier « qui peuvent potentiellement poser problème ».
« Ce serait un peu simpliste de leur faire porter systématiquement le chapeau », glisse un enquêteur.


Au total, quatre plaintes et une main courante ont été déposées en moins d’un an.


« À chaque fois, les policiers nous expliquent que la seule solution, pour nous, serait de déménager, car nous ne sommes pas en sécurité. Ceux qui nous ont fait ça devraient être en prison. Et c’est nous qui sommes obligés de partir comme des moins-que-rien. Quand on sort, on est obligé de laisser un adulte dans la maison par peur d’un nouveau cambriolage ».

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