Quand il avait déclaré à grand renfort de communication qu’il souhaitait « la fin de l’exploitation d’hydrocarbures en 2040 sur le territoire français », Nicolas Hulot n’avait pas pris grand risque : la France produit aujourd’hui moins de 1 % de sa consommation annuelle, et en 2040, ce sera probablement zéro.
Si la production d’hydrocarbures avait représenté 20 % du PIB, le Président aurait surement modéré son enthousiasme.
En « montrant les muscles » et en décrétant un embargo sur les importations d’hydrocarbures russes afin de « maintenir une pression croissante sur Poutine et sa machine de guerre », Joe Biden ne prend pas grand risque. En dehors de quelques produits raffinés, les États-Unis n’importent ni gaz ni pétrole de Russie. Grâce au gaz de schiste, le pays de l’Oncle Sam est autosuffisant en gaz et son marché captif (le Henry Hub) bénéficie d’un prix 15 fois moins élevé qu’en Europe.
En revanche, l’extension de cet embargo à l’Europe (qui ne produit que 15 % de sa consommation) alimenterait un choc énergétique encore plus violent. En dehors d’une possible pénurie comparable au choc pétrolier de 1973, le retrait du gaz russe (17 % de la production mondiale) du marché européen du gaz conduirait à une augmentation incontrôlée des cours en Europe alors qu’ils ont déjà atteint des niveaux stratosphériques au cours des dernières semaines. Cet embargo obligerait par ailleurs Gazprom à arrêter la plupart de ses puits (les gazoducs ne pointent en effet que vers l’Europe). Dans la mesure où les puits arrêtés en cours d’exploitation ne retrouvent jamais, loin de là, leur niveau de production, il faut aussi lire en filigrane de l’embargo une réduction structurelle supplémentaire de l’offre gazière mondiale et donc de prix restant à long terme très élevés.
Face à cette situation, « Sleepy Joe » fait preuve d’un cynisme sans limite. Il propose de compenser le déficit de gaz russe en augmentant les livraisons de GNL [gaz naturel liquéfié, NDLR] américain à l’Europe. Un gaz valant 15 euros le MWh sur le continent américain qui sera vendu à plus de 200 euros le MWh en Europe !
D’autant que nous ne pouvons plus bénéficier, aujourd’hui, de « l’effet tampon » d’un euro fort, comme tel fut le cas en 2007, quand l’euro s’échangeait à 1,60 dollar. Un véritable jackpot pour des États-Unis qui n’ont plus aucun besoin d’intervenir militairement pour assurer leur sécurité énergétique. Après avoir laissé l’Irak en jachère et abandonné « en courant » l’Afghanistan l’été dernier, les États-Unis ont clairement indiqué qu’ils n’avaient aucune intention d’intervenir en Ukraine. Telle est la valeur inestimable d’une indépendance énergétique retrouvée !Rappelons qu’à l’aube du XXIe siècle, le pays de l’Oncle Sam dépendait à 70 % de ses importations pétrolières et à 15 % de ses importations gazières. Conscients que leurs besoins futurs en gaz naturel allaient inexorablement s’accroître, ils avaient construit le long de la côte atlantique des terminaux de regazéification. Grâce aux gaz et pétroles de schiste, les Américains ont aujourd’hui pratiquement acquis leur indépendance pétrolière et sont devenus exportateurs de gaz. Les terminaux de regazéification ont été recyclés en terminaux de liquéfaction et, au lieu de caboter du Moyen-Orient vers les côtes américaines, les méthaniers voguent maintenant depuis le golfe du Mexique vers la Corée, le Japon, la Chine et l’Europe.
Face à l’indépendance énergétique américaine recouvrée, l’Europe ne peut que constater la faillite d’une politique énergétique imprimée depuis le début du siècle par le climato-gauchisme. Un climato-gauchisme qui continue de s’opposer au nucléaire et veut nous faire croire à travers ses candidats irresponsables Yannick Jadot ou autres Jean-Luc Mélenchon à une utopique croissance verte reposant sur un mix 100 % renouvelable. Des renouvelables qui, en janvier 2022, nous fournissaient moins de 2 % de l’électricité aux heures de pointe.Comment
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