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vendredi 25 mars 2022

McKinsey : sans gêne et sans scandale


 

Georges Michel 24 mars 2022

Les plus anciens de nos lecteurs se souviennent peut-être du Président Coty. 

À peine élu, en 1953, son épouse, Germaine, fut l’objet d’une campagne de calomnie assez indigne et, pour tout dire, dégueulasse, de la part d’une certaine presse. 

On lui reprochait son physique – cette brave dame, que la France pleura lorsqu’elle mourut au cours du mandat de son mari, était, disons-le, plutôt enrobée. Et puis, elle venait de la province. Crime suprême… Cette presse lui donna même le sobriquet de « Madame sans gaine », la mode étant à l’époque que les femmes portent ce genre de sous-vêtement. Le brave Président Coty riposta avec humour : « Sans gaine mais sans scandale », allusion à la probité de sa famille et à la marque Scandale™ qui fabriquait, à l’époque, ce type d’ustensile.

Le temps a passé, la Quatrième trépassé et les gaines ont laissé la place aux strings et autres sous-vêtements plus échancrés. Et nous serions entrés en des temps où le sans-gêne est devenu la règle et l’absence de scandales une évidence. C’est ce qu’on doit appeler la moralisation de la vie publique. Un marqueur, comme on dit, des engagements de campagne de en 2017… Il est vrai que nous sommes entrés dans « une nouvelle époque » (« française et européenne », précisons), comme le proclame le site de campagne d’Emmanuel Macron. Une époque sans gêne et sans scandale. En effet, la Macronie s’en est payé une tranche pendant cinq ans et, semble-t-il, sans que cela n’émeuve plus que cela les Français. Ils en redemanderaient même, si l’on en croit les qui prédisent au Président sortant une réélection de maréchal.

Ainsi, ce jeudi matin, Gabriel Attal, porte-parole du ou de la campagne d’Emmanuel Macron (on ne sait plus trop), de passage aux « Grandes Gueules » de RMC, affirmait, sans rire et avec l’aplomb d’un vendeur de vaisselle au kilo, que « l’affaire McKinsey n’est pas un scandale d’État ». La veille, sur Sud Radio, Jordan Bardella, président par intérim du Rassemblement national, avait déclaré, prudent, qu’on était « au bord du scandale d’État ». Ni au bord, ni en plein dedans, mon garçon. D’ailleurs, nous explique le marchand de cravates gouvernemental, en France, l’État a dépensé quarante fois moins que d’autres pays comme le Royaume-Uni, ce qui, soit dit en passant, laisse une sacrée marge pour le second mandat… Donc, circulez, il n’y a rien à voir. Et ça glisse comme l’eau sur les ailes du canard et ça passe crème, comme disent les jeunes.

Une nouvelle époque, effectivement. Une époque où l’on aura entendu un barbu nous dire « Je ne sais pas ce qui vous fait dire que je suis un homme ». Alors, rien d’étonnant qu’on entende, aujourd’hui, quelque chose du genre « Je ne sais pas ce qui vous fait dire que c’est un scandale d’État ». L’éventuelle réélection d’ offre, comme ils disent, une ouverture du champ des possibles formidable dans le domaine du « sans gêne et sans scandale ». Pour faire court, on appellera ça l'époque « open bar ». Pour eux, pas pour les Français.

 

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