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mardi 29 mars 2022

Affaire McKinsey : « Que ça aille au pénal. » Chapeau, l’artiste !


 
 
 
 Georges Michel 28 mars 2022

« S’il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal. » 

Voici la réponse d’ quand on lui parle de scandale d’État à propos de l’affaire McKinsey. 

Une façon de botter en touche et de jeter un écran de fumée sur les millions d’euros perçus par les cabinets de conseil, notamment McKinsey, durant son quinquennat. Invité de « Dimanche en politique », sur France 3, le Président-candidat était visiblement énervé lorsqu’il a été interrogé sur cette affaire.

Pour se défendre, le Président-candidat n’a pas hésité à enfoncer les portes ouvertes : « Aucun contrat n’est passé dans la République sans qu’il respecte la règle des marchés publics. » Heureusement, est-on tenté de dire, il ne manquerait plus que ça ! Et d’ajouter : « Mise en concurrence, transparence, responsabilités de celles et ceux qui signent. » Comme ce n’est pas lui qui signe et qu’il est constitutionnellement irresponsable, traduire : « Ce n’est pas la peine de venir me chercher. » Tiens, d’ailleurs, sa phrase « Que ça aille au pénal », du ton provocateur qu’on lui connaît, n’est pas sans nous en rappeler une autre, au temps de l’affaire Benalla, reléguée aujourd’hui au rang d’histoire ancienne qui n’intéresse plus personne. C’est légal, donc, il n’y a rien à dire. Argument qui nous rappelle une autre affaire touchant aussi la Macronie : celle des Mutuelles de Bretagne avec Richard Ferrand – là aussi, une histoire qui remonte à l’Antiquité, le monde tournant tellement vite, vous savez. Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, avait déclaré, en mai 2017 (la période bleue du règne) : « Une chose est sûre : il n’y a rien d’illégal, il n’y a rien qui ne serait pas moral. » En déroutant le problème sur le plan strictement juridique, jette son premier fumigène sur cette affaire McKinsey.

Le deuxième fumigène (rappelons qu’un fumigène a pour fonction d’enfumer) lancé par le candidat-Président est d’affirmer que cet appel à des n’a rien de nouveau et qu’on ferait bien d’aller voir ce qui s’est fait avant. « Je ne suis pas persuadé que, sous ce quinquennat, il y a eu moins [ a voulu dire « plus ».

Lapsus révélateur ?] de contrats que sous certains autres, y compris de ceux qui nous attaquent aujourd’hui. » Suivez mon regard… Notons que le chef de l’État dit « Je ne suis pas persuadé que » et non « J’ai la certitude… » Manque de chance, le rapport du Sénat, rendu le 17 mars, affirme que les contrats avec ces cabinets avaient plus que doublé entre 2018 et 2021. 2021 serait une année record : un milliard d’euros ! Soit, pour donner quelques éléments de comparaison, en gros, le quart du budget du ministère de la Culture ou encore l’équivalent (à cent millions d’euros près…) des économies attendues de la réforme des APL, comme l’avait claironné Emmanuelle Wargon devant le Sénat, en novembre 2021. Tiens, d’ailleurs, il paraît que cette réforme avait été concoctée par McKinsey. Rien ne se perd, tout se transforme ! Mais soyons honnêtes, ce cabinet n’a empoché « que » 3,88 millions d’euros pour concocter cette réforme. Une paille au regard des économies escomptées en faisant les poches de ceux qui bénéficient de cette allocation.

Troisième fumigène d’Emmanuel Macron : c’était la guerre (du Covid). Désormais un grand classique. « Quand tout le monde est sur le pont », que ça dormait sur des lits de camp dans les bureaux des ministères, il a fallu faire appel à du renfort, à toutes les compétences, à toutes les bonnes volontés, aussi. Et d’évoquer l’appel aux réservistes, aux bénévoles, histoire de faire pleurer dans les chaumières. Mettre dans le même élan solidaire les cabinets de conseil, les réservistes et les bénévoles dont le coût de prestation devait être un tantinet plus bas, il fallait oser. Il a osé !

Quatrième et dernier fumigène : n’a pas payé l’impôt sur les sociétés ? « Je me bats depuis le début de mon mandat pour que toutes les entreprises qui travaillent en France, qui font des bénéfices en France, payent l’impôt. » « Mais ce n’est pas le cas visiblement », ose avancer le journaliste qui frôle le crime de lèse-majesté. Réponse à tout : « Mais non, parce que les règles n’étaient pas celles-ci... » Je me suis battu à l’international, avec Trump, ça n’a pas pu se faire (évidemment !), avec Biden, on a pu (re-évidemment !). Et, brochant sur le tout : « L’Europe est en train de le transcrire » [ce changement de règles]. Chapeau l’artiste !

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