« Je crois que pour être Président, il faut du sang-froid, il faut de la maîtrise et, si possible, un peu d’élégance, parce que le Président représente les Français. »
Ainsi parlait Christophe Castaner sur BFM TV, dimanche soir, commentant le geste d’Éric Zemmour.
Christophe Castaner, c’est en quelque sorte la Nadine de Rothschild de la Macronie. Un doute sur une question de savoir-vivre ? Par exemple, cravate ou nœud pap’, tongs ou chaussures à bascule, slip ou caleçon, pour les sorties du jeudi soir en boîte de nuit. Vite, un coup de fil à l’ancien ministre de l’Intérieur ! Doit-on dire la copine « à Zemmour » ou « de Zemmour » ? Pareil, SOS Castaner-Élégance. Car si le député des Alpes-de-Haute-Provence n’a pas fait ses classes à Buckingham Palace avec la duchesse de Bedford, faut reconnaître qu’il en connaît un rayon, en matière de savoir-vivre et d’élégance. Chez cet homme, tout est élégance soignée, jusque dans les détails, y compris la barbe de trois jours. La preuve, son goût pour les costumes à carreaux : « Parce que s’ils sont discrets, ils donnent une marque d’élégance et d’originalité, par rapport aux costumes classiques », qu’il a déclaré. Femme actuelle ? Non, Closer, octobre 2018. Élégance encore, alors qu’il était secrétaire général adjoint de la mairie d’Avignon et qu’il participait, en 1995, en pleine campagne des élections municipales, à la diffusion d’une bande dessinée à caractère pornographique représentant la candidate UMP, Marie-Josée Roig, caricaturée en dinde, en train de se faire empapaouter par le sénateur Alain Dufaut. À l’époque, Christophe Castaner n’avait sans doute pas encore lu les œuvres complètes de la baronne née Nadine Lhopitalier.
Et puis, surtout, il n’avait pas encore rencontré Emmanuel Macron. Qui, comme par hasard, correspond parfaitement au portrait-robot que Castaner fait d’un président de la République. « Sang froid » ? Sans doute, l’homme en a. D’ailleurs, l’écrivain Philippe Besson, laudateur présidentiel de début de règne, remarquait qu’Emmanuel Macron ne transpirait pas. C’est pratique, pour l’entourage immédiat. Une forme d’élégance suprême. Un constat que l’écrivain avait fait en accompagnant le Président aux Antilles. Paraît que les serpents, animaux à sang froid, eux non plus, ne transpirent pas. Mais puisqu’on est aux Antilles, comment ne pas évoquer le concours d’élégance que fit un Emmanuel Macron en manches de chemise, serré contre de jeunes hommes qui, eux, n’étaient sans doute pas à sang froid et avaient « l’élégance d’être noirs », pour mal paraphraser la chanson de Jacques Brel. Comment, aussi, ne pas se souvenir de cette fameuse fête de la musique de 2018, véritable épiphanie de l’élégance française. Élégance, encore, quand Emmanuel Macron prononce, sous les caméras, un « Bonjour Messieurs Dames », formule que l’on croyait réservée aux préliminaires commerciaux en allant chercher le pain. Élégance, quand tu nous tiens !
« Si possible, un peu d’élégance », qu’il a dit, Castaner.
Et un peu de décence, aussi. Si c’est possible.
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