Ces témoignages permettent d’étayer les propos déjà abondamment discutés de l’ancien président de la République et de leur donner un éclairage : ils savaient qu’ils devaient agir et ils n’ont rien fait… car ils ne pouvaient rien faire, tant ils étaient noyés sous la complexité de la situation.
Ainsi, l’ancien patron de la Direction générale de la Sécurité extérieure Bernard Barjolet savait « qu’un ordre avait été donné de frapper l’Europe, plus particulièrement la France. Nous savions que des opérationnels avaient été sélectionnés, s’entraînaient dans ce but. Nous connaissions plusieurs des acteurs et pourtant, nous n’avons pas empêché ce drame, alors que l’une des missions de mon service est de détecter les menaces qui ont leur origine à l’étranger, et de les entraver. » Tout en rappelant que des attentats ont été déjoués avant le 13 novembre 2015, il ne nie pas la stupeur qui a été celle de ses agents lorsqu’ils ont appris, après l’attentat, qu’Abdelhamid Abaaoud, coordonnateur des attentats, se trouvait en France ; il était pourtant dans le viseur de la DGSE depuis 2013 !
Enfin, il évoque le manque de moyens de ses services face à l’immigration massive : il n’ont pu contrôler le flot de migrants arrivé sur le territoire. Il était évident que des djihadistes étaient infiltrés parmi le million de Syriens qui ont débarqué en Europe au cours de l’été précédant l’attentat. Mais comment exercer des contrôles sur une aussi grande quantité de personnes ? Comment une politique d’ouverture des frontières pouvait-elle produire d’autres conséquences ? À qui la faute ?
Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur à l’époque, qui indique à son tour savoir « que nous serions la cible d’attaques mais [sans savoir] la date ni les cibles visées », s’est trouvé confronté à un autre problème dans les mois qui ont précédé les événements du Bataclan : celui des jeunes partis faire le djihad. Arrivé place Beauvau en 2014, il avait constaté « un nombre de plus en plus important de ressortissants français et européens qui partaient sur le théâtre des opérations ». Il a ainsi évoqué, lors du procès, le cas de Samy Amimour, un des terroristes du Bataclan, qui était sous le coup d’un contrôle judiciaire lorsqu’il est retourné en Syrie : « La question qui se pose est comment il a pu partir. Les informations communiquées publiquement sont qu’il n’avait pas pointé à son contrôle judiciaire. Les informations de mes services sont différentes. Je n’avais pas connaissance de la violation de son contrôle judiciaire. » Ainsi que celui d’Ismaël Omar Mostefaï, un autre terroriste du Bataclan : « À ma connaissance, c’est au moment où il part qu’on découvre qu’il est radicalisé. » Il est difficile de ne pas voir ici une défaillance dans la politique de « prévention de la radicalisation ». Mais cette velléité de combat contre la radicalisation n’était-elle pas un leurre ? Comment contrôler en leur for intérieur des jeunes qui ont la volonté de combattre dans les rangs de l’État islamique ?
Ainsi, ils savaient (du moins en partie) et n’ont rien pu faire. Mais est-ce vraiment un manque d’efficacité ? Ou est-ce le fruit de plusieurs années de politique déconnectée des réalités liées à l’immigration massive ? À qui la faute ?
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