Dans un contexte particulièrement difficile après l’assassinat d’Éric Masson et le suicide d’un des leurs, les policiers organisent, mercredi, à Paris, une manifestation à laquelle se joindra Gérald Darmanin lui-même.
Quel avenir pour les gendarmes et policiers ? Comment leur permettre d’exercer leur métier ?
Réaction de Michel Thooris au micro de Boulevard Voltaire.
Après la mort dans l’exercice de ses fonctions, d’Eric Masson, un de vos collègues quadragénaire et père de deux enfants s’est lui donné la mort. La période est difficile pour la police.
Cette période dure depuis trop longtemps. Entre les collègues tués dans l’exercice de leur fonction et ceux qui se suicident, notre institution traverse la période la plus sombre depuis la Seconde Guerre mondiale.
Pour protester contre cette situation à l’appel des syndicats majoritaires, une grande manifestation de policiers aura lieu demain. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin sera présent à cette manifestation. Comment interpréter cette sortie sur « le terrain » du ministre de l’Intérieur ?Il n’y a aucune surprise. Tout ceci a été orchestré. Le Beauvau de la sécurité a été créé par les syndicats pour protéger la macronie. Cette manifestation a été organisée par les syndicats pour aussi protéger la macronie et servir de tribune politique à des personnalités de tout bord qui vont venir de manière publique afficher leur prétendu soutien à notre profession pour nous planter un coup de couteau dans le dos à la première occasion. Tout ceci est une instrumentalisation des syndicats de police. Ces derniers ne font que le jeu du pouvoir politique et tentent d’étouffer la contestation des collègues en interne.
Beaucoup ont passé les concours pour être gardiens de la paix. Cela montre que le métier de policier attire encore.
Je crains que ces élèves gardiens de la paix déchantent très rapidement sur leurs idéaux, lorsqu’ils auront intégré les services de police actifs et qu’ils vont se rendre compte du désarroi dans lequel se trouve notre institution.
Cette institution est en plein délitement. Néanmoins, que demandez-vous pour vous permettre de faire correctement votre métier ? Votre métier peut-il être correctement fait aujourd’hui
La première et seule réforme capitale pour les policiers et les gendarmes est une réforme de la légitime défense qui permettra aux collègues de se défendre et d’ouvrir le feu avant d’être abattus.
Ensuite, un réarmement idéologique et moral permettrait aux policiers de ne pas se présenter devant des dealers avec des roses, mais d’arriver sur ce type d’intervention de manière musclée pour protéger l’intégrité physique des collègues.
Pour la légitime défense, cela passe par une réforme de la loi via le parlement. Et pour les moyens d’action de la police, cela passe vers un arrêt du police bashing permanent où systématiquement on accuse les policiers d’être des affreux racistes violents à la moindre interpellation musclée de dealers. Malheureusement, je ne crois pas à une possibilité d’évolution concernant l’une ou l’autre de ces propositions dans la mesure où l’intégralité du syndicat de police refuse de soutenir la réforme de la légitime défense. Il n’accompagne que des mesurettes proposées par le gouvernement. On parle d’un durcissement des peines qui ne sont jamais appliquées par les tribunaux correctionnels ou la Cour d’assises.
Il y a une volonté de gagner du temps pour approcher l’échéance présidentielle de 2022 et surtout de ne rien faire.
Malheureusement, notre organisation syndicale déplore cette situation. Demain, nous enverrons tout de même une délégation à la manifestation pour faire entendre nos revendications que nous sommes les seuls à porter, mais nous irons avec une pince à linge sur le nez, très conscients de l’instrumentalisation de la récupération politique. Cela fait 30 ans que l’on prend nos collègues pour des couillons en organisant des manifestations qui n’aboutissent jamais sur rien. Demain, les citoyens seront pris pour des idiots puisqu’on les invite à participer à une manifestation qui ne changera absolument rien en termes de sécurité pour la nation. On regrette cette situation, mais on essaiera malgré tout de faire entendre nos revendications dans un paysage politico syndical extrêmement compliqué.
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