Il
est assez rare d’avoir l’occasion de saluer le comportement d’un membre
du gouvernement français, par les temps qui courent.
Je ne vais pas la manquer. Et je vais approuver un changement d’attitude diplomatique vis-à-vis de cet immense danger planétaire qu’est la Chine.
Il était temps, me direz vous.
Le 12 mai, le gouvernement chinois a demandé à la France d’annuler un contrat d’armement de 25 millions d’euros passé entre la France et Taïwan, portant sur la rénovation de frégates La Fayette vendues en 1991, rapporte le site Opex 360.
En effet, la Chine ne reconnaît pas l’indépendance de Taïwan et considère l’île comme une de ses provinces – ce que Taipei réfute absolument, bien entendu.
L’île, ultime repli des forces nationalistes de Tchang Kaï-chek vaincues par les maoïstes en 1949, est, depuis, dans le viseur du Parti communiste chinois et vit dans la hantise permanente d’un débarquement des troupes du grand frère continental.
Elle bénéficie de la protection des États-Unis, mais depuis quelques années, la montée en puissance de Pékin sur la scène internationale inquiète au plus haut point les autorités taïwanaises, qui ne veulent pas subir le sort de Hong Kong et vivre dans l’enfer du communisme.
Taïwan se sent de plus en plus seule, face à l’ogre qui attend son heure.
Il est bon que la France, comme les autres états européens, manifeste son soutien à ce petit pays ami, qui résiste courageusement à l’ogre chinois bien mieux que les grandes puissances ne le font, d’ailleurs, pour défendre leurs intérêts.
Jean-Yves Le Drian a envoyé à son homologue chinois une fin de non-recevoir d’une sécheresse peu diplomatique : « Face à la crise du Covid-19, toute notre attention et tous nos efforts doivent être focalisés sur la lutte contre la pandémie » (Ouest-France, 13/5/2020).
Façon de renvoyer Pékin dans les cordes, rappeler à la décence qui devrait s’imposer dans les circonstances actuelles.
Il y a quelques semaines, l’ambassade de Chine était convoquée au Quai d’Orsay, suite à des accusations portées contre les personnels français des EHPAD, jugés coupables d’avoir abandonné les malades à leur sort – tout ça pour en conclure que Pékin a bien mieux géré la pandémie que nous. Il est vrai que, pour faire respecter le confinement, le PCC use d’arguments et de méthodes que peu osent braver et qui, fort heureusement, n’ont pas cours sous nos cieux…
Après avoir engendré un tel désastre, la Chine se vante donc d’être un pays totalitaire et nous incite à l’imiter.
Comment la Chine peut-elle encore se poser en donneur de leçons après avoir provoqué la plus grave crise de l’Histoire contemporaine ?
Comment oser encore hausser le ton, s’ingérer dans les affaires des autres, dicter ses prérogatives après avoir intoxiqué, et finalement ruiné, le monde entier ?
Le comportement de Pékin nous en dit long sur les habitudes qu’a prises la Chine ces dernières années, celles d’un pays qui se croit au-dessus des lois, se sent assez fort pour donner des consignes au Quai d’Orsay sur ses relations avec des états tiers.
Il nous en dit long, aussi, sur l’arrogance d’une Chine qui n’acceptera pas facilement de se retrouver traduite au banc des accusés et sortira ses griffes à la moindre occasion…
Olivier Piacentini
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