Le zélé fonctionnaire, qui pendant des semaines venait tous les soirs, sur les écrans familiaux, nous énumérer le macabre décompte journalier des victimes de l’épidémie,
entretenant par là même un climat de crainte, voire de panique, chez
certains de nos concitoyens, a troqué son rôle d’affoleur public pour
celui non moins antipathique de donneur de leçons.
Le bas peuple aura donc enfin accès aux tests sériques, mais attention, il y a tests et tests, et à l’entendre, le peuple, stupide par essence même, est incapable de lire un auto-test et devra se faire assister par un professionnel de santé.
Certes, il y a des faux négatifs et des faux positifs et il peut s’avérer parfois nécessaire de demander une confirmation par un autre procédé de dépistage.
Tous les professionnels savent cela, et une annonce de mise en garde de quelques secondes aurait suffi pour avertir le grand public des possibilités d’erreur liées à ces auto-tests ; pour les professionnels de santé, un simple courriel précisant les modalités d’application aurait fait l’affaire.
Les données sont simples : le test est positif si le sang contient des anticorps anti-coronavirus.
Ces anticorps révèlent que le sujet a été en contact avec le virus soit à la suite d’un épisode infectieux soit parce qu’il est porteur sain (et éventuellement contagieux).
Ces tests ne permettent pas de préciser la date de la contamination, il est donc difficile d’en faire un critère d’isolement et nous ne savons pas encore si la présence d’anticorps entraîne une immunité durable ou non.
Il eût été intéressant de posséder cet arsenal diagnostique, surtout en début d’épidémie, afin de faire un tri sélectif des malades en l’associant à la recherche du virus dans les sécrétions naso-pharyngées.
Mais si l’épidémie, comme le pensent beaucoup de médecins, tire à sa fin, ces tests perdent beaucoup de leur intérêt, à moins que l’immunité ne soit durable, ce qui permettrait de connaître les personnes immunisées.
Seul l’avenir nous le dira.
Ces discours télévisés qui se veulent didactiques (repris ensuite, presque mot pour mot, par le zélé ministre de tutelle) sont très désagréables ; ils infantilisent le peuple, comme s’il était nécessaire de lui infliger des leçons magistrales pour qu’il n’ait pas à se poser de questions, à réfléchir ou à se prendre en charge.
On lui demande simplement d’obéir et de faire confiance à ceux qui se prennent pour ses maîtres, car eux savent et ne peuvent se tromper !
Mais n’est-ce pas ces mêmes responsables qui, il y a quelques mois, pour résoudre le problème de l’encombrement des services d’urgence, proposaient aux chefs d’établissement un dédommagement de 60 €, le forfait de réorientation évoqué dans Le Quotidien du médecin, pour tout malade renvoyé vers les praticiens de ville (déjà en nombre insuffisant et avec des carnets de rendez-vous surchargés) ?
Sans pour autant, bien sûr, augmenter le tarif de cette consultation imposée au médecin de ville !
Cette idée géniale a fait long feu (pour l’instant) et il est probable que la gestion de cette crise n’ajoutera rien à la gloire de ses auteurs.
Dr. Jacques Michel Lacroix
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