EDITION N°3449 - PARU LE 08/05/2020 - ECRIT PAR Chistian Authier
Présentations
biaisées, statistiques hors contexte, éléments occultés : la crise du
Covid-19 offre un exemple peu commun de désinformation.
«Je ne
crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées»,
disait Winston Churchill.
On prête une autre phrase sur le sujet à
l’ancien Premier ministre qui aurait déclaré, qu’à l’instar des bikinis,
ce que les statistiques montrent est intéressant, mais que ce qu’elles
cachent est essentiel… On ne saurait mieux dire à propos des
statistiques et des chiffres dont nous sommes abreuvés avec la crise du
Covid-19 à l’image en France des points-presse du directeur général de
la Santé Jérôme Salomon.
Chaque soir, ou presque, une litanie macabre
est égrenée avec le nombre de pays touchés et le «hit-parade» des
nations comptant le plus grand nombre de décès avant un décompte
hexagonal mêlant personnes infectées, personnes étant entrées à
l’hôpital, personnes admises en réanimation, lits libérés, etc.
Une
somme d’informations qui doit plus à la «communication politique» au
sens large du terme qu’à la présentation la plus objective possible des
faits.
Présentations biaisées
En réalité, l’absence de mise en perspectives de certains
chiffres sert à valider les choix opérés par l’Etat, dont au premier
lieu le confinement strict de la population.
Il s’agit donc de faire
peur, notamment pour pousser les individus à suivre le confinement, de
mettre en avant les éléments les plus inquiétants, de minimiser ou
d’occulter ceux qui pourraient relativiser l’ampleur du péril.
Dans ce
que l’on pourrait qualifier de manipulation ou du moins de présentation
biaisée, placer les Etats-Unis en tête des pays les plus touchés en
terme de victimes est justifié en chiffre absolu, mais n’a guère de
sens.
On ne peut pas comparer un pays de près de 330 000 millions
d’habitants avec, par exemple, la France et ses 67 millions d’habitants
ou avec la Belgique et ses 11,4 millions d’habitants…
Or, si l’on
considère le nombre de décès en proportion de la population (le seul
critère qui ait du sens), la France, à ce jour, s’en tire beaucoup plus
mal que l’Amérique du tant honni Donald Trump. Nous comptions ainsi
(chiffres du 3 mai) 37,2 morts pour 100 000 habitants contre 20,5 aux
Etats-Unis tandis que c’est la Belgique qui détient depuis un moment le
triste record mondial de plus forte mortalité avec 68,7 décès pour 100
000 habitants.
Autre présentation fallacieuse : nous sommes face à une
pandémie mondiale touchant 195 pays.
Là encore, c’est factuellement
vrai, mais cela cache l’essentiel.
Si l’on considère encore une fois le
nombre de décès, selon le décompte effectué par l’OMS le mardi 5 mai (à
11h GMT), on dénombrait 251 000 victimes à travers la planète.
Cependant, en observant de plus près les chiffres, on se rend compte que
cinq pays représentent à eux seuls plus des deux-tiers des victimes :
Etats-Unis (69 000), Italie (29 000), Royaume-Uni (28 700), Italie (25
400) et France (25 200), soit 180 000 au total.
Par ailleurs, si l’on
ajoute les dix autres nations les plus touchées en chiffres absolus –
soit la Belgique (7900), l’Allemagne (6900), les Pays-Bas (5100) et la
Suède (2800) en Europe ainsi que le Brésil (7100), l’Iran (6300), la
Chine (4600), la Turquie (3400), le Canada (3800) et le Mexique (2100)
pour le reste du monde –, nous arrivons à 230 000 victimes pour un
chiffre total de 250 000. Ce qui signifie que 15 pays uniquement
concentrent environ 92 % des décès…
On imagine donc ce que pèse la
létalité du Covid-19 pour les 180 autres pays.
En résumé, on peut dire
que la très grande majorité des nations n’est pas ou peu touchée.
Mais ces réalités pèsent peu face au rouleau compresseur
médiatique et politique, aux projections apocalyptiques des uns et des
autres, aux discours sur une épidémie telle que l’humanité n’en avait
pas connue depuis la grippe espagnole.
Faux encore.
En 1968, un virus
respiratoire venu de Hong Kong tua un million de personnes dans le monde
et fit 31 000 victimes en France.
Dix ans auparavant, la «grippe
asiatique» causa plus d’un million de décès dans le monde (au moins 15
000 en France).
Age moyen des décès : plus de 80 ans
Par ailleurs, quand les chiffres réels font défaut, il
suffit d’en inventer – pardon de «modéliser» comme l’on dit en termes
«scientifiques».
Ainsi, le 12 mars, le Conseil scientifique – groupe de
dix experts mis en place par Emmanuel Macron le 11 mars – présentait dès
le lendemain à l’Elysée une modélisation établissant que la France
compterait entre 300 000 et 500 000 victimes du Covid-19 en l’absence de
mesures radicales.
C’est donc notamment sur cette projection,
particulièrement catastrophiste et ne faisant nullement l’unanimité dans
la communauté scientifique, qu’a été décidé le confinement quasi
intégral de la population.
Par la suite, d’autres études ont estimé le
nombre de vies qui auraient été «sauvées» chez nous grâce au
confinement.
Ainsi, fin avril, l’Ecole des hautes études en santé
publique affirmait que le confinement avait évité 61 739 décès dans les
hôpitaux.
Il faut saluer la remarquable précision de ces scientifiques
capables de chiffrer à l’unité près les vies virtuellement sauvées…
D’autant qu’au même moment, le ministre de la Santé était incapable de
faire preuve d’une telle précision à propos du nombre de tests
disponibles après le confinement : entre 500 et 700 000 par semaine.
En revanche, il y a un autre chiffre – pourtant bien réel
celui-ci et relativement facile à établir – sur lequel les autorités
politiques et sanitaires ne communiquent pas : l’âge moyen des victimes
du Covid-19 en France.
Il faut chercher, fouiller, ne pas se décourager,
mais les études officielles disponibles offrent les mêmes données.
L’âge moyen du décès pour cause de Covid s’établit à plus de 80 ans (de
80,5 à 84 selon les études).
On retrouve d’ailleurs ce même âge moyen à
l’étranger.
Plus précisément, entre le 1er mars et le 21 avril, 71 % des
personnes décédées en France avaient plus de 75 ans, 18 % entre 65 et
74 ans (donc 89 % de plus de 65 ans), 10 % entre 45 et 64 ans, 1 % entre
15 et 44 ans et les moins de 15 ans se situaient à 0 %…
A la lumière de
ces chiffres, certaines communications officielles paraissent relever
du bourrage de crâne et de la propagande (des fake news, dirait Sibeth
Ndiaye).
Ainsi, le 10 avril, lorsque Jérôme Salomon annonça à la
télévision lors de son point presse le décès en Île-de-France d’un
enfant «de moins de dix ans» ayant été testé positif au Covid-19.
De
quoi effrayer légitimement la population.
Et peu importe que le
directeur général de la Santé indique ensuite que la mort de cet enfant
avait des causes «multiples» (sic) et que ce dernier souffrait d’autres
pathologies.
Outre l’indécence du procédé (instrumentaliser la mort d’un
enfant) et l’absence de toute rigueur scientifique (aucune certitude
que le décès soit dû au Covid), on a ici un exemple de la désinformation
d’Etat la plus cynique qui soit.
Une fois cette crise sanitaire passée
viendra l’heure des comptes.
Il n’est pas impossible que certains à en
rendre.
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