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À la sortie du confinement, Charles Gave, essayiste et entrepreneur, alerte sur l’imminence d’une crise économique et de la mise en place d’une société de contrôle.
Et si le confinement était la première étape de la mise en place d’une société orwellienne ?
Qui paiera l’addition de cette crise sans précédent ?
L’entrepreneur Charles Gave tente de répondre à ces questions qui inquiètent les Français, alors que le processus de déconfinement doit débuter d’ici le 11 mai.
Une crise économique et sociétale pourrait bien prendre le relais de la crise sanitaire qui perdure depuis deux mois.
Infos-Toulouse : Dans quelle situation économique se trouvait la France, avant l’arrivée du coronavirus ?
Charles Gave : La France était dans une situation déjà assez difficile.
Le poids de l’État dans le PIB était de près de 57,5%.
À titre de comparaison, l’Allemagne c’est près de 40% et la Suisse, 30%.
Nous sommes le pays où le secteur public a la part la plus élevée dans le monde.
La conséquence est que le secteur privé est au plus petit niveau (43%).
À partir du moment où l’État siphonne toute la richesse créée dans un pays, il s’appauvrit, c’est un déficit budgétaire qui n’en finit plus et c’est une dette colossale qu’il faudra rembourser un jour.
Doit-on craindre un effondrement du secteur privé ?
Parmi la part totale du secteur privé, le tourisme en France représente 10%.
Aujourd’hui, il est à zéro, on va avoir une baisse absolument cataclysmique du secteur privé, des petits commerces, des restaurants, des hôtels, des cafés, des petits entrepreneurs…
Il risque d’y avoir un écroulement de tout ce tissu des petites et moyennes entreprises, en particulier en province.
On est dans une situation extrêmement difficile, beaucoup de gens vont mettre la clé sous la porte.
Les mesures du gouvernement en faveur des entreprises, vont-elles pouvoir limiter la casse ?
Prêter 25% du chiffre d’affaires à une entreprise qui a dû fermer techniquement, c’est une bonne réponse du gouvernement.
C’est un substitut au fond propre qu’ils n’ont pas.
Néanmoins, les commerçants ont subit les Gilets jaunes, les grèves contre la réforme des retraites et maintenant le coronavirus.
Après deux ans de galères, je ne sais pas ce qui leur reste.
C’est cette vie de quartier et de petite ville qui vient de subir un arrêt presque sans précédent dans l’histoire.
Les classes moyennes vont-elles encore devoir en payer le prix ?
Oui… Si le secteur privé baisse encore de 10%, je ne connais pas d’exemple dans l’histoire d’un pays où le secteur public passe au dessus de 60% du PIB sans qu’il ne se passe des phénomènes très graves.
L’économie vit de mouvements, si vous bougez vous créez de la valeur.
Si vous empêchez les gens de bouger, vous empêchez toute création de valeurs pendant deux mois. On ne parle pas de profit, on parle de chiffre d’affaires qui disparaît.
Il faudra plusieurs années pour s’en remettre.
Peut-on voir un élan de solidarité se former envers les commerçants ou les restaurateurs de proximité ?
C’est ce qu’il faudrait faire, mais je ne sais pas si on aura le temps de l’organiser.
Il bénéficiera de délais de paiement mais en attendant il continue de payer.
Ne vaut-il pas mieux de déposer le bilan et de ne pas payer pour ensuite rouvrir dans un an ou deux ?
Cependant, ce n’est pas sûr qu’il rouvre.
Le seul endroit où la solidarité s’exerce toujours sans problème c’est dans la famille, dès que la solidarité dépasse la famille, ce n’est plus très crédible.
Le communisme ça ne marche qu’en famille ou dans les monastères.
Que vous inspire l’effacement de la dette des pays africains, annoncé par Emmanuel Macron ?
C’est ce qu’ils doivent payer.
C’est un actif pour quelqu’un, une compagnie d’assurance, une banque ou un État.
Vous n’enrichissez pas forcément celui à qui vous annulez la dette, mais il est certain que vous appauvrissez celui qui l’avait dans son actif.
On dirait une espèce de génuflexion auprès de la gauche bien-pensante mais à l’évidence, Emmanuel Macron ignore que quand il y a un passif, il y a un actif de l’autre côté.
Je ne sais même pas s’il a le droit constitutionnel d’annuler une dette dont il n’est pas le détenteur.
Craignez-vous que cette crise affaiblisse l’État de droit ?
On est en plein dedans.
S’il y a un vaccin, on va nous forcer à nous vacciner.
Admettons que je dise non, il y aura inscrit dans tous les ordinateurs que j’ai refusé, je ne serai plus accepté dans un avion, je ne pourrai pas emprunter de l’argent…
On arrive dans un monde où la conjonction entre la technologie et la médecine va nous amener à une société où je serais prévenu sur mon téléphone si j’ai eu la varicelle il y a deux mois, ou même si je ne pense pas correctement.
Est-ce que le coronavirus aura eu raison du modèle capitaliste mondialisé tel que nous le connaissons actuellement ?
Il aura eu raison des droits de l’Homme.
Vous pouvez tout à fait avoir un système comme en Chine, où les gens n’ont pas tellement de droits mais ont le droit de bosser et de produire de la richesse.
On perdra de nos libertés, mais on ne perdra pas l’obligation de travailler, au contraire, on suivra à la trace celui qui refuse de travailler.
L’exploitation de l’homme par le technocrate ne fait que commencer.
On rentre dans une société où le but des élites est le contrôle des populations.
C’est Orwell.
Selon vous, fallait-il éviter le confinement ?
La médiane des personnes décédées est de 81 ans.
Il fallait confiner les vieux comme moi et laisser la paix aux autres.
Il n’y avait pas de raison.
Pourquoi empêche-t-on les enfants d’aller à l’école alors qu’ils ne se rendent souvent même pas compte qu’ils l’ont attrapé ?
On a une espèce de crise mimétique à la René Girard qui a touché tous les gouvernements du monde. C’est quand même une très bonne occasion de mieux contrôler la population… Ce qui est gênant.
Pourrait-on encore arriver à contourner cette société de contrôle qui se profile ?
Je ne suis pas d’un naturel pessimiste.
Mais j’ai des amis pessimistes qui disent que « si tu es optimiste tu achètes de l’or, si tu es pessimiste tu achètes un fusil ».
Jamais, la classe dirigeante n’a eu autant de capacités pour mettre à profit des crises pour mieux contrôler la population.
Julien Rochedy a récemment proposé votre nom pour conduire la droite à la prochaine présidentielle. Serez-vous prêt à vous lancer dans l’aventure ?
Je suis très flatté, je ferai certainement mieux que tous les corniauds qui sont là depuis trente ans. Mais compte tenu de la société que je viens de vous décrire, la probabilité que je puisse passer au travers du contrôle pour être élu est égal à zéro.
infos-toulouse
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