Manuel, le Gilet jaune éborgné après un tir de grenade lacrymogène lors de l’acte 53 à Paris, est sorti de l’hôpital.
Pour Sputnik et accompagné de Jérôme Rodrigues, il a accepté de revenir sur cette journée de tensions et ses conséquences. Un reportage exclusif.
L’anniversaire du mouvement des Gilets jaunes a de nouveau été marqué par une journée de violences.
Des vitrines saccagées, des poubelles et des voitures incendiées, les images de l’acte 53 ont fait le tour du monde, et les réelles revendications des Gilets jaunes ont de nouveau été étouffées.
De nouveaux blessés du côté des manifestants comme Manuel, un Lillois de 41 ans, devenu depuis samedi le 25e éborgné des Gilets jaunes.
Sorti de l’hôpital, il a accepté de témoigner pour Sputnik qui n’est pas venu seul.
En signe de soutien et pour le remercier de son dévouement pour le mouvement, Jérôme Rodrigues, qui lui aussi victime d’un LBD en janvier dernier a perdu l’usage de son œil, lui a rendu visite. Qualifiant les victimes touchées à l’œil lors de manifestations d’«éborgnés d’Emmanuel Macron».
La mobilisation s’est déroulée place d’Italie dans le XIIIe arrondissement, sur décision du préfet après un refus d’un premier parcours.
Dans un communiqué, les organisateurs reprochent à la préfecture d’avoir imposé ce lieu, et «ce en dépit des réserves du maire du XIIIe arrondissement, compte tenu des importants chantiers en cours et du mobilier urbain entreposé».
Manuel et Séverine, sa femme, qui étaient venus manifester pacifiquement, dénoncent un guet-apens, une "corrida humaine".
Les tentatives pour sortir de la place étaient nombreuses mais aucune issue de sortie ne s’est offerte à eux, d’un côté les forces de l’ordre et de l’autre les black blocs, étonnamment nombreux, selon la femme de Manuel.
Très vite, la tension monte d’un cran.
Manuel est sur la place en train de discuter avec un street medic, une caméra fixée sur son casque filme l’échange, lorsqu’une grenade lacrymogène le touche en plein œil.
La vidéo est rapidement devenue virale et a relancé le débat autour des violences policières.
Pour David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN-UNSA), le projectile a pu être tiré par n’importe qui (???).
Mais Manuel en est certain, le tir provenait des forces de l’ordre.
Une prise en charge douteuse
Manuel et Séverine, sa femme, qui étaient venus manifester pacifiquement, dénoncent un guet-apens, une "corrida humaine".
Les tentatives pour sortir de la place étaient nombreuses mais aucune issue de sortie ne s’est offerte à eux, d’un côté les forces de l’ordre et de l’autre les black blocs, étonnamment nombreux, selon la femme de Manuel.
Très vite, la tension monte d’un cran.
Manuel est sur la place en train de discuter avec un street medic, une caméra fixée sur son casque filme l’échange, lorsqu’une grenade lacrymogène le touche en plein œil.
La vidéo est rapidement devenue virale et a relancé le débat autour des violences policières.
Pour David Le Bars, secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN-UNSA), le projectile a pu être tiré par n’importe qui (???).
Mais Manuel en est certain, le tir provenait des forces de l’ordre.
⚠️ Image très violente !!! Blessure à l'oeil un commentaire @CCastaner @prefpolice #PlaceItalie #16Novembre #Acte53 #Paris #GiletsJaunes #Manu #1AnDeColère Mais on imagine que #IGPN va pas réussir a identifier le tireur et ce sera classé sans suite ... pic.twitter.com/HGuJjwydzS— Altra (@AltraMale) November 17, 2019
La femme de Manuel l’avoue «On a eu de la chance dans notre malheur de parler à un street medic», qui a pu rapidement apporter les premiers soins et l’accompagner vers les pompiers.
Passé par deux hôpitaux, c’est la prise en charge de l’hôpital de la Salpêtrière qui a suscité l’incompréhension.
Après avoir nettoyé la blessure, les médecins ont affirmé qu’il n’allait pas perdre son œil et qu’il pouvait rentrer chez lui.
Mais venu de Valenciennes en bus, aucun moyen pour eux de partir sur le coup.
«Ils ont dit qu’ils n’y avait plus de lits disponibles et nous ont suggéré d’aller à l’hôtel. Quand je leur ai dit que je n’avais pas de carte bleue sur moi, ils m’ont proposé un brancard dans le couloir et à ma femme, une chaise. On a passé la nuit comme ça, je n’ai eu accès à aucuns antidouleurs. Le lendemain, on rentrait dans le Nord.»
Refus de passer par l’IGPN
Manuel se dit en colère, contre le tireur certes mais surtout contre ceux qui sont «au-dessus» et porte plainte mais refuse d’être auditionné par l’IGPN.
Il déclare: «on sait qui est au-dessus, ils ont l’art et la manière d’étouffer les affaires de violences policières».
C’est pourquoi, avec son avocat, ils ont demandé la désignation immédiate d’un juge d’instruction. Ce vendredi, une information judiciaire a finalement été ouverte pour «violences volontaires par une personne dépositaire de l’autorité publique suivies de mutilation ou infirmité permanente» et un juge d’instruction a été chargé de mener l’enquête.
Me Arié Alimi, l’avocat de Manuel, a félicité cette décision.
«Je me sens détruit. Il m’a coupé la vie. Mais on lâche rien, ce n’est pas pour ça que je vais arrêter de manifester.»
Mardi 18 novembre, Séverine confirme la fatalité à Check News, Manuel a bien perdu l’usage de son œil.
Un changement radical dans la vie de cet intérimaire dans l’automobile, qui affirme notamment devoir changer de travail.
Mais il garde la tête haute, il a reçu une vague de soutien que ce soit de Jérôme, de Gilets jaunes ou de non manifestants.
Selon lui, cet incident donne tort à tous ceux qui pensent que les Gilets jaunes sont violents, que s’il y a des blessés c’est sûrement qu’ils l’ont bien cherché.
«Nous, on était venus manifester pacifiquement, on n’est pas des casseurs. J’ai subi une violence alors que je n’ai rien fait.»
Une marche en soutien à Manuel est organisée ce samedi 23 novembre dans le Nord, par le groupe des Gilets jaunes de Valenciennes.
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