Le site de Charlie Hebdo avec la mise en ligne de dessins le 28 novembre Capture d'écran
Par Xavier FRERE
Les dessins de l'hebdomadaire satirique sur la mort des militaires français le 25 novembre au Mali suscitent "l'indignation" et "l'incompréhension" du chef d'état-major de l'armée de terre, Thierry Burkhard.
Les dessins de l'hebdomadaire satirique sur la mort des militaires français le 25 novembre au Mali suscitent "l'indignation" et "l'incompréhension" du chef d'état-major de l'armée de terre, Thierry Burkhard.
Ce dernier a publié ce samedi un communiqué, invitant Riss, le directeur de la publication, à la cérémonie lundi, aux Invalides.
Une famille aurait également décidé de porter plainte contre le journal.
Charlie Hebdo a-t-il été trop loin dans l'humour noir, très noir, voire morbide ?
En tout cas, les dernières caricatures sur la mort de 13 militaires de Barkhane au Mali le 25 novembre, diffusées sur son site internet, et non dans la version papier, par le journal satirique suscitent de vives réactions, notamment auprès de la hiérarchie militaire.
Une parodie de campagne de recrutement
Une tête de mort avec le slogan "Je protège mon pays, je progresse dans ma vie", ou un cercueil porté par des camarades avec "je suis tourné vers les autres, vers mon avenir".
L'hebdomadaire, dont la rédaction a été décimée en janvier 2015, parodie la campagne de recrutement de l'armée de terre avec plusieurs dessins signés Riss ou Biche entre autres.
"Après la mort de 13 soldats dans un accident d'hélicoptère au Mali, l'armée de terre a décidé de changer sa campagne de recrutement. Les slogans sont les mêmes (si, si ce sont bien les vrais) mais les visuels ont quelque peu changé", écrit en préambule Charlie.
Ces caricatures vont trop loin, pour l'armée, et pour les familles, écrit le chef d'état-major de l'armée de terre, Thierry Burkhard, dans un communiqué diffusé ce samedi 30 novembre sur les réseaux sociaux.
"Le temps du deuil de ces familles a été sali par des caricatures terriblement outrageantes dont votre journal a assuré la diffusion. Si l’indignation m’a d’abord gagné, c’est surtout une peine immense qui m’envahit en pensant au nouveau chagrin que vous infligez à ces familles déjà dans la souffrance", écrit le général, nommé fin juillet à ce poste.
"Le temps du deuil de ces familles a été sali par des caricatures terriblement outrageantes dont votre journal a assuré la diffusion. Si l’indignation m’a d’abord gagné, c’est surtout une peine immense qui m’envahit en pensant au nouveau chagrin que vous infligez à ces familles déjà dans la souffrance", écrit le général, nommé fin juillet à ce poste.
Profonde indignation et incompréhension à la vue de ce dessin de @Charlie_Hebdo_ . Mes pensées vont d’abord aux familles de tous les soldats morts au combat pour défendre nos libertés. pic.twitter.com/55L8hvV3ZF— Chef d'état-major de l'armée de Terre (@CEMAT_FR) 29 novembre 2019
"Qu’avons-nous donc fait, soldats de l’armée de terre, pour mériter un tel mépris ?", interroge-t-il.
L'une des familles des 13 victimes aurait déposé plainte contre l'hebdomadaire, selon Le Monde.
Au sein de la rédaction de Charlie, l'un des dessinateurs nous indique que l'équipe a travaillé sur "une critique de l'hypocrisie de la publicité" (pour le recrutement).
"Ceux qui choisissent d'y voir autre chose et de le comprendre autrement sont de petits précepteurs qui font de la récupération à peu de frais.
Ils n'ont que leur indignation à opposer pour nous faire la leçon et nous taper sur les doigts", ajoute ce caricaturiste.
Une réaction officielle rare
Ce n'est pas la première fois que Charlie Hebdo sort des caricatures anti-militaristes, anti-religieux, ou anti-politiques, mais c'est peut-être la première fois en revanche, que de façon officielle et via une voie officielle, un haut gradé de l'armée réagit par une lettre.
Dans celle-ci, Thierry Burkhard conclut en conviant Riss, directeur de la rédaction de Charlie, lundi aux Invalides pour "un dernier hommage" : "Je vous invite, avec sincérité et humilité, à vous joindre à nous ce jour-là, pour leur témoigner vous aussi, qui avez souffert dans votre chair de l’idéologie et de la terreur, la reconnaissance qu’ils méritent".
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