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jeudi 21 novembre 2019

Rupture, fracture… cassure : l’imposture du pompier pyromane






Quelle fierté d’avoir un président de la République si bon orateur.

Ah, il faut entendre les journalistes et les analystes s’ébahir devant « le caractère hors normes » du personnage, sa capacité de travail, de discourir en public, debout et sans notes ; « jusqu’à cinq heures sans boire ni transpirer ! », s’exclame une politologue chevronnée et chevrotante, en pâmoison.

Vous rendez-vous compte de la performance de ce marathonien de la palabre ?
Un véritable athlète du verbe toujours propre sur lui, à la ligne impeccable.
L’archétype rassurant du technocrate sans consistance ni relief.
Praticien des mots dont il use et abuse du pouvoir de séduction, comme le Larousse, il « sème à tous vents », et advienne que pourra !
Et le « Grand débat national », n’est-il pas génial, ce coup de marketing politique pour faire diversion de la grogne populaire et réaliser, aux frais de la République, un audit national des doléances locales ?
On n’en a pas le rapport que les contribuables ont pourtant financé, mais on ne doute pas que l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron l’exploite fébrilement pour préparer les élections de 2022.
Toutes les voies sont bonnes à explorer.
Est-ce que le prophète Nostradamus, chez qui certains illuminés croient détecter la prévision de l’incendie de Notre-Dame dans un quatrain du XVe siècle citant Jupiter, nous éclairerait sur une possible nouvelle plaie électorale en 2022 ?
L’aveuglement démiurgique des Lumières nous vaut-il cette double peine en attendant une Renaissance ?
Quand le Président commencera-t-il à présider ?
Choisi et soutenu par des lobbies français et étrangers pour combler opportunément le vacuum politique national, l’apprenti chef d’État, effectivement « hors normes » à bien des « égars » (du verbe égarer), est toujours en campagne politique.
Bouture urbaine aseptisée qui n’aime pas la campagne rurale et qui n’a aucune vision nationale, il n’a jamais commencé à diriger le pays, à éclairer le chemin.
Il passe son temps à disserter, consulter, commenter l’actualité, renvoyer son public à ses propres interrogations dans une posture faussement modeste, avec un art consommé de dire à son auditoire du moment ce que celui-ci a envie d’entendre dans l’instant.
A-t-il été élu pour ne faire qu’apprendre ?
Roi de la « parlote », il incarne ce qu’en chantait Jacques Brel : « C’est elle qui remplit d’espoir les promenades,/Les salons de thé,/C’est elle qui raconte l’histoire Quand elle ne l’a pas inventée,/C’est la parlote, la parlote […] Marchant sur la pointe des lèvres,/Moitié fakir et moitié vandale,/D’un faussaire elle fait un orfèvre,/D’un fifrelin elle fait un scandale,/La parlote la parlote […] C’est elle qui attire la candeur/Dans les filets d’une promenade,/Mais c’est par elle que l’amour en fleurs,/Souvent se meurt dans les salades… »
Pendant ce temps, la France se déchire.
Le chef « des tas » plutôt que d’État a davantage d’attention pour les minorités dont il se fait le chantre, y compris celles qui vomissent la France, reléguant la majorité à la marge.
On peut saluer, au passage, le sang-froid dont font preuve les millions de Français attachés à leurs racines chrétiennes et à leurs culture et mode de vie français honnis par une bande de sauvageons dans la rue, encouragés par une bande de déracinés au pouvoir.
Mais tout a des limites et le pompier pyromane Macron ferait bien de considérer que par la rupture qu’il incarne effectivement par goût ambigu de la transgression, la fracture sociale détectée depuis les années 1990 atteint un point de non-retour, et la cassure est réelle.
La soudure est-elle encore possible et viendra-t-elle des électeurs avant que la rue ne se soulève ?
Il ne suffit plus de répéter « C’est compliqué » comme le font de nombreux commentateurs dépassés par la situation.
Il s’agit de remettre les principes à l’endroit : des idées vraies et des sentiments généreux plutôt que l’inverse, comme le préconisait Charles Maurras.

Jean-Michel Lavoizard

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