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mercredi 27 novembre 2019

Foutez-moi tout ça dehors !

 
 

 
Platon traitait, il y a plus de 2.000 ans, dans La République, de ses réserves sur la notion de démocratie.

Il analysait avec une lucidité toujours d’actualité son inévitable glissement vers l’anarchie, une anarchie que seul un régime tyrannique pourrait, avec tous ses excès, remettre en ordre.

Nous n’en sommes pas loin…
La décadence de la civilisation, la médiocrité et la corruption des élites, tout est en place pour ce scénario.
Un scénario que nos responsables politiques savent écrire, en prenant allègrement le peuple pour des imbéciles.
C’est Juan Branco qui a mis au jour de jeu de rôle d’un cynisme effroyable.
Certes, les observateurs aguerris de la vie politique ne seront pas surpris de l’échange en question. Cela fait bien longtemps que l’on peut aisément comprendre la connivence du pouvoir (qu’il soit de centre gauche ou de centre droit depuis plus de trente ans) avec l’extrême gauche.
Mitterrand, en son temps, avait lui aussi su traiter avec les communistes.
Mais là… Là…
Entendre une discussion enregistrée en 2016 entre François Ruffin endossant le rôle de contestataire soutenant les ouvriers d’Ecopla avec le ministre de l’Économie et futur candidat Macron pour orchestrer leur rivalité sur le thème de la fermeture d’usines et du chômage…
On y parle avec froideur d’épisodes de communication, comme dans un scénario, ce qui n’est finalement pas étonnant puisque tous deux ont une passion commune pour le cinéma et le théâtre.
« Si on réfléchit stratégie, que vous soyez vivement interpellé par les salariés d’Ecopla, ça fera un épisode, ensuite, que vous y répondiez en disant moi je suis prêt à me déplacer sur place, bah, ça fait un deuxième épisode », lance Ruffin.
« Un : on échange sur le dossier ; deux : on vous tient au courant des avancées ; trois : vous m’interpellez publiquement ; quatre : dans la foulée, on cale ensemble une date de déplacement avant le 5 octobre et on voit comment on la communique ensemble », renchérit Macron.
« Et je pense qu’on sort d’ici en n’étant pas contents. »
« En disant vous avez fait part de vos… »
« De tout ça », conclut l’Insoumis.
Ce machiavélisme leur a plutôt bien réussi puisqu’ils ont été élus respectivement député et président de la République.
Une illustration parmi tant d’autres du jeu de notre système politico-médiatique.
Une communication où l’on traite « les épisodes » à la petite semaine, en dépit de l’intérêt général, sans aucune vision à long terme pour la nation et son peuple réduits à écouter les consignes de la bien-pensance pour voter comme il se doit.

Il fut un jour de 10 novembre 1799 (18 brumaire) où Murat entra dans la salle de l’Orangerie sous les ordres de Napoléon.

Suivis de ses fidèles grenadiers, il ouvrit la porte avec fracas sous les regards apeurés des députés devant les baïonnettes.

Les plus pressés commençaient déjà à sortir par les fenêtres quand le héros d’Aboukir déclama alors avec autorité : « Foutez-moi tout ça dehors ! »

Axel Vontargier

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