Philippe Bailly
Monsieur Lallement,
Il est des jours où la lumière apparaît, où la vérité ose se montrer, telle qu’elle est, sans fard.
Incontestablement la journée du 16 Novembre 2019 est à ranger dans cette catégorie.
À une dame se revendiquant « Gilet Jaune » vous avez, dans une morgue mal contenue, sèchement rétorqué « eh bien, nous ne sommes pas dans le même camp, Madame ».
Ce faisant, vous indiquez que, à vos yeux, et donc aux yeux du pouvoir, nous ne sommes plus dans une logique de lutte sociale ou de lutte des classes mais bel et bien dans une guerre plus ou moins larvée entre deux France qui se font face, deux France irréconciliables.
Dans cet élan de sincérité, probablement à votre corps défendant, vous ne faites, finalement, que dévoiler ce que nous subodorions déjà.
Quiconque dans ce pays a une once de sens politique comprend vite que l’actuel pouvoir est dans une pure logique de répression.
Vous le savez aussi car, en votre qualité de préfet de police, vous êtes à la tête du bras armé de ce pouvoir.
Vous exercez cette fonction avec zèle et surtout sans état d’âme.
Les cris des gilets jaunes éborgnés ou des manifestants aux mains arrachés, les arrestations arbitraires de syndicalistes ou de membres d’association ou de collectifs, les morts d’une femme qui a eu pour seul tort de fermer sa persienne au mauvais moment ou d’un jeune homme qui voulait prolonger un peu plus tard la fête de la musique sur les bords de la Loire, vous touchent la visière de la casquette sans faire bouger le bouton de votre caleçon.
Tout ces gens ne sont à vos yeux que des riens qui doivent subir dans le silence ou être sévèrement sanctionnés.
Fort de l’autorité que vous confère votre poste et du peu de cas que vous faite de la condition humaine des plus modestes, vous-vous en donnez à cœur-joie : des nassages et des gazages de foule, des tirs tendus de flash-ball, des milliers de gardes à vue qui conduisent fréquemment à de la prison pour de braves gens qui, à travers leurs manifestations, ne faisaient qu’alerter sur le drame social qui s’accentue en France, ne faisaient qu’accomplir un devoir somme toute citoyen en nous éclairant sur les injustices de ce pays.
Eclairer, alerter, accomplir un devoir citoyen sont des actes forts de démocratie.
Mais de cela, ni vous, ni ceux qui nous gouvernent n’en veulent.
Il suffit de voir, lorsque vous fûtes préfet de police en Gironde, les chaleureuses félicitations que vous avez prodigué aux force de l’ordre après qu’elles eurent tabassé un député, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’un représentant élu du peuple souverain, pour comprendre à quel niveau d’importance vous situez la démocratie.
Vous vous présentez comme un rempart qui protège l’ordre.
Oui, vous êtes un rempart, je n’en disconviens pas.
Vous êtes le rempart qui protège un système économique où une infime minorité se gave au-delà de toute raison, au-delà même du vertigineux et au détriment de l’intérêts général.
Vous êtes le rempart qui protège les délocalisations sauvages et les licenciements boursier qui jettent des centaines de milliers de nos compatriotes dans la misère et la précarité.
Vous êtes le rempart qui protège le démantèlement systématiques de nos services publics dans l’optique à peine voilée de leur privatisation.
Vous êtes le rempart qui protège toutes les dérégulations qui font qu’actuellement, à un rythme quasi quotidien, des salariés du privés et du public, des agriculteurs, des petits artisans, des chômeurs indemnisés ou non, sombrent dans un tel désespoir qu’ils mettent fin à leur jour.
Vous êtes le rempart qui protège la casse du droit du travail qui ubérise notre société et fait que, chaque année, plus de 500 salariés perdent leur vie accidentellement en essayant de la gagner. Vous êtes le rempart qui protège la fraude fiscale des milliardaires, les spéculations boursières les plus obscures et la corruption d’une partie de notre élite politique qui place l’intérêt général à niveau proche du néant.
Vous êtes le rempart qui protège les conflits d’intérêts et les marchés truqués toujours aux profits des mêmes.
Vous êtes le rempart qui protège celles et ceux qui jettent à la vindicte populaire, le noir, le musulman, le migrant ou tout autre bouc-émissaire commode.
Avec un tel pedigree on en arrive presque à se dire que si vous aviez vécu à des périodes plus sombres de notre histoire vous auriez été un monstre.
Mais, ayant le sens de la mesure et de l’honnêteté de ce peuple que vous méprisez tant, je nous ferai pas ce procès d’intention.
Monsieur Lallement, en ce 16 novembre, vous avez, d’un pas guilleret, foulé les tous premiers mètres du sentier, certes encore très long, qui mène à cette guerre civile dont personne, ou presque, ne veut.
Grand bien vous fasse.
Laissez moi cependant vous dire que parfois, ce sont les communards qui gagnent la semaine sanglante, et ce, plus souvent que vous ne le pensez.“
Il est des jours où la lumière apparaît, où la vérité ose se montrer, telle qu’elle est, sans fard.
Incontestablement la journée du 16 Novembre 2019 est à ranger dans cette catégorie.
À une dame se revendiquant « Gilet Jaune » vous avez, dans une morgue mal contenue, sèchement rétorqué « eh bien, nous ne sommes pas dans le même camp, Madame ».
Ce faisant, vous indiquez que, à vos yeux, et donc aux yeux du pouvoir, nous ne sommes plus dans une logique de lutte sociale ou de lutte des classes mais bel et bien dans une guerre plus ou moins larvée entre deux France qui se font face, deux France irréconciliables.
Dans cet élan de sincérité, probablement à votre corps défendant, vous ne faites, finalement, que dévoiler ce que nous subodorions déjà.
Quiconque dans ce pays a une once de sens politique comprend vite que l’actuel pouvoir est dans une pure logique de répression.
Vous le savez aussi car, en votre qualité de préfet de police, vous êtes à la tête du bras armé de ce pouvoir.
Vous exercez cette fonction avec zèle et surtout sans état d’âme.
Les cris des gilets jaunes éborgnés ou des manifestants aux mains arrachés, les arrestations arbitraires de syndicalistes ou de membres d’association ou de collectifs, les morts d’une femme qui a eu pour seul tort de fermer sa persienne au mauvais moment ou d’un jeune homme qui voulait prolonger un peu plus tard la fête de la musique sur les bords de la Loire, vous touchent la visière de la casquette sans faire bouger le bouton de votre caleçon.
Tout ces gens ne sont à vos yeux que des riens qui doivent subir dans le silence ou être sévèrement sanctionnés.
Fort de l’autorité que vous confère votre poste et du peu de cas que vous faite de la condition humaine des plus modestes, vous-vous en donnez à cœur-joie : des nassages et des gazages de foule, des tirs tendus de flash-ball, des milliers de gardes à vue qui conduisent fréquemment à de la prison pour de braves gens qui, à travers leurs manifestations, ne faisaient qu’alerter sur le drame social qui s’accentue en France, ne faisaient qu’accomplir un devoir somme toute citoyen en nous éclairant sur les injustices de ce pays.
Eclairer, alerter, accomplir un devoir citoyen sont des actes forts de démocratie.
Mais de cela, ni vous, ni ceux qui nous gouvernent n’en veulent.
Il suffit de voir, lorsque vous fûtes préfet de police en Gironde, les chaleureuses félicitations que vous avez prodigué aux force de l’ordre après qu’elles eurent tabassé un député, c’est-à-dire ni plus ni moins qu’un représentant élu du peuple souverain, pour comprendre à quel niveau d’importance vous situez la démocratie.
Vous vous présentez comme un rempart qui protège l’ordre.
Oui, vous êtes un rempart, je n’en disconviens pas.
Vous êtes le rempart qui protège un système économique où une infime minorité se gave au-delà de toute raison, au-delà même du vertigineux et au détriment de l’intérêts général.
Vous êtes le rempart qui protège les délocalisations sauvages et les licenciements boursier qui jettent des centaines de milliers de nos compatriotes dans la misère et la précarité.
Vous êtes le rempart qui protège le démantèlement systématiques de nos services publics dans l’optique à peine voilée de leur privatisation.
Vous êtes le rempart qui protège toutes les dérégulations qui font qu’actuellement, à un rythme quasi quotidien, des salariés du privés et du public, des agriculteurs, des petits artisans, des chômeurs indemnisés ou non, sombrent dans un tel désespoir qu’ils mettent fin à leur jour.
Vous êtes le rempart qui protège la casse du droit du travail qui ubérise notre société et fait que, chaque année, plus de 500 salariés perdent leur vie accidentellement en essayant de la gagner. Vous êtes le rempart qui protège la fraude fiscale des milliardaires, les spéculations boursières les plus obscures et la corruption d’une partie de notre élite politique qui place l’intérêt général à niveau proche du néant.
Vous êtes le rempart qui protège les conflits d’intérêts et les marchés truqués toujours aux profits des mêmes.
Vous êtes le rempart qui protège celles et ceux qui jettent à la vindicte populaire, le noir, le musulman, le migrant ou tout autre bouc-émissaire commode.
Avec un tel pedigree on en arrive presque à se dire que si vous aviez vécu à des périodes plus sombres de notre histoire vous auriez été un monstre.
Mais, ayant le sens de la mesure et de l’honnêteté de ce peuple que vous méprisez tant, je nous ferai pas ce procès d’intention.
Monsieur Lallement, en ce 16 novembre, vous avez, d’un pas guilleret, foulé les tous premiers mètres du sentier, certes encore très long, qui mène à cette guerre civile dont personne, ou presque, ne veut.
Grand bien vous fasse.
Laissez moi cependant vous dire que parfois, ce sont les communards qui gagnent la semaine sanglante, et ce, plus souvent que vous ne le pensez.“
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