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samedi 9 novembre 2019

Guerre du voile : incident de frontière dans une école

 
 


Nouvel incident de frontière dans la guerre du voile.

Pas dans l’enceinte d’un conseil régional, et le tir n’est pas le fait d’un élu du Rassemblement national.

Cette fois-ci, cela s’est passé dans une école maternelle et c’est une rectrice d’académie qui a déclenché l’escarmouche.
Jeudi 7 novembre, raconte Le Parisien, Charline Avenel, rectrice de l’académie de Versailles, se rendait dans l’école maternelle Charles-de-Gaulle, de Clamart (Hauts-de-Seine), accompagnée de la directrice académique et du maire de la commune, Jean-Didier Berger, ancien LR et désormais membre de Libres !, le mouvement de Valérie Pécresse.
But de cette visite : assister à un atelier organisé dans le cadre de la journée contre le harcèlement. « Ce devait être une journée presque classique », selon L’Obs.
Et puis, tout bascule.
La rectrice constate que des femmes voilées sont dans l’enceinte de l’école.
Des mères (c’est mieux de dire des mamans) qui participaient à ces ateliers de coéducation.
La délégation décide alors de quitter les lieux et la rectrice de mettre fin à l’activité.
Pourquoi ?
Parce qu’elle entre dans le cadre du temps scolaire, à l’intérieur de l’école, et que la neutralité religieuse, dans ce cas, s’applique aussi aux parents volontaires.
La rectrice s’appuie en effet sur le vade-mecum sur la laïcité, signé en octobre dernier par Jean-Michel Blanquer.
Ce document, qui prend pour références la loi et la jurisprudence, précise que cette obligation de neutralité « s’impose aux parents volontaires pour participer à des activités d’enseignement pour lesquelles ils exercent des fonctions similaires à celles des enseignants ».
On ne peut être plus clair.
Mais peut-être pas pour tout le monde.
Pour la directrice, notamment. Et aussi pour les mères.
Bien évidemment, la machine à victimisation accélérée s’est mise en branle.
Le Parisien nous offre en illustration la photo de la maman bénévole portant son enfant dans les bras. Celle-ci déclare au journal : « Ils sont vraiment partis à cause de moi ? Moi, je fais ça pour mes enfants, j’aime qu’ils sachent que je suis présente et que je participe à leur vie à l’école. »
Présenté comme ça, on comprend tout de suite qui sont les gentils, qui sont les méchants.
Et puis, la question surgit : « Honnêtement, qui va les accompagner si on enlève les mères voilées ? Il y a peu de bénévoles. »
Argument imparable qui révèle peut-être, sans le vouloir, une stratégie globale.
Évoquons les gâteaux apportés gentiment par les mamans à l’occasion de la kermesse et l’on finira de faire passer cette rectrice pour la réincarnation de Margaret Thatcher ou quelque chose du genre ; une femme sans cœur, quoi.
D’ailleurs, comment peut-on ainsi stigmatiser ?
Sur Ttwitter, on s’insurge.
Un enseignant, syndicaliste : « Est-ce que Mme la rectrice quitterait immédiatement un lycée privé après avoir aperçu les crucifix fixés aux murs des salles de classe de la même façon ? »
Sauf que la loi le permet.
Un collectif « pour un enseignement critique et émancipateur » réagit : « Honte !!! Pas en notre nom, jamais. »
Un autre professeur : « La rectrice de Versailles se ridiculise et participe à un acte de discrimination. » Tout de suite les grands mots.
Et ajoute : « Quand Jean-Michel Blanquer donne l’exemple, la hiérarchie suit. » Intéressant.
Cet attentat de Clamart au vivre ensemble amène quelques questions.
Combien, en France, de femmes voilées dans l’enceinte des écoles exercent « des fonctions similaires à celles des enseignants » ?
Combien de chefs d’établissement laissent prospérer de telles situations ?
Par ignorance ? Par complaisance ? Par peur ?
Notons, tout de même, que la réaction de la rectrice s’inscrit à merveille dans une séquence gouvernementale particulière.
Précisons aussi que Mme Avenel, camarade de promotion d’Emmanuel Macron à l’ENA et que l’on dit proche du Président, fut désignée en 2018 à la tête du rectorat de Versailles, après assouplissement des règles de nomination à ce type de fonction.
Mais c’est une autre histoire.

Enfin, gageons que l’indignation autour de cette affaire n’atteindra pas le niveau connu récemment au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.

Georges Michel

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