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vendredi 7 juin 2019

Valérie Pécresse démissionne des Républicains… Droite ? Année zéro !

 
 
 
 
Depuis longtemps, plus de trente ans, en comptant large, soit l’époque où la droite institutionnelle a commencé à se poser des questions quant à son identité propre, son calvaire électoral n’en finit plus.

Tant qu’elle était donnée pour être de « gouvernement », la question ne se posait guère : elle était aux affaires, voilà tout.

Les questions posée par le Front national d’alors ?
C’était d’un vulgaire, sachant qu’il est des quartiers – « beaux », généralement – où les questions sécuritaires et migratoires ne se posaient que de loin.
Aujourd’hui, de cette droite « d’affaires » ne reste plus que celles du couple Balkany.
Ses derniers héros, Charles Pasqua et Philippe Séguin, les deux bouts de la ficelle néo-gaulliste, l’un réactionnaire et l’autre à la fibre plus sociale, ayant été enterrés avec des pudeurs de gazelle par ceux qui font désormais mine de les révérer post-mortem.
Cette droite, toujours, se retrouve maintenant un peu seule, son acmé n’ayant jamais été que l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron, cet Alain Juppé en plus jeune, ce Valéry Giscard d’Estaing qui aurait réussi.
C’est dans ce champ de ruines, 20 % de l’électorat républicain ayant voté RN, 20 autres LREM et un socle d’irréductibles pour LR, que surviennent deux démissions conjointes.
Ainsi Laurent Wauquiez vient-il d’être poussé à la porte des Républicains, tandis que Valérie Pécresse a, dans la foulée, claqué cette dernière.
En préambule, la patronne du conseil régional d’Île-de-France prévient, sur sa page Facebook : « Il y a quelques jours, à l’issue du scrutin des européennes, notre famille politique enregistrait une défaite cinglante. Malgré votre engagement sans faille sur le terrain [on ne saurait dire qu’elle ait, en l’occasion, mouillé la nuisette plus que de raison, NDLR] et le talent de notre candidat [qu’elle ne prend même pas la peine de citer, NDLR], nous n’avons pas su incarner une alternative à celle d’Emmanuel Macron. »
Tel est donc le bilan de décès de l’ancienne UMP – militants du RPR et idées de l’UDF –, que l’actuel Président a su, lui au moins, à merveille synthétiser. C’était, globalement, le grand projet d’Alain Juppé, devenu depuis caution morale de l’Élysée.
Valérie Pécresse a tardé à monter dans le train en marche, d’où cette sorte de dépit amoureux : « Depuis deux ans, j’ai tenté de faire évoluer notre politique et notre stratégie pour élargir la droite et ramener à nous tous nos électeurs qui nous ont quittés. En vain. »
Nous y revoilà. Un Thierry Mariani est parti chez Marine Le Pen.
Normal : l’actuel programme du Rassemblement national n’est jamais rien d’autre que celui du RPR du siècle dernier.
Un Jean-Pierre Raffarin, en tant que valeureux giscardo-chiraquien, a suivi la pente naturelle le menant à Emmanuel Macron.
Avec François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez, lui, a misé sur la « droite Trocadéro », celle qui longtemps a été condamnée à soutenir les candidats qui la piétinent ensuite.
C’était la dernière chance des Républicains.
On sait ce qu’il en est advenu.
D’autres catholiques de conviction, eux, ne s’y sont pas trompés, votant « aussi » pour la tante (Marine) tout en ayant la nièce (Marion) dans le viseur.
On remarquera que ce socle conservateur tente, là, d’arbitrer entre deux tendances, réelles ou supposées, mais internes au Rassemblement national, et non point au sein de leur parti d’origine, cette UMPS n’ayant plus ni raison sociale ni adresse.
Résultat : Valérie Pécresse ne se trompe pas vraiment lorsque, notant dans sa lettre de démission : « La situation est grave car si la droite n’arrive plus à incarner une troisième voie entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, j’ai la certitude que le Front national arrivera tôt ou tard au pouvoir en France. »
Et voilà qu’elle pose la droite en tant que seule force d’appoint, au seul rôle de figuration.
Bref, une certaine droite vient de mourir sous nos yeux amusés.
Qui s’en plaindra ?

Nicolas Gauthier

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