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lundi 24 juin 2019

Manuel Valls bientôt membre du gouvernement espagnol ?

 
 



Décidément, Manuel Valls, qui est parti tenter sa chance en Espagne, s’accommode à toutes les sauces politiciennes.

On sait qu’il a une capacité d’adaptation hors du commun.

Après avoir échoué dans ses ambitions présidentielles, après avoir vainement espéré que Macron penserait à lui pour quelque fonction prestigieuse, il s’est tourné vers l’Espagne et a brigué la mairie de Barcelone.
Patatras ! Il est arrivé en quatrième position, avec 13 % des voix.
Voici qu’il rebondit.
Tenez-vous bien ! Le bruit court qu’il pourrait entrer au gouvernement espagnol.
Et l’intéressé ne dément pas la rumeur.
L’ancien Premier ministre ne veut pas passer pour un de ces opportunistes médiocres qui pullulent, ces temps-ci, en France.
Il s’estime modestement au-dessus du lot et se présente avantageusement comme un homme qui sait saisir les occasions.
« J’aurais pu continuer en France », confie-t-il au Monde.
Sans doute la France a-t-elle trop tardé à reconnaître ses mérites : l’Espagne lui brûle la politesse. Manuel Valls aurait rencontré des responsables du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), on aurait évoqué le ministère des Affaires étrangères…
Valls fait encore plus le paon et roule des épaules.
Il revient de loin !
Son parcours à Barcelone n’a pas été une promenade de santé.
Avec ses alliés libéraux de Ciudadanos, il a subi une défaite aux municipales.
Il a participé à une manifestation à Madrid, aux côtés du Parti populaire et de Vox, pour exiger le départ de Pedro Sánchez, le chef du gouvernement socialiste, qui voulait composer avec les indépendantistes catalans.
Avant de se retourner contre ses anciens amis, accusés de pactiser avec l’extrême droite.
Ce qui dérange aussi notre Président, qui voyait dans ce parti libéral un allié incontournable en Europe.
Dans ce capharnaüm politicien, une chatte ne retrouverait pas ses petits, mais Manuel Valls y nage comme un poisson dans l’eau.
Après avoir beaucoup aimé la France, il aime l’Espagne passionnément, peut-être même à la folie.
Il est vrai que, né à Barcelone, il bénéficie de la double nationalité franco-espagnole et chacun sait que, pour un Européen convaincu, il n’existe pas de frontières.
Naturalisé français en 1982, il a pu profiter de la loi organique de 1983, relative aux incapacités temporaires qui frappent les personnes ayant acquis la nationalité française, et briguer rapidement un mandat électoral.
Il ne s’agit pas de contester à des étrangers devenus français le droit de se porter sans délai candidats à une élection.
Comme en religion pour la foi, il arrive que les néophytes soient plus patriotes que des Français depuis plusieurs générations.
L’exemple de Manuel Valls pose, cependant, des questions.
Sa facilité à servir l’Espagne, après avoir servi la France (où il est, peut-être, prêt à revenir si, d’aventure, on lui proposait un poste intéressant), laisse planer un doute sur la sincérité de ses sentiments.
Il faut dire que son apparent opportunisme ne plaide guère en sa faveur.
Il est vrai qu’il peut se présenter comme un précurseur, lui qui préfère l’Europe à la France et se verrait bien citoyen du monde avant d’être citoyen français ou espagnol.
À l’instar d’Edgar Faure, il pourrait s’écrier : « Ce n’est pas la girouette qui tourne, c’est le vent ! »

Philippe Kerlouan

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