L’actualité étant ce qu’elle est, c’est-à-dire généralement contradictoire, on ne sait plus trop si Jean-Luc Mélenchon, grand dépressif devant l’éternel, se porte bien ou non.
En revanche, La France insoumise, son mouvement, avec 6,3 % des voix aux dernières élections européennes, n’est pas au mieux de sa forme.
Il est vrai que le coup de mou couvait depuis longtemps, avec la forte poussée de fièvre déclenchée par le fracassant ralliement d’Andréa Kotarac, Insoumis de premier plan, au Rassemblement national. En ces colonnes, le malaise existentiel de LFI était déjà résumé : fracture entre factions souverainiste et progressiste, les premiers désireux d’unir le peuple, et les seconds plus soucieux de réunir la gauche.
Comme souvent avec les maladies infantiles – le gauchisme étant celle du communisme, pour reprendre le titre d’un livre de Lénine –, le mal se déclare dès le berceau.
Ainsi, ces deux tentations contradictoires – populisme révolutionnaire d’un côté, tropisme bourgeois de l’autre – déclenchent une sévère poussée de fièvre à la création du Média.
Sa principale tête pensante ?
Le psychanalyste maoïste, canal germanopratin, Gérard Miller.
Pour une chaîne censée se rapprocher des masses laborieuses, ce casting présentait un petit je ne sais quoi d’inattendu.
Un peu comme si Patrick Sébastien avait été propulsé à la direction d’Arte.
Mais remontons plus loin.
Souvent, les maladies infantiles sont aussi héréditaires.
En effet, aux origines du mélenchonisme, il y a le trotskisme lambertiste, la fameuse Organisation communiste internationale.
Laquelle est déjà divisée en deux tendances.
Ceux qui, d’une manière ou d’une autre, finiront par nager sous l’eau en direction des rives lepénistes.
Vous voulez des noms ?
J’en ai tout plein. Et les autres qui, de Lionel Jospin en Jean-Christophe Cambadélis, rejoignent les ors de la République et de la social-démocratie, quand ils ne font tout simplement pas leur pelote dans le show-biz, tel Bernard Murat, metteur en scène de théâtre à succès et accessoirement voix française de Bruce Lee.
Mais les Insoumis d’aujourd’hui ne sont plus les lambertistes d’hier.
Et Jean-Luc Mélenchon ne peut, tel Pierre Boussel, alias Pierre Lambert, se conduire, comme aux grandes heures de cette organisation, tel un Joseph Staline de poche ; ce qui, bien sûr, demeurera l’indénouable et indéniable paradoxe de cette organisation trotskiste.
Clémentine Autain n’a-t-elle donc pas tort de poser sur le tapis la question brûlant les lèvres de la chiourme mélenchonienne : « La difficulté à laquelle sont confrontés beaucoup de militants de La France insoumise, c’est de saisir où se décide la ligne stratégique, comment sont prises les décisions et, au fond, est-ce qu’on peut ne pas y être d’accord sans être vraiment mis au ban ? »
Excellente question, en effet, les décisions en question se décidant partout, hormis dans son loft parisien ou sur les plateaux télévisés qu’elle a l’habitude de fréquenter.
On notera encore que ce sont les mêmes qui, reprochant à la famille Le Pen de régner en maître sur leur mouvement, critiquent l’autoritarisme de leur propre formation.
Sans savoir qu’au sein d’un Front national devenu Rassemblement éponyme, les tendances politiques, fussent-elles parfois antagonistes, y sont de longue date admises.
Avec, certes, parfois quelques frictions et exclusions, à l’instar de tout parti digne de ce nom : au RPR de Jacques Chirac et au PS de François Mitterrand, on savait évidemment écouter.
Mais on y tranchait tout aussi sûrement dans le vif, sans trop s’inquiéter des victimes collatérales et des cadavres abandonnés dans les fossés.
Après, trotskiste un jour, trotskiste toujours ; surtout dans le phalanstère lambertiste.
Et Jean-Luc Mélenchon, à soixante hivers passés, de redevenir un peu le jeune homme virulent qu’il fut, au temps de ses vingt printemps : « Une force, LFI, est là, qu’aucune autoflagellation de la gauche officielle mondaine ne viendra abattre ! »
Quant à ceux qui n’auraient pas reçu le message – ou la menace –, cette mise au point : « C’est moi qui ai fondé la boutique… »
C’est à la fois viril et beau.
Telle une sorte de Líder Minimo.
Mais n’est pas Fidel Castro qui veut.
Nicolas Gauthier
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