Au collège de Chambourcy, les enseignants ne se cherchent plus des raisons de faire grève.
Je parlais de ces collègues qui faisaient la grimace devant ces grèves fourre-tout et qui ne feraient jamais grève, même quand ils se prennent le fourre-tout en pleine figure.
Au collège Derain, ils ne sont visiblement pas de cette trempe-là et, soutenus par des parents et des élèves excédés par les violences, ils se sont mis en grève vendredi.
Il faut dire que le fourre-tout en pleine figure, ils l’ont reçu deux fois : d’abord de la part de certains de ces quatre élèves, et ensuite de la part de leur hiérarchie.
En effet, après l’exclusion définitive prononcée à l’encontre de ces quatre élèves par le conseil de discipline, leurs parents, comme ils en ont le droit, ont fait appel dans les huit jours auprès du recteur. Lequel a réuni une commission qui a cassé la décision des conseils de discipline. Comme toujours, dans ces cas-là, en allant chercher le vice de forme que les juristes de l’Éducation nationale savent finement détecter quand il s’agit de désavouer les enseignants :
« Cette commission a mis en lumière des vices dans le respect des procédures, dans la matérialité des événements, mais aussi dans la dimension éducative de la sanction mise en place. »
Le rectorat juge ces « sanctions du conseil de discipline disproportionnées ».
Évidemment, les enseignants sont vent debout et se sont mis en grève vendredi.
Selon le site actu.fr, « les jeunes étaient accusés d’avoir commis des violences préméditées aux abords du collège, d’avoir filmé et relayé la vidéo de l’agression sur WhatsApp, mais aussi d’avoir facilité volontairement l’agression de l’élève » et « un élève était accusé d’avoir commis des attouchements sur un membre du corps éducatif ».
Pour information, un conseil de discipline à l’Éducation nationale qui vote une exclusion définitive, ce n’est ni courant ni anodin.
Inutile de vous dire que tout est fait en général pour éviter d’en arriver là : les sanctions alternatives sont variées, et systématiquement recherchées.
Pour information encore, les enseignants ne sont pas majoritaires (en général 4 sur un total de 14 membres) dans ces conseils de discipline : l’administration (3), les parents (3), les autres personnels (CPE et agents, 2) et les élèves (2) y ont un poids considérable.
Que le rectorat, depuis ses bureaux versaillais, désavoue un conseil de discipline qui est l’émanation même du Conseil d’administration de l’établissement et d’une communauté éducative qui sait de quoi elle parle et ce qu’elle vit, c’est grave.
Que les enseignants qui n’ont pas connu ce genre de situations, de près ou de loin, qui pourrit des atmosphères, des établissements, des carrières, parfois des vies, et toute une profession, lèvent le doigt.
Que les autres, comme ces collègues des Yvelines et d’ailleurs, restent demain chez eux ou aillent manifester devant le rectorat, avec leur fourre-tout, et laissent cette administration si sûre d’elle gérer et assumer ses vices juridiques et éducatifs.
Et son irrespect chronique des enseignants.
Frédéric Sirgant
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