Le 07/05/2016
Par pour La Voix du Nord, Publié le 05/05/2016
Chez Marie et Michel : « C’est ici que ça se passe »
Quand ils voient à la télé les photos des barrages érigés par les migrants, Marie et Michel disent reconnaître des tas de matériaux qui viennent de chez eux.
Dernier en date : le saule tortueux qui était planté dans leur pâture depuis des années.
Mais s’il n’y avait que ça…
Tout y est passé, ou presque selon eux : les traverses de chemin de fer en bois, pourtant reliées à une clôture électrique et plantées « à 1,20 mètre de profondeur » ; les engins agricoles ; les tôles, peupliers, tuyaux d’arrosage, bottes de paille, et même une vieille remorque de tracteur.
« Notre pâture est devenue un lieu de rassemblement »
Pour ce couple d’anciens maraîchers, installé depuis 22 ans dans une maison tout au bout de la grande rue du Petit-Courgain, au pied de la rocade, le « cauchemar » a commencé la nuit du 18 avril : « Notre pâture est devenue un lieu de rassemblement et de cachette pour les migrants. Quand l’hélicoptère passe avec son projecteur pour les repérer, ils se planquent dans le box des chevaux. Tous les matins, on découvre les dégâts causés sur notre terrain. Mon mari ramasse les déjections et le papier toilette disséminés un peu partout dans nos champs. »
« Notre pâture est devenue un lieu de rassemblement »
Pour ce couple d’anciens maraîchers, installé depuis 22 ans dans une maison tout au bout de la grande rue du Petit-Courgain, au pied de la rocade, le « cauchemar » a commencé la nuit du 18 avril : « Notre pâture est devenue un lieu de rassemblement et de cachette pour les migrants. Quand l’hélicoptère passe avec son projecteur pour les repérer, ils se planquent dans le box des chevaux. Tous les matins, on découvre les dégâts causés sur notre terrain. Mon mari ramasse les déjections et le papier toilette disséminés un peu partout dans nos champs. »
Le jour, quand il n’est pas occupé à récupérer un de ses engins agricoles dans le watergang en contrebas de la rocade, Michel observe les mouvements autour de son terrain.
Il s’est fait une idée de la façon dont les migrants s’organisent : « Vers 16 h 30, un groupe de deux ou trois vient faire des repérages. Vers 20 h, une seule personne vient. Elle vérifie qu’il n’y a pas de policiers, puis elle appelle les autres et on les voit sortir des buissons par dizaines. »
Au stade du Courgain-est : « Des mains courantes ont disparu »
Depuis quelques jours, une grosse benne est installée là pour jeter tous les « restes » de la nuit.
Outre les capsules de grenades, on trouve de tout : blousons, caisses de bouteilles, tuyaux, couvertures, chaussures…
« On s’efforce de tout ramasser, pour laisser une place propre aux gamins qui viennent jouer au foot le soir. »
Ces « quatre-terrains » subissent eux aussi des vols : les poubelles à l’extérieur des vestiaires ont disparu, tout comme les mains courantes bordant les terrains de foot. Un poteau et un but ont été carrément démontés. Une centaine d’arbres auraient été tronçonnés, selon un agent.
« Les problèmes ne viennent pas de là, c’est faux ! »
Comment expliquer que la Ville laisse ce lieu ouvert, avec autant de matériaux à disposition, comme une invitation à se servir ?
Les trous dans les haies, le champ de pommes de terre piétiné tout comme les herbes hautes témoignent des passages de la nuit.
Entre la pâture de Marie et Michel et la rocade, il n’y a qu’un champ, propriété d’un privé, et ce fameux watergang qu’ils traversent en posant des tôles.
« On veut partir d’ici »
Marie est à bout : « Je dépose plainte quasiment tous les jours. La police fait des rondes, mais ça ne suffit pas. »
Marie est à bout : « Je dépose plainte quasiment tous les jours. La police fait des rondes, mais ça ne suffit pas. »
Fin avril, elle a écrit à la mairie, au sous-préfet, à la préfète, au président de Région, à François Hollande et même au conseil européen.
Les deux premiers la recevront d’ici quelques jours.
Elle n’espère qu’une chose : que la Ville rachète leur terrain et qu’ils puissent « partir d’ici ».
Au stade du Courgain-est : « Des mains courantes ont disparu »
Nous voici juste en face de chez Marie et Michel, de l’autre côté de la rocade.
Ici aussi, au stade du Courgain-est, les passages des migrants sont flagrants.
Il y a d’abord ces petits ronds de pelouse brûlée qui, par dizaines, finissent par jaunir la pelouse : « C’est dû aux capsules de grenades lacrymos qui atterrissent ici. Ça grille tout. On en ramasse des fois vingt ou trente par terrain ! », raconte un agent municipal.
Outre les capsules de grenades, on trouve de tout : blousons, caisses de bouteilles, tuyaux, couvertures, chaussures…
« On s’efforce de tout ramasser, pour laisser une place propre aux gamins qui viennent jouer au foot le soir. »
Ces « quatre-terrains » subissent eux aussi des vols : les poubelles à l’extérieur des vestiaires ont disparu, tout comme les mains courantes bordant les terrains de foot. Un poteau et un but ont été carrément démontés. Une centaine d’arbres auraient été tronçonnés, selon un agent.
Les projecteurs allumés la nuit
En début de semaine, le sous-préfet de Calais Vincent Berton a demandé à la Ville d’éclairer la dizaine de projecteurs qui entourent les terrains, afin de prévenir les arrivées de migrants. L’expérience, qui a débuté mardi soir, sera testée au moins jusqu’à la fin de la semaine.
Au dépôt à ciel ouvert de la Ville : « Ils ont tout à portée de main » Situation ubuesque : au pied de la rocade, à cet endroit précis où se produisent une majorité d’assauts, on trouve un dépôt de la Ville à ciel ouvert.
En début de semaine, le sous-préfet de Calais Vincent Berton a demandé à la Ville d’éclairer la dizaine de projecteurs qui entourent les terrains, afin de prévenir les arrivées de migrants. L’expérience, qui a débuté mardi soir, sera testée au moins jusqu’à la fin de la semaine.
Au dépôt à ciel ouvert de la Ville : « Ils ont tout à portée de main » Situation ubuesque : au pied de la rocade, à cet endroit précis où se produisent une majorité d’assauts, on trouve un dépôt de la Ville à ciel ouvert.
Lorsque nous nous sommes rendus sur place, mercredi, juste à côté des stades du Courgain-est, nous y avons découvert toutes sortes de matériaux pouvant servir de barrages aux migrants : pots de fleurs, blocs de parpaings, branches, et même des troncs d’arbres.
Comme l’a dit un agent municipal croisé sur place, « ici, les migrants ont tout à portée à main. Tous les services de la Ville viennent y déposer leurs encombrants ».
Pour Stéphane Vancutsem, à la tête du collectif Agir ensemble pour sauver le port de Calais, ce dépôt « pose problème, même s’il est désormais surveillé par les CRS ».
« Les problèmes ne viennent pas de là, c’est faux ! »
Comment expliquer que la Ville laisse ce lieu ouvert, avec autant de matériaux à disposition, comme une invitation à se servir ?
La question a eu le don d’agacer Philippe Mignonet, l’adjoint à la sécurité et à l’environnement : « Certains disent que tous les problèmes de la rocade viennent de là, c’est faux ! Les branchages stockés là sont aussitôt broyés en copeaux par le service élagage. J’ai donné pour instruction de ne pas les stocker sur place. »
Si l’on trouve des branchages dans ce dépôt, ce n’est pas le fait de la Ville selon l’élu : « Ce sont les CRS, la DIR ou les migrants eux-mêmes qui les posent là. »
Pour Philippe Mignonet, le problème est donc ailleurs : « Les migrants trouveront toujours de quoi ériger des barrages. Ils traînent parfois des arbres qu’ils ont abattus à des centaines de mètres de la rocade ! »
Pour Philippe Mignonet, le problème est donc ailleurs : « Les migrants trouveront toujours de quoi ériger des barrages. Ils traînent parfois des arbres qu’ils ont abattus à des centaines de mètres de la rocade ! »
Ce qu’il faut, selon lui, c’est « soigner le problème à la base » : « Si on ne fait que mettre du mercurochrome sur les symptômes, ça ne sert à rien. Tout ça dépend du gouvernement. Et la première mesure à prendre, c’est de démanteler la jungle ».
Le contexte
Les assauts de migrants sur la rocade ne sont pas nouveaux.
Le contexte
Les assauts de migrants sur la rocade ne sont pas nouveaux.
Mais depuis plus d’un mois, ils se sont systématisés, causant parfois des accidents.
Certains migrants sont interpellés, comme six d’entre eux il y a dix jours, finalement relaxés faute de preuves.
Ces tentatives dangereuses – qui ne seraient le fait que de 150 à 200 individus, selon un syndicaliste policier – sont aussi la conséquence du renforcement de la sécurité au Tunnel et au port, et des difficultés qu’ont les migrants à passer en Angleterre.
La semaine dernière, le président du port de Calais, Jean-Marc Puissesseau, a annoncé qu’un mur serait construit d’ici un mois de chaque côté de la rocade, entre la route de Gravelines et la zone Marcel-Doret, pour stopper ces intrusions.
On compte actuellement 3500 migrants à Calais selon les autorités, 5 000 selon les associations. Environ 1500 d’entre eux vivent dans un centre d’accueil provisoire mis en place par l’État.
Les autres sont installés dans la « jungle », dont il ne reste plus aujourd’hui que la zone nord : la partie sud a été détruite en mars, la zone restante doit elle aussi, à terme, être démantelée.
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