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mardi 12 mai 2015

Hollande à Cuba : une étape castronomique



Le 12/05/2015
Les deux hommes s’assirent face à face pour la photo officielle. Ils n’avaient strictement rien, ce qui s’appelle rien à se dire.

C’est donc ça, songea Raúl Castro.
 Ce petit homme quelconque dans son éternel complet bleu passe-partout.
Un peu moins replet, peut-être, que sur les photos.
 Il doit suivre un régime.
Le président cubain s’avança vers son collègue français et le gratifia de l’abrazo traditionnel.
 « Dites au président, murmura-t-il à l’interprète, à quel point je suis heureux de recevoir sur notre île le représentant du pays de Victor Hugo, de Napoléon et de Pernod Ricard… »


C’est donc ça, songea François Hollande.
On fait la révolution, on nargue la première puissance de la planète, on fait rêver les jeunes idéalistes et saliver les vieux intellectuels en quête d’un Lénine de remplacement, d’un communisme à visage humain, autant dire un marteau à quatre feuilles, et ça finit par ce petit bonhomme au physique et aux manières d’employé du cadastre.

 C’est égal, il doit être plus malin qu’il n’y paraît.
 Il faudra que je lui demande la recette pour rester cinquante-six ans au pouvoir.
Il se dégagea à grand-peine de l’étreinte encore robuste de l’octogénaire.


« Notre rencontre, parvint-il à articuler avec l’esprit d’à-propos qu’on lui connaît, va resserrer encore les liens séculaires entre nos deux pays. »


 Les deux hommes s’assirent face à face pour la photo officielle.
 Ils n’avaient strictement rien, ce qui s’appelle rien à se dire.
 « El pueblo unido jamás será vencido, » proféra à tout hasard Raúl Castro.


 « Moi, dit Hollande, mon ennemi c’est la finance. Au fait, la santé de votre frère est-elle meilleure ? Aurai-je l’occasion de le voir ? » « Je ne comprends pas la question », répliqua son interlocuteur.


Hollande insista : « J’espère ne pas quitter Cuba sans avoir vu Fidel Castro. » « Je ne connais personne de ce nom », trancha Raúl, qui dessina discrètement un signe de croix dans sa paume, en demandant pardon de ce vilain mensonge au Seigneur.


 Sa visite au pape l’avait décidément marqué. « Et de votre côté, comment va le Che ? », s’enquit-il avec malice.
« Il déraille », s’affola Hollande, « il est gâteux ». « Le Che ? » « Eh bien oui, el senor Chevènement. » « Je ne l’ai pas vu depuis un certain temps, depuis qu’il a pris sa retraite de la politique. » « Évidemment, à son âge… Moi-même, je ne solliciterai pas le renouvellement de mon mandat en 2018. » « Je ne peux que vous approuver », affirma Hollande.


« Deux quinquennats, ça va, je le disais l’autre jour à Jean-Pierre Huchon, trois septennats, bonjour les dégâts. »


 Les deux hommes étaient maintenant plus détendus. Ils en vinrent bientôt, naturellement, à évoquer leurs souvenirs d’anciens combattants


. L’assaut de la Moncada, d’un côté, les couloirs de la rue de Solférino de l’autre, les années de guérilla dans la Sierra Maestra pour l’un, le secrétariat du PS pour l’autre, les primaires de 2011, le plénum de 2008, des expériences différentes mais en somme complémentaires, conclut Raúl en fin diplomate.


 « Absolument, et puis nous avons au moins un point commun » renchérit Hollande.


« Ah oui, et lequel ? » « Eh bien, le socialisme ! » « C’est parbleu vrai, je n’y aurais pas pensé ! »


Et les deux compères furent pris du même accès de fou rire.

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