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mardi 24 juin 2014

Belgique : le profil inquiétant du terroriste français oublié


Exclusif.
Jean-Marc Ducos | Publié le 24.06.2014, 08h22
Autoroute A 8, Meslin-l’Evêque, entre Bruxelles et Tournai (Belgique), le 26 mars 2013. Hakim Benladghem avait été abattu au volant de sa voiture par la police antiterroriste belge.

Autoroute A 8, Meslin-l’Evêque, entre Bruxelles et Tournai (Belgique), le 26 mars 2013. Hakim Benladghem avait été abattu au volant de sa voiture par la police antiterroriste belge. | (MaxPPP/Benelux/Nicolas Maeterlinck.)

La justice belge a découvert des éléments troublants sur un jihadiste français abattu en Belgique il y a un an.


Il détenait des armes ultra-sophistiquées et des listes de noms des services antiterroristes.
Il était « blindé d' technologiques » de dernier cri lorsque la police antiterroriste belge a voulu l'intercepter sur l'autoroute entre Bruxelles et Tournai en mars 2013.
 Elle le soupçonnait de préparer un au moment de Pâques.
 Refusant de s'arrêter, Hakim Benladghem, 39 ans, a été abattu au volant de sa voiture. 

Ce Français originaire de Meurthe-et-Moselle était installé depuis 2009 à Anderlecht, rue de la Courtoisie... dans la banlieue de la capitale belge.
 Aujourd'hui, l' de la police fédérale belge révèle les liens étroits de cet homme, présenté comme un solitaire, avec la mouvance salafiste toulousaine et les organisateurs de filières jihadistes afghanes.
Un solitaire très entouré encore une fois.
Un arsenal digne des forces spéciales

Lorsque son domicile d'Anderlecht a été perquisitionné, les policiers belges ont retrouvé des fusils d'assaut allemands HK neufs dont la vente est réservée aux unités antiterroristes de gouvernements clairement identifiés.
 Mais aussi un bouclier blindé identique à celui utilisé par les gendarmes en France, des munitions par kilos, des systèmes de vision et de visée nocturne dernier cri, un gilet pare-balles avec des plaques en céramique et des masques à gaz ultra-performants.
Il disposait de rations, de réserves d'eau et même d'un kit médical comprenant des garrots automatiques et des seringues auto-injectables de produits d'urgence pour faire face à des blessures graves.

Une partie de son appartement était piégée : il avait anticipé l'assaut de son domicile.



Connu des services de renseignements français depuis 2008

Hakim Benladghem se fait repérer quand il tente de rejoindre les groupes islamistes les plus durs du Hamas dans la bande de Gaza, à une époque où Israël est victime d'intenses bombardements de roquettes.
 Mais il y est interdit de séjour.
 Et, le 6 avril 2008, il est arrêté au poste-frontière égyptien qui mène à Gaza où son frère Farid est installé.
Signalé à ce moment-là, Hakim est placé sous surveillance.
 Et pour cause, son téléphone portable a réceptionné 149 appels en provenance de la bande de Gaza (45 entre le 2 et 4 février 2008 et 104 entre le 4 et le 9 février).
 L'homme est soupçonné en fait d'être un logisticien du Hamas.



Des proches des frères Merah autour de lui

Loin d'être un « solitaire engagé dans un jihad individuel » comme le laissaient entendre les autorités, Hakim Benladghem connaît du beau monde de la mouvance islamiste.
Et notamment les frères Clain, des Français convertis qui ont été condamnés par le tribunal de Paris en 2009 pour avoir été les logisticiens d'un réseau de passeurs de candidats au jihad en Irak.
Une filière dite toulousaine, dont le mentor n'est autre qu'Olivier Corel, surnommé l'Emir blanc, un proche d'Abdelkader et Mohamed Merah, le tueur au scooter de la Ville rose.
 C'est cet imam d'origine syrienne, installé en Ariège, qui a marié religieusement et divorcé Mohamed Merah en janvier 2012.



Des écoutes fructueuses

Les écoutes permettent également de tracer des liens avec le Nancéien Kamel Bouchentouf, 41 ans, « propagandiste de la cause arabe » qui avait posté sur le Net plusieurs cibles choisies pour passer à l'action.
Un homme condamné en décembre 2008 pour « association de malfaiteurs en vue de préparer des actions terroristes ».
 Et sans oublier Farouk Ben Abbes, un Belge arrêté en Egypte après l'attentat qui a coûté la vie à Cécile Vannier, cette lycéenne de 17 ans tuée lors d'un voyage scolaire en février 2009 au Caire alors qu'elle se promenait dans un bazar.
Il sera remis en liberté dans ce dossier avant d'être à nouveau mis en cause en France pour son rôle sur un forum jihadiste.

Il voyage beaucoup mais n'a pas de revenus

A l'instar de Mohamed Merah et de Mehdi Nemmouche, Hakim Benladghem est repéré en Norvège où il cherchait un emploi, en Syrie, en Italie et même en Inde où il obtiendra un visa pour Damas.
 Comme les deux autres jihadistes, il voyage beaucoup et travaille peu ou pas.
 Il se dit chauffeur routier international, mais n'a pas d'employeur.
 L'enquête permettra de retrouver sur ses comptes 21 000 € et 50 000 € dans un coffre.
Un argent dont l'origine n'est toujours pas connue.

Contactée à de multiples reprises, l'avocate de Benladghem, Me Liliane Glock, n'a jamais donné suite à nos demandes répétées.

La justice belge ne lâche pas le dossier« L'enquête autour d'Hakim Benladghem continue, bien sûr, même s'il est décédé dans un affrontement avec la police. On veut comprendre quels étaient ses réseaux amicaux, spirituels, ses soutiens, ses sources de financement et d'approvisionnement en armes très particulières », confie Eric Van der Sypt, procureur fédéral et porte-parole au parquet antiterroriste de Bruxelles. Une instruction est toujours en cours. Le magistrat dément en revanche « tout lien pour l'instant en l'état de l'enquête » entre ce terroriste présumé et Mehdi Nemmouche -- le tueur présumé du Musée juif de Bruxelles soupçonné d'avoir abattu quatre personnes, deux touristes et deux employés --, arrêté et détenu en France en attendant son extradition vers la Belgique.

Quant à la présence régulière de jihadistes français en Belgique et notamment dans la région de Bruxelles, cela tient à la présence de « personnalités particulières » dans la capitale belge, connue pour être un centre d'endoctrinement et de recrutement de futurs candidats aux « guerres saintes » : Bruxelles était déjà le point de passage obligé lors des guerres en Bosnie, puis en Tchétchénie, au Daghestan, en Afghanistan, en Irak, en Libye et maintenant en Syrie, mais aussi en Somalie et au Yémen. La présence de l'émir Moez Garsallaoui, un prêcheur radical longtemps installé à Bruxelles, mentor présumé de Merah, explique sans doute beaucoup de liens. Cet homme est supposé être mort depuis octobre 2012 au Pakistan lors d'un raid de drones américains. Mais d'autres prêcheurs ont pris sa suite.
J-M.D.



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