Par Ivan Rioufol le 30 juin 2014 13h39
Le ministère de l’Intérieur est sur les dents : il fait savoir que 25.000 forces de l’ordre seront déployées massivement ce lundi soir pour le match Algérie-Allemagne.
Le ministère de l’Intérieur est sur les dents : il fait savoir que 25.000 forces de l’ordre seront déployées massivement ce lundi soir pour le match Algérie-Allemagne.
Par la voix d’Harlem Désir, le gouvernement invite les supporteurs de l’Algérie à la "sérénité".
A Lille, Martine Aubry appelle "au calme".
A Nice, Christian Estrosi interdit les drapeaux étrangers ostentatoires.
Nombreux sont ceux qui redoutent le renouvellement des violences qui émaillent, comme jeudi soir, chaque rencontre impliquant l’Algérie.
Dans L’Opinion, le spécialiste de l’islam, Gilles Kepel, observe :
"Les matchs des Fennecs, l’équipe nationale, sont l’occasion de très fortes manifestations d’identité, avec une volonté de marquage territorial dans l’Hexagone.
Ce n’est pas nouveau (…)".
Vendredi, dans un entretien au FigaroVox, je faisais pareillement remarquer cette "recherche d’appropriation des lieux publics, parfois violente".
Selon Le Monde, des supporteurs ont descendu les Champs-Elysées, jeudi soir, en criant, mais en arabe, "On a gagné !".
Sur les nombreuses vidéos mises en ligne sur cette soirée, il est aisé d’entendre notamment :
"La France est à nous ! La France est algérienne !".
Le ramadan, qui vient de s’ouvrir, s’annonce comme un marqueur culturel supplémentaire.
Il fait entrer spectaculairement la religion musulmane dans le Mondial.
Les informations entendues ce week-end sur les radios insistaient sur le fait que les Fennecs entendaient s’en tenir aux interdits alimentaires et s’en remettre à leur force intérieure.
Bref, il faut être aveugle et sourd - ou de mauvaise foi - pour ne rien voir du problème d’appartenance à l’Algérie et à l’Islam posé, en France, par ces supporteurs majoritairement français.
Pourtant, nombre d’éditorialistes ayant leur rond de serviette dans les chaînes d’information persistent à ne rien trouver d’anormal, sinon chez ceux qui s’inquiètent.
En mai 2013, les razzias du Trocadéro, causées par des voyous des cités, avaient été mises sur le compte des "ultras" du PSG par les laveurs de cerveaux professionnels.
Les dénégationnistes à cartes de presse n’hésitaient pas non plus à qualifier d’extrême droite l’ensemble des manifestants contre le mariage homosexuel, au prétexte d’échauffourées de fin de parcours avec les forces de l’ordre.
Cette fois, les mêmes journalistes bien pensants mettent en garde contre les amalgames entre supporteurs et casseurs, en banalisant ces derniers sans vouloir s’interroger sur le rejet de la France que portent aussi les violences et les drapeaux algériens à foison.
Certains des adeptes de la pensée lisse voient même l’ombre complotiste des "réacs" dans les incompréhensions suscitées par les comportements si peu sportifs de ces amateurs de football.
Or ce refus de chercher à décrire ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, c’est-à-dire l’échec du "vivre-ensemble" lié à la faillite de l’assimilation, donne une fois de plus à Marine Le Pen l’occasion d’apparaître comme le seul responsable politique capable de s’indigner de ces mauvaises manières faites à la France.
Plutôt que de rejeter d’emblée sa proposition de supprimer la double-nationalité, la classe politique serait plus courageuse (on peut rêver…) si elle acceptait de reconnaître les faits dans leur brutale évidence, afin d’y apporter des réponses.
Dans L’Humanité de ce lundi, une algérienne témoigne : "C’était différent pour notre génération, on voulait se fondre alors que les enfants nés en France revendiquent le fait d’être algériens.
L’engouement pour cette équipe (de football) est aussi la traduction d’un malaise".
Ce malaise, il serait temps que les propagandistes du tout va bien l’analysent, honnêtement.
En mai 2013, les razzias du Trocadéro, causées par des voyous des cités, avaient été mises sur le compte des "ultras" du PSG par les laveurs de cerveaux professionnels.
Les dénégationnistes à cartes de presse n’hésitaient pas non plus à qualifier d’extrême droite l’ensemble des manifestants contre le mariage homosexuel, au prétexte d’échauffourées de fin de parcours avec les forces de l’ordre.
Cette fois, les mêmes journalistes bien pensants mettent en garde contre les amalgames entre supporteurs et casseurs, en banalisant ces derniers sans vouloir s’interroger sur le rejet de la France que portent aussi les violences et les drapeaux algériens à foison.
Certains des adeptes de la pensée lisse voient même l’ombre complotiste des "réacs" dans les incompréhensions suscitées par les comportements si peu sportifs de ces amateurs de football.
Or ce refus de chercher à décrire ce qui se voit comme le nez au milieu de la figure, c’est-à-dire l’échec du "vivre-ensemble" lié à la faillite de l’assimilation, donne une fois de plus à Marine Le Pen l’occasion d’apparaître comme le seul responsable politique capable de s’indigner de ces mauvaises manières faites à la France.
Plutôt que de rejeter d’emblée sa proposition de supprimer la double-nationalité, la classe politique serait plus courageuse (on peut rêver…) si elle acceptait de reconnaître les faits dans leur brutale évidence, afin d’y apporter des réponses.
Dans L’Humanité de ce lundi, une algérienne témoigne : "C’était différent pour notre génération, on voulait se fondre alors que les enfants nés en France revendiquent le fait d’être algériens.
L’engouement pour cette équipe (de football) est aussi la traduction d’un malaise".
Ce malaise, il serait temps que les propagandistes du tout va bien l’analysent, honnêtement.
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