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jeudi 22 août 2013

Des touristes sous escorte policière à Marseille.


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    Après les faits divers qui l'ont endeuillée, la Cité phocéenne apparaît de moins en moins sûre aux yeux des vacanciers. Des Américains ont même demandé une visite sous protection.



    La scène semble à peine croyable.
     Quand on la raconte à la préfecture, elle provoque l'hilarité.
     Puis la consternation.
     Au début du mois d'août, quai du Port, à une terrasse de restaurant proche de l'Hôtel de ville, à deux pas du Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée (MuCEM), phare de Marseille-Provence 2013, arrivent cinq personnes toutes habillées pareilles entourées de policiers presque aussi nombreux.
    «Encore des touristes qui se sont fait détrousser.

    Ils doivent venir raconter comment ça s'est passé», hasarde la serveuse.
     Après les avoir servis, elle se ravise, estomaquée: «Ce n'est pas du tout ça.
     Ce sont des membres d'équipage du porte-avions américain Truman.
     Ils sont 5000 en ce moment à Marseille.
     Ils ont demandé à la police de les escorter pour visiter la ville en toute tranquillité !» Des marins qui jouent les touristes sous escorte policière? «Cela aurait été des croisiéristes, j'aurais compris.
     Mais des marins? Après le romancier Dan Brown, qui a déclaré dans la presse avoir visité Paris avec deux gardes du corps, on se dit que les Américains ont une bien piètre idée de l'image de la France», se désole un haut fonctionnaire.

    Agressions verbales

    La démarche des marins américains ne semble pourtant pas isolée.
     Tout près de la Canebière, un groupe d'estivants déambulaient les jours suivants entourés eux aussi de policiers en uniforme faisant office «d'anges gardiens».
     La demande est-elle fréquente?
     À la préfecture de Marseille, personne ne semble au courant.
     «Ce ne serait pas plus mal que des policiers encadrent les voyageurs!», lance une Marseillaise «écœurée» par les agressions verbales dont ont été victimes des Suisses qu'elle avait convaincus de découvrir le MuCEM et le fort Saint-Jean.
     «Dans le bus, le chauffeur excédé leur a demandé, à eux qui se faisaient insulter, de descendre pour retrouver la paix.
     C'est quand même un comble!», maugrée la jeune femme impliquée dans la vie culturelle de la ville et préférant garder l'anonymat.
     D'autres ne prennent pas cette précaution-là.
    Catherine Sentis, administratrice générale du MuCEM, ne feint même plus de croire en l'avenir de ce quartier du front de mer en pleine renaissance.
     Des boutiques de luxe doivent ouvrir prochainement dans les soubassements de la cathédrale de la Major, juste à côté du MuCEM.
    «Cela ne marchera pas.
     C'est un appel au vol! , s'est-elle écriée lors d'un dîner.
     Il y aura peut-être des vigiles devant les magasins.
     Mais après? Que croyez-vous qu'il arrivera aux clients fortunés une fois qu'ils regagneront leur véhicule stationné près du quartier du Panier?»
    Même Gérald Passedat, éminente toque marseillaise, qui a ouvert une table au sommet du MuCEM, ne «veut plus [se] battre» avec les responsables du parking Vinci du musée qui refusent d'ouvrir après 22 heures «pour des raisons de sécurité».
     Or, il est impossible alors d'envisager dîner au Môle Passedat après un spectacle au Théâtre de la Criée, de l'autre côté du port. Sauf à garer sa voiture dans une ruelle peu sûre…

    Avec l'«assent»

    On se croirait dans le scénario d'un «polar aïoli» de feu Jean-Claude Izzo.
    Mais la réalité dépasse la fiction.
     «Les agressions sont inévitables.
     Le luxe s'affiche beaucoup trop.
    C'est une forme de provocation. Les gens tiennent sur les nerfs», témoigne une habitante de la Pointe-Rouge, un quartier pourtant préservé.
     Dans ce contexte, les Marseillais ont bien du mal à convaincre les «estrangers» de découvrir le MuCEM dont les Marseillais sont fiers.
    Sur le parvis, il faut les entendre raconter avec l'«assent» la passion de leur ville qu'eux-mêmes redécouvrent.
    Le musée a accueilli 300.000 visiteurs, depuis son ouverture le 7 juin.
    Mais qu'adviendra-t-il quand Marseille, à la fin de l'année, ne sera plus capitale européenne de la culture?
    La Régie des transports marseillais a mis en service des navettes maritimes entre les quartiers de la Pointe-Rouge et de l'Estaque jusqu'au Vieux-Port.
     À 3 euros la traversée, les bateaux font le plein.
     Du moins l'étaient-ils jusqu'à il y a quelques jours pour l'Estaque.
     À bord, on y trouve des Marseillais, mais aussi des touristes qui évitent ainsi que leur voiture, qui n'est pas immatriculée 13, ne soit fracturée ou dégradée.

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