Jean-Pierre Marongiu, chef d’entreprise français, qui avait investi dans une société au Qatar, dit avoir été escroqué par son sponsor qatarien, qui détenait 51% du capital de son entreprise, comme le veut la loi locale.
(DR Depuis deux ans, il n’a revu ni ses enfants ni son pays, la France, et c’est un véritable appel au secours que lance aujourd’hui, depuis Doha, Jean-Pierre Marongiu, un chef d’entreprise français retenu au Qatar après avoir tenté de quitter le pays dans une rocambolesque évasion en kayak vers Bahreïn.
Et l’affaire pourrait prendre une dimension inattendue puisque son avocat envisage d’attaquer en justice les ambassades de France du Qatar et de Bahreïn qu’il accuse de ne pas avoir assuré la protection de son client.
Comme plusieurs milliers de Français, cet homme de 53 ans habitué des missions professionnelles à l’étranger avait choisi en 2005 de venir profiter de l’économie florissante de l’émirat.
Il investit dans une société de formation au management, Pro & Sys, dont, comme le veut la loi locale, son sponsor qatarien devient propriétaire de 51% du capital.
Il y a deux ans, tout dérape.
Pendant plus de quatre années, l’affaire prospère.
« Mais en 2009, j’ai reçu la visite du frère de mon sponsor, Abdallah bin Nasser bin Jassim al-Thani, qui m’a félicité pour les résultats de ma société avant de m’annoncer qu’il souhaitait la récupérer, raconte Jean-Pierre Marongiu.
Je me voyais déjà négocier la vente juteuse de l’entreprise que j’avais créée! »
Mais la discussion prend une tout autre tournure : son interlocuteur lui aurait expliqué que son sponsor voulait en fait tout simplement mettre la main sur la société et « remercier » l’entrepreneur français.
« J’étais estomaqué, en acceptant cela, je perdais tout, mon capital — 2,5 M€ investis —, ma société, mes employés…
Une escroquerie pure et simple!
Je ne savais pas à l’époque que mon associé ne faisait que ça, devenir sponsor de sociétés et, dès qu’elles marchent bien, se les approprier. »
Le Français refuse le deal.
A partir de ce moment, il y a un peu plus de deux ans, tout dérape.
« D’un seul coup, mon business s’est tari, j’ai perdu mes clients, je me suis retrouvé à taper à toutes les portes pour survivre.
Dès que j’ai pu envoyer ma famille en France, je l’ai fait.
Et j’ai commencé à envisager tous les moyens de quitter le Qatar. »
Jean-Pierre Marongiu se trouve alors confronté à une des règles les plus contraignantes de l’émirat : pour les travailleurs étrangers, pas question de quitter le pays sans un « exit visa » délivré par… le sponsor.
Le Français affirme avoir été escroqué par le sien. Ce dernier aurait vidé les comptes de la société.
Jean-Pierre se retrouve accusé d’émission de chèques en bois, un délit très grave là-bas, passible de dix ans de prison. Aucune chance d’obtenir dans cette situation le « bon de sortie ».
Une tentative d'évasion qui tourne au fiasco
Une seule solution pour lui, quitter l’émirat clandestinement.
Et c’est l’incroyable aventure. « Je suis entré en contact avec des pseudo-mercenaires, ils devaient venir avec un yacht au large du Sheraton de Doha et je m’apprêtais à les rejoindre à la nage… Ils ne sont jamais venus. Et puis un jour j’ai trouvé quelqu’un qui m’a conseillé d’essayer le kayak. »
En pleine nuit, accompagné d’un « ami » pour l’aider à ramer, Jean-Pierre embarque sur le canoë. « Nous espérions rejoindre une île de l’émirat voisin de Bahreïn qui n’est qu’à 5 km des côtes du Qatar. Mais il y avait plein de garde-côtes, nous avons décidé de continuer vers Bahreïn cinquante kilomètres plus loin. »
D’après le récit du Français, l’évasion tourne à la déroute.
« Nos réserves d’eau se sont taries, les vagues ont fracassé le kayak, nous étions à la dérive, nous avons cru mourir vingt fois. »
Finalement, un bateau de pêcheurs les recueille et les débarque à Bahreïn. Sur place, Jean-Pierre Marongiu compte sur la protection de la France.
Mais l’ambassade lui refuse les documents nécessaires pour rentrer en France. Et il se retrouve aux mains de la police de Bahreïn qui le remet aux Qatariens.
Retour à Doha où il est immédiatement emprisonné, condamné à six mois pour avoir « quitté illégalement le pays ».
Libéré après une grève de la faim, il attend maintenant l’autre jugement lié à l’affaire d’escroquerie et risque dix ans de prison.
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