François Hollande décidera "dans les prochains jours" de l’action à mener contre le régime syrien, accusé - sans preuve puisque les experts n’ont pas encore rendu leurs conclusions - d’avoir utilisé illégalement des armes chimiques contre les rebelles.
S’il est une erreur qui peut être encore évitée, c’est d’intervenir militairement dans ce conflit opaque, où se mêlent dans un même combat contre Assad la coalition nationale syrienne et les djihadistes partisans de l’épuration religieuse, et singulièrement des chrétiens.
Paris à tout à perdre à soutenir un camp contre l’autre : personne n’est capable d’assurer aujourd’hui que la démocratie, évidemment souhaitée, s’installera à Damas. Il est même permis de redouter l’issue inverse, qui verrait les islamistes, chassés d’Egypte par le peuple, prendre le pouvoir en Syrie grâce aux Américains et à ses martiaux alliés.
L’Occident s’est toujours trompé dans ses analyses et ses alliances politiques.
Il en serait de même avec des frappes américaines, même limitées à quelques jours.
Il est irresponsable de vouloir jouer avec des allumettes dans une région inflammable, et de relancer une guerre dans un pays endeuillé par plus de 100.000 morts.
Le risque d’un conflit mondial, mobilisant la Russie, la Chine et l’Iran contre les partisans d’une intervention, est une hypothèse qui, à elle seule, oblige à une élémentaire prudence.
D’ailleurs, le chef de l’Etat a admis, mardi, que "cette guerre civile (en Syrie) menace la paix du monde". Oui, il est urgent de ne rien faire car, malheureusement, il est trop tard.
La tentation est évidemment grande pour Hollande de feindre à nouveau, aux yeux du monde, la fermeté et le courage - déjà mis en scène avec un incontestable succès au Mali – afin de tenter de faire oublier ses hésitations et ses prudences qui irritent les Français.
"La France est prête à punir", a-t-il grondé, en employant pour l’occasion un verbe qu’il s’interdit dans ses discours intérieurs, construits tout au contraire sur la recherche de l’"apaisement" et le rejet des affrontements.
Reste que l’intervention malienne n’a eu aucun effet sur sa popularité en berne.
Et la situation de la France est suffisamment inquiétante pour mobiliser à temps plein un président qui n’est pas à la hauteur de ses responsabilités.
S’il y a une urgence à apporter des réponses, à envoyer des signaux, à montrer ses muscles, à faire respecter les grands principes, ce n’est pas en Syrie.
Ce conflit appartient au monde musulman, qui s’entre-déchire entre chiites et sunnites.
L’Occident a tout intérêt à s’en retirer, sur la pointe des pieds.
D’ailleurs, l’opinion publique américaine le réclame à Barack Obama.
Il est probable que l’opinion européenne partage cette même sagesse.
Et vous, qu’en pensez-vous ?
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