Pas question de laisser le champ libre à Manuel Valls.

Alors que le ministre de l'Intérieur, continuant sur la lancée de son activisme estival, avait annoncé tôt mardi matin, au micro de Jean-Jacques Bourdin, son départ pour Marseille au lendemain d'un nouveau règlement de comptes mortel, Jean-Marc Ayrault s'est empressé de lui emboîter le pas.

 Et de le doubler. En fin de matinée, un communiqué préparé en quatrième vitesse par Matignon annonçait le déplacement du Premier ministre dans la cité phocéenne. Le texte ne mentionnait même pas la présence du locataire de la place Beauvau.

Ce n'est qu'un peu plus tard, par un tweet, que les services du chef du gouvernement ont précisé qu'il serait accompagné de... cinq ministres (Christine Taubira, Marysol Touraine, Cécile Duflot et la Marseillaise Marie-Arlette Carlotti ont également embarqué pour le voyage). Manuel Valls, qui a multiplié les déplacements dans la deuxième ville de France ces derniers mois - il s'y était encore rendu mercredi dernier -, s'est ainsi cette fois retrouvé relégué au second plan.

Ayrault fait les annonces

C'est en effet bien Jean-Marc Ayrault qui est apparu en première ligne face aux caméras, à la sortie d'une visite dans l'hôpital de la Conception, pour marteler la "détermination" du gouvernement pour faire reculer la violence" à Marseille.

 C'est aussi lui qui a tenu, seul au micro, une conférence de presse pour faire le point sur les actions menées depuis un an dans la ville. Alors que sur BFM TV, Manuel Valls avait prévenu qu'il annoncerait dans l'après-midi des moyens locaux "supplémentaires", son supérieur lui a grillé la politesse en faisant lui-même savoir que 24 policiers allaient venir renforcer la police judiciaire, et qu'une nouvelle compagnie de CRS arriverait dès mercredi à Marseille.

Cette manifestation d'autorité intervient alors que le très populaire ministre de l'Intérieur, qui a agacé à gauche en se déployant sur tous les fronts cet été, est à nouveau au centre d'un début de polémique après la publication, dans Le Parisien et Libération, de propos chocs qu'il aurait tenus sur la politique migratoire.

Alors que les deux quotidiens avaient recueilli les commentaires acides mais anonymes de plusieurs ministres, celui de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, a assuré mardi qu'il n'y avait "pas de problème Manuel Valls" au gouvernement. Jean-Marc Ayrault semble en tout cas prêt à le circonscrire.