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mercredi 29 janvier 2025

Élias : fachosphère, portable, mère isolée… la culture de l’excuse en liberté

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L’affaire est glaçante. Elle fait le tour de la sphère médiatique. 

Le vendredi 24 janvier, un jeune homme de 14 ans, prénommé Élias, a perdu la vie. Pour avoir refusé de se faire voler son téléphone portable, il a été mortellement poignardé par deux adolescents de 16 et 17 ans.

Tous les journaux, toutes les radios, toutes les télévisions en parlent. Beaucoup d'intervenants sont invités à commenter les faits. Certains ont une lecture bien à eux.

À commencer par Laurent Nuñez. Sur le plateau de BFM TV, le préfet de police de Paris revient sur le profil des présumés assassins. Il explique qu'ils « étaient déjà connus » et que, de fait, ses services ont pu faire rapidement des rapprochements et « les interpeller très vite ». Le pire est à venir. Laurent Nuñez ajoute : « Les sites de la fachosphère s'excitent en disant qu’ils étaient connus… » Évidemment ! Le préfet n’a rien à se reprocher, la Justice de ce pays non plus. Tous les maux de la société viennent d’une prétendue fachosphère qui s’étonne de voir que ces deux individus identifiés comme dangereux n’aient pas été neutralisés ou encore qu’ils aient pu faire fi de leurs contrôles judiciaires sans que personne ne s’en inquiète. L’art de déplacer le problème.

Inversion de la culpabilité

Outre Laurent Nuñez, Le Monde s’est aussi illustré. Le quotidien du soir a titré : « Un adolescent de 14 ans tué à Paris pour avoir refusé de se faire prendre son téléphone, deux suspects mineurs en garde à vue ». Faut-il comprendre qu’Élias a été assassiné parce qu’il a eu l'outrecuidance de s’opposer à ses agresseurs et, donc, que les torts lui reviennent ? La manière est différente, le dessein est le même : déplacer le problème. Pire, d’une certaine manière : Le Monde inverse la culpabilité.

Même procédé sur le plateau de BFM TV (encore), ce lundi 27 janvier, dans l’émission Perrine jusqu’à minuit. Alors que Philippe-Henry Honegger, avocat pénaliste au barreau de Paris, défend l’idée que mettre des jeunes « en prison dans des conditions indignes, c’est multiplier les chances qu’ils recommencent », Julien Odoul, député du Rassemblement national, le reprend en lui disant que « cette idéologie gauchiste est périmée ». L’élu poursuit : « Quand on a cette capacité à tuer froidement un jeune pour un téléphone portable, vous croyez qu’on va être impressionné par un éducateur ? » L'avocat va commencer à minimiser les faits, presque à leur trouver une justification. Tout d’abord en affirmant : « Vous ne savez pas comment ça s’est passé », puis en déclarant ne pas pouvoir dire : « Ils l’ont tué froidement. » En prononçant ces mots, il laisse entendre qu’il aurait pu y avoir un différend, une rixe, ou que les torts pourraient être partagés.

Circonstances atténuantes

Jusqu’à présent, aucun des éléments dévoilés de l’enquête ne va dans ce sens mais, sous couvert de ne pas connaître tous les éléments du dossier, certains tentent de faire entendre une chanson différente, de livrer un récit plus au service de leur idéologie. À ce jeu-là, Driss Aït Youssef, docteur en droit public et spécialiste des questions de sécurité globale, et Évelyne Sire-Marin, magistrate honoraire et membre de la Ligue des droits de l’homme, n’ont pas leur pareil. Ils étaient tous les deux invités sur le plateau de C à vous, ce lundi 27 janvier, et n’ont pas fait dans la dentelle. Le premier est l’auteur d’une tirade lunaire : « Les parents ont quelquefois tendance à considérer la voie publique comme une jungle. Donc, on donne un téléphone portable pour rester en contact, pour que l’enfant rassure, pour le protéger, et les parents se rendent compte que, finalement, l’objet qu’on confie à l'enfant est probablement plus dangereux que la rue elle-même. » Plus c’est gros, plus ça passe ! Maintenant, les fautifs sont les parents d'Élias !

Sur la Cinq, tout le monde approuve l’analyse avant d’écouter religieusement l’ancienne juge pour enfin expliquer que si les adolescents deviennent des délinquants et des criminels, c’est en partie à cause de leur situation familiale : « Souvent, ce sont des mères isolées, seules, ce n'est pas toujours facile d'exercer une autorité parentale. » La boucle est bouclée.

Quand il s’agit d’Élias, ses parents sont coupables de lui avoir offert un téléphone portable. En revanche, pour les délinquants, les parents ne peuvent pas grand-chose car peut-être qu'il n'y a qu'une maman seule et démunie (ce qui n'a jamais été évoqué dans cette affaire). Les mères célibataires sont stigmatisées. Les pères absents pointés du doigt. Quant aux pauvres petits chéris, ils n’ont peut-être pas eu la chance de vivre dans un foyer aimant et sécurisant, donc ils ont tué Élias. Finalement, tout s’explique !

Grâce aux médias bien-pensants, le commun des mortels peut facilement comprendre que Léo et John, les prénoms de substitution donnés aux meurtriers présumés par Le Figaro, avaient des circonstances atténuantes. Crépol, bis repetita.

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