Connaissez-vous Vincent Van Quickenborne ? Non ?
C’est bien dommage, car cet homme, dont le nom sonne indubitablement belge, est le ministre de la Justice de son pays.
Il est, ou plutôt il était, car monsieur Van Quickenborne a remis sa démission au roi, vendredi 19 octobre, soit quatre jours après qu’un terroriste musulman, aux cris de « Allahu Akbar » (ce chant de paix entendu place de la République, il y a quelques jours), eut abattu deux Suédois qui n’avaient commis pour tout crime que d’aller encourager leur équipe de football au stade de Bruxelles.
Le ministre démissionnaire dit avoir appris, vendredi matin, qu’en août 2022, la Tunisie, le pays d’origine de l’assassin, avait demandé l’extradition de celui-ci au parquet de Bruxelles, qui n’avait pas traité le dossier. « C'est une faute individuelle, monumentale, une faute inacceptable, aux conséquences dramatiques », a conclu le ministre, qui a clos sa prise de parole par des propos surprenants, que l’on n’a plus guère l’occasion de voir en 2023 : « Je ne cherche aucune excuse. J'estime qu'il est de mon devoir de le faire. Cette nouvelle information, venant du parquet, me touche en plein cœur, car j'ai fait tout mon possible pour améliorer notre Justice. » Voilà qui rappelle une vertu aujourd’hui largement sous-estimée et, pour être tout à fait sincère, une vertu que l’on croyait totalement disparue du paysage politique : l’honneur.
En France, pays de l'honneur, paraît-il, les choses sont bien différentes. Prenez Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, ou encore Éric Dupont-Moretti, ministre de la Justice. On ne peut pas dire que leur bilan soit des plus glorieux : criminalité, lutte contre l’immigration illégale, expulsion de clandestins, surveillance des frontières ou encore… assassinats islamistes. Déjà en poste au moment de la décapitation de Samuel Paty, Darmanin avait donné des coups de menton en direction des quatre points cardinaux - avec la plus grande de toutes les fermetés, ça va de soi. Il avait également (vous en souvenez-vous ?) promis d’exercer une pression importante sur les pays du Maghreb, excellents pourvoyeurs de clandestins. Et puis, comme d’habitude, rien ne s’était vraiment passé.
Ce qui est invraisemblable, en France, dans ce pays qui regarde souvent avec condescendance son voisin belge, c’est que notre classe politique semble avoir perdu jusqu’à l’idée de l’honneur, et même de notions un peu moins médiévales comme celles du respect de ses engagements et de la parole donnée. Viendrait-il à l'idée d'un de nos ministres en situation d'échec de démissionner ? Du tout ! Prenez Darmanin : ses ambitions, que l’on dit présidentielles et qu’il se garde bien de démentir, lui interdisent la décence, fût-elle la plus élémentaire. Non, ce que continue à faire Gérald Darmanin, c’est ce qu’il sait faire le mieux : jouer le rôle du teigneux qui aime la police, à mi-chemin entre Sarkozy et Valls ; en appeler à la République et à ses valeurs que personne ne connaît.
La Belgique s’est, paraît-il, proclamée indépendante aux cris de « Faisons comme les Français ! » Peut-être faudrait-il qu’à leur tour, nos ministres fassent la même chose que le ministre de la Justice belge : prendre la pleine mesure de ce qui n’a pas marché et en assumer la responsabilité, seul, parce que c’est ce que font les chefs.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.