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samedi 19 août 2023

Pap Ndiaye ambassadeur : ça passe mal chez les diplomates. Ah bon ?


 
 

« Ils n'ont pas honte », titre Marianne, reprenant les propos d'un diplomate français, que l'on devine quelque peu agacé, qui réagissait à la nomination de Pap Ndiaye comme ambassadeur de France au Conseil de l'Europe.

 Évidemment qu'ils n'ont pas honte, les politiciens macronistes, et leur chef moins que les autres. Cette nomination éminemment politique, appuyée sur le recasage et le copinage bien plus que sur la compétence, ne surprendra que les naïfs. 

Dès l'entre-deux-tours de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron avait mis en extinction, par décret, les grands corps des conseillers des affaires étrangères et des ministres plénipotentiaires, laissant à l'entière discrétion du pouvoir politique la nomination des ambassadeurs. Il rompait en cela avec la tradition française, qui formait des élites diplomatiques que le monde entier, pour une fois, nous enviait. La France possède le deuxième réseau d'ambassades du monde : il faut bien que tout le monde puisse en profiter.

Avec un humour teinté d'amertume, le diplomate interrogé par Marianne ajoute qu' « il faut bien payer l'École Alsacienne (école privée parisienne où sont scolarisés les enfants de l'ancien ministre, NDLR) ». Est-ce l'une des raisons de cette nomination, avec le fait de pouvoir, selon la même source, « rester à Paris » en occupant ce poste ? Allez savoir... Pap Ndiaye et son entourage arguent de la compétence de l'ancien ministre en matière de lutte contre le racisme et de connaissance de l'histoire sociale de l'Amérique. Cela n'a rien de rassurant, mais c'est au moins intéressant de voir que ces combats sont censés faire partie de la fiche de poste d'un ambassadeur au Conseil de l'Europe. « Résignation et lassitude » sont donc palpables du côté des diplomates, qui savent bien que leur formation exigeante et les années qu'ils ont passées à l'étranger pour se former aux subtilités de leur métier ne valent pas grand-chose s'il y a un copain à recaser dans le coin.

Plus encore, tout se passe comme si Emmanuel Macron ne voulait pas seulement, comme n'importe quel chef pensant que tout est permis, donner des prébendes à ses amis sans se soucier de leur adéquation au poste. On a le sentiment qu'il y a chez lui une volonté d'humilier les grands serviteurs de l'État. Il a commencé avec les armées, en provoquant le départ du général de Villiers. Il a poursuivi avec l'ENA, dont il sort, et dont il a souhaité la transformation en INSP pour donner des gages, pensait-il, aux gilets jaunes, qu'il prenait, avec la myopie de sa caste, pour des sans-culottes envieux des élites. Et puis vint le tour des diplomates, dont la nomination de Pap Ndiaye n'est qu'une des modalités symboliques - une anecdote, presque.

Vers la chute ?

Notre époque fait décidément penser à Rome. Il y eut, à la fin de l'Empire, l'édit de Caracalla (212), qui « régularisa massivement » comme citoyens romains des sujets qui, auparavant, devaient mériter leur naturalisation. C'était la fin de la fierté du civis romanus, un titre que l'on n'avait plus à conquérir et qui cessait, au même moment, d'être digne de respect. Il y eut Héliogabale (empereur de 218 à 222), qui se "maria" avec des hommes, demanda à être appelé "elle" et souhaita être mutilé pour avoir les deux sexes. Il y eut la délégation de la garde du "limes", les frontières de l'Empire, à des bandes de barbares, entérinant la démission de l'Etat et la création de zones de non-droit. Mais, bien avant tout cela, il y eut le troisième des douze Césars immortalisés par l'oeuvre de Suétone : Caligula (empereur de 37 à 41). Successeur du vieux Tibère, ce petit homme irrationnel, cruel, violent, prenait un plaisir particulier à humilier la vieille aristocratie (l'ordre équestre de Rome) et les sénateurs, qui venaient de familles patriciennes formées à l'exercice du pouvoir. Parmi d'autres délires, Caligula, pour montrer qu'il faisait ce qu'il voulait, imagina un jour de nommer consul son cheval Incitatus, qu'il avait déjà fait faire une mangeoire en marbre et une housse de pourpre. Il paraît que ce fait du prince précipita son assassinat par les soldats de sa garde.

Pap Ndiaye est évidemment un universitaire de renom et n'a rien à voir avec Incitatus, mais sa nomination, aux yeux du Quai d'Orsay, qui s'y connaît, n'en semble pas plus légitime. Chose amusante, Caligula parvint au pouvoir, selon certaines sources avec la complicité d'un préfet du prétoire, un homme retors et violent, qui accepta d'être fait cocu par Caligula en espérant en tirer un profit personnel. On attribuait à ce préfet la mort par étouffement de l'empereur Tibère ainsi que la persécution des chevaliers et des sénateurs romains. Ce préfet arriviste et méprisable s'appelait Naevius Sutorius Macro - en français, Macron Quand on pense que l'histoire antique n'est plus enseignée par l'Éducation nationale... C'est peut-être à cela que Gabriel Attal devrait s'atteler.

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