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mardi 22 août 2023

Au cœur de Paris, les camps de migrants se rapprochent du pouvoir…


 

Marie Delarue 21 août 2023

Alors que les services de la mairie de Paris sondent la Seine pour savoir si elle sera enfin baignable l’été prochain et que s’approche la grande fête du rugby (le 8 septembre), voilà trois semaines qu’un nouveau camp de migrants s’est installé, place de l’Hôtel-de-Ville. 

Exactement entre la rue de Rivoli et l’avenue Victoria.

Ils sont une cinquantaine, à la sortie du métro, couchés sur des cartons au milieu de leurs détritus. Le temps est clément, la chaleur étouffante. Alors, l’association qui les cornaque n’a pas jugé utile, cette fois, de les mettre sous tente. Le Parisien s’écarte, passe au large… il s’est habitué à l’inhumanité engendrée par la lâcheté de ceux qui nous gouvernent.

Le Figaro est allé voir ce campement qui ne semble perturber que les riverains et les touristes. Il y a là essentiellement des femmes et des enfants arrivés d’Afrique par la Méditerranée. Ainsi Mme Koulibaly, débarquée de Côte d’Ivoire, comme sa voisine de carton Mme Kone. « On n'a pas de logement, dit la première au Figaro. Quand on appelle le 115, ils disent qu'il n’y a pas de place. Alors on reste là, ou parfois on va à la gare du Nord. Quand il pleut on va en bas, dans le métro, sinon on reste là. » La seconde, arrivée voilà quinze jours via la Tunisie, est plus directe : « On n’était pas au courant que c'était compliqué (sic). On a vu la réalité. On est venu en France parce que ça va pas en Afrique. Si ça allait, pourquoi on aurait traversé la mer et risqué notre vie comme ça ? Je ne regrette pas d’être venue. Mais on veut un logement. »


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Bien sûr. Et les allocations qui vont avec, et la Sécu, et les soins pour la famille, et l’école pour les enfants, les transports gratuits et la retraite au soleil… C’est l'association Utopia 56 qui les a installés là, une « association humanitaire, de mobilisation citoyenne et de défense des droits des personnes en situation d'exil et de migration ». Depuis le temps qu’elle installe les camps de migrants, on les voit se rapprocher du périphérique nord vers le cœur de la capitale.

On ne recense même plus les évacuations, aussi nombreuses qu’inopérantes. Qu’on en juge par ce petit retour en arrière :

17 décembre 2018 : 200 migrants tentent d’entrer à la Comédie-Française, place Colette.
31 janvier 2019 : 300 migrants sont évacués d’un camp, porte de la Chapelle.
28 août 2019 : 157 migrants sont évacués du parc de la Villette.
28 novembre 2019 : plus de 500 migrants sont évacués d’un camp dans le nord-est de la capitale.
28 janvier 2020 : plus de 1.400 personnes sont évacuées d’un camp, porte d’Aubervilliers.
24 novembre 2020 : plusieurs centaines de migrants sont installés sous tente, place de la République.
24 juin 2021 : plus de 250 tentes sont installées sur le parvis de l’hôtel de ville.
28 septembre 2022 : évacuation d’un campement occupé par 354 migrants, près du canal de l'Ourcq. C’est « le quinzième démantèlement de l’année », dit la préfecture de police. Un mois plus tard, en octobre 2022, le collectif « La Chapelle Debout » organise l’invasion de l’hôtel de ville de Paris.
17 novembre 2022, on recommence : 956 personnes sont évacuées d'un camp installé entre les stations de métro La Chapelle et Barbès à Paris.
16 décembre 2022 : plus de 700 réfugiés de nouveau évacués d'un campement de La Chapelle à Paris.
Dans la nuit du 20 au 21 juin 2023, la police évacue les « mineurs isolés » installés dans un camp de fortune devant le Conseil d'État.

On le voit, les camps s’approchent toujours un peu plus du cœur du pouvoir et de ses institutions. Jusqu'où ?

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