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vendredi 25 août 2023

Des sans-papiers, employés bénévoles, en grève chez Emmaüs. Cherchez l’erreur…


Marie Delarue 24 août 2023

« Y a des jours… », disait l’abbé Pierre. Y a des jours, en effet… Après l’Emmaüs de Saint-André, dans le Nord, dont les bénévoles sans-papiers sont à l’arrêt depuis le début de l’été, c’est son voisin de Grande-Synthe qui est touché par une grève illimitée.

Ici, le Français de base – comprenez le « beauf » pointé par les élites du PS – se tirebouchonne le cerveau : comment des sans-papiers peuvent-ils être en grève ? Contre qui, contre quoi, pour qui, pourquoi ? Simple comme l’exploitation de l’homme par l’homme, disent-ils.

40 heures par semaine pour 150 euros par mois

Après leurs compagnons de Saint-André-lez-Lille, en grève depuis début juillet, ceux de Grande-Synthe protestent ainsi contre leurs conditions de travail indignes et les promesses de régularisation (après trois à cinq ans de bénévolat) qui leur ont été faites mais pas tenues. C’est que, là-haut, les compagnons sont tous du même profil : immigrés illégaux. Ils reprochent donc à la direction d’Emmaüs de les exploiter bassement en leur faisant miroiter un avenir radieux qui n’arrive pas. Des promesses de régularisation réfutées par Pierre Duponchel, président de la Halte Saint-Jean dans Le Parisien : « On n’a jamais promis quoi que ce soit et on n’a certainement pas dit : "Vous venez ici et, dans trois ans, vous serez régularisés". »

Parvenus jusqu’à l’eldorado européen, ces gens disent être tombés tout bonnement dans un piège. La direction locale d’Emmaüs les contraindrait ainsi à travailler 40 heures par semaine pour 150 euros par mois. À quoi il faut quand même, au titre des avantages en nature, ajouter l’hébergement et la nourriture. Qu’importe, c’est de l’« esclavagisme », dénonçait à France 3 Nord Pas-de-Calais un compagnon de Saint-André : « L’esclavage est un gros mot que l’on ne doit pas prononcer, mais malheureusement, dans nos situations, on est vraiment des esclaves. »

Une Nigériane de 26 ans affirme même avoir été contrainte de travailler jusqu’au moment de son accouchement : « J’ai travaillé toute la journée jusqu’à 17 heures, je suis rentrée à la maison, j’ai fait ma valise et à 23 heures je suis partie à l’hôpital pour accoucher », dit-elle, mettant en cause, comme ses compagnons d’infortune, la politique managériale de la directrice du centre. C’est pourquoi le parquet de Lille a ouvert, en mai dernier, une enquête préliminaire pour « traite d’êtres humains » et « travail dissimulé ».

Emmaüs : 70 millions d’euros de subventions

Au total, ils sont une soixantaine de compagnons, pour certains dans la communauté depuis cinq ans, qui annoncent vouloir porter plainte contre la direction d’Emmaüs… laquelle nie fermement cet état de fait. Dans un communiqué publié mi-juillet et repris par Le Parisien, elle expliquait que « les membres de la communauté sont logés et doivent, en échange, participer à des "activités solidaires non contraignantes" », lesquelles « ont pour but de contribuer à l’équilibre économique de la communauté, à son entretien, comme cela se pratique dans toutes les communautés Emmaüs »… À quoi les « esclaves » répondent qu’on leur réclame d’augmenter le chiffre d’affaires.

Emmaüs accuse, au passage, la CGT d’avoir récupéré le mouvement. On rigole. Si l’on avait mauvais esprit, on pourrait même dire que les loups se dévorent entre eux. Car Clémence de Longraye l’écrivait ici, le 24 juillet dernier : « Emmaüs est une association pro-migrants aux frais du contribuable ». À l’instar de la CGT qui prétend venir en aide à toutes les personnes « poussé.e.s à l'exil par une économie capitaliste prédatrice et mondialisée », Emmaüs plaide pour « l’accueil inconditionnel (sic) de tous les exilés ». Et toutes deux biberonnent aux fonds publics.

En 2021, Emmaüs a reçu environ 70 millions d’euros de subventions (État et collectivités) et bénéficie d’une défiscalisation des dons à hauteur de 75 %. Quant à la CGT, financée seulement à hauteur de 34 % par les cotisations de ses adhérents, elle a touché en 2022 une subvention d’État de 32,6 millions d’euros en plus de la contribution de 0,016 % prélevée sur la masse salariale, soit 102,2 millions d'euros. Faut-il rappeler qu’Emmaüs comme la CGT sont de farouches ennemis de Marine Le Pen et du RN qui dénoncent depuis toujours l’exploitation des migrants, corollaire de la chienlit migratoire ?

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